Critique : "L'Interlope (Cabaret)" au Studio-Théâtre de la Comédie Française

Temps de lecture approx. 4 min.

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La Comédie-Française s’encanaille ! Avec L’Interlope, revue musicale empruntant au genre du cabaret transformiste, la respectable institution ose pour la première fois de son histoire les plumes et les paillettes. Un spectacle élégant qui propose une version érudite des spectacles travestis d’entre-deux-guerres, et une lecture intellectuelle de la place de l’homosexualité dans la chanson.
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« Interlope » :  durant les Années Folles et la Grande Dépression, c’est par ce terme qu’on désignait le milieu peu recommandable des hommes et des femmes homosexuels. Un milieu clandestin dans lequel apparaît une subculture effervescente, sur la scène des bals et des cabarets, et qui va donner naissance à d’innombrables chansons humoristiques ou tendres abondant de sous-entendus.
Serge Bagdassarian s’est donc attelé, à l’invitation d’Éric Ruf (Administrateur général de la Comédie-Française), à la création d’un spectacle de cabaret dans la pure tradition du genre, afin d’explorer un pan particulier des chansons homosexuelles.
Sur scène, une patronne de cabaret garçonne et trois générations d’hommes aux amours non conventionnelles nous donnent à (re)découvrir une certaine vision de l’homosexualité dans la chanson, la poésie ou l’opéra.
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Le cabaret et ses loges
La pièce s’ouvre sur les coulisses du cabaret, dans lesquelles on découvre les quatre protagonistes.
Michel Favory incarne la voix du passé, celle de l’homme qui fut et qui tente de dresser le bilan de ses amours.
L’auteur campe quant à lui Camille, un transformiste un peu amer coincé entre deux âges et deux époques.
Benjamin Lavernhe interprète le jeune homme fougueux porteur d’une belle arrogance, pour qui les étiquettes quant à son orientation sexuelle n’ont que peu d’intérêt.
Les voix et le jeu des comédiens flirtent évidemment avec l’excellence, et l’on est particulièrement touchés par le génie avec lequel Serge Bagdassarian interprète son rôle, tout en gestuelle délicate et cynisme cinglant.
Véronique Vella, en figure maternelle et paternelle qui tente de faire cohabiter dans l’harmonie cette faune chicanière, est elle aussi tout particulièrement convaincante dans ses postures viriles et son interprétation du répertoire lesbien.
Hélas, la tentative de nous présenter l’envers du décor, si elle dessine avec beaucoup d’intelligence la personnalité et l’expérience de ces quatre individus, reste une esquisse inaboutie qui laisse trop vite la place à la revue chantée, sans plus jamais s’intéresser aux interactions entre les personnages.
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Un passage en revue intello
On se résout donc à les suivre de numéro en numéro, d’air en air, en regrettant que leurs prestations n’offrent pas le loisir de poursuivre notre découverte de leurs émotions.
De Shakespeare à Jean Genet, en passant par Maurice Ravel, Straus, Kurt Weil, Juliette, ou Apollinaire, le verbe est élégant et la musique essentiellement jazzy et cabaret, voire même orientalisante. Benoît Urbain signe la musique originale de trois poèmes.
On se réjouit de la version coquinement revisitée du célèbre « Avoir un bon copain », ôde à l’amitié virile qui revêt des atours ambigus quand l’interprétation se fait lascive.
Pourtant, hormis de rares exceptions, le choix du répertoire détonne avec le postulat de base. Ce cabaret interlope se veut intellectuel, littéraire, voire dramatique. On est à la Comédie-Française, d’une part, et le metteur en scène admet en outre avoir en horreur le répertoire grivois de l’époque, dont il exècre les clichés ironiques et parfois méchants. Il lui reproche une vision détestable de l’homosexualité et sa clandestinité, sans reconnaître que de tous temps, gays et lesbiennes se sont joué des insultes et des préjugés en se les réappropriant pour mieux les démolir.
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En choisissant des textes qui touchent pour la plupart au caractère oppressif de la période et une approche grave de son thème, Serge Bagdassarian offre malgré lui une autre vision stéréotypée des homos et des lesbiennes : celle d’une existence dans laquelle il serait difficile de s’épanouir et d’être respecté pour ce que l’on est. C’était peut-être vrai dans les années 1920 à 1940, mais il eut été plaisant d’offrir un brin de légèreté supplémentaire au spectacle. En dépréciant des chansons égrillardes comme « La Tapette en Bois » ou « Le Trou de mon quai », l’auteur s’en prend à une grande partie de la subculture interlope, plutôt que de lui rendre hommage comme le fit admirablement le Chantons dans le Placard de Michel Heim.
Certes, le public s’amuse follement de voir les sociétaires et pensionnaires de la célèbre troupe revêtir les atours du sexe opposé et se jouer des codes de genre. Mais l’humour, qu’on s’attend à retrouver comme fil rouge du cabaret, n’y intervient que par touches : c’est l’émotion et l’introspection qui forment la colonne vertébrale, parfois un peu plombante, de cette revue.
Un cabaret bien sage, qui ose néanmoins entraîner la Comédie-Française et son public dans un univers inattendu.
Crédit photos : Brigitte Enguerand


L’Interlope (Cabaret)

Du 17 septembre 2016 au 30 octobre, au Studio-Théâtre de la Comédie Française
Galerie du Carrousel du Louvre, 99 rue de Rivoli, 75001 Paris
Du mercredi au dimanche à 18h30

Conception et mise en scène : Serge Bagdassarian. Musiques originales, direction et arrangements musicaux : Benoît Urbain. Scénographie et lumières : Éric Dumas. Costumes : Siegrid Petit-Imbert. Maquillages et coiffures : Véronique Soulier-Nguyen.
Avec : Véronique Vella, Michel Favory, Serge Bagdassarian, Benjamin Lavernhe. Piano : Benoît Urbain ou Thierry Boulanger. Contrebasse : Oliver Moret.
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