Critique : "The Sound of Music" au Théâtre du Châtelet

Temps de lecture approx. 5 min.

Peu d’œuvres dans le répertoire américain ont su conserver intacte, 50 ans après leur création, la force intergénérationnelle qui les caractérise.
The Sound of Music (La Mélodie du Bonheur) allait être, à son ouverture à Broadway, le dernier musical du tandem Rodgers et Hammerstein. Il fut également probablement leur chef-d’œuvre le plus reconnu et le plus abouti.

Par bonheur, le Théâtre du Châtelet nous permet cette saison de découvrir une création de The Sound of Music, un demi siècle après sa première new-yorkaise. C’est Emilio Sagi qui a été appelé pour la mise en scène : on doit à cet artiste Espagnol nombre de zarzuelas, d’opéras et d’opérettes. Il avait notamment signé l’adaptation du Chanteur de Mexico au Théâtre du Châtelet en 2006/2007.

Un classique merveilleusement modernisé

Sans trop s’éloigner de l’esprit original de la pièce, Sagi nous livre pourtant une interprétation résolument moderne de ce conte intemporel. De manière très épurée, voire aérienne, les tableaux se succèdent lentement, avec beaucoup de grâce et peu d’artifices. Le talent et le rythme de l’écriture de la pièce et de sa musique sont admirablement mis en avant. Avec un regard totalement neuf, on ne peut s’empêcher de redécouvrir avec un plaisir d’enfant l’histoire de Maria et des von Trapp ainsi que les chansons, le plus souvent très connues et quasiment enfouies dans l’inconscient collectif ("The Sound of Music", "My Favorite Things", "Do Re Mi", etc.) qui parsèment le récit.

Sylvia Schwartz, une chanteuse au parcours lyrique, est tout simplement formidable de justesse et de fraîcheur dans le personnage principal de Maria. Le duo de photographes Pierre et Gilles rendent d’ailleurs un hommage appuyé à la chanteuse sur l’affiche du spectacle. Dans le reste de la distribution, Kim Criswell et Rod Gilfry, respectivement dans les rôles de la Mère Supérieure et du Capitaine Georg von Trapp, sont particulièrement touchants lors de leur solo : "Climb Ev’ry Moutain" qui clôt les deux actes, et "Edelweiss", sont parmi les moments les plus émouvants du spectacle. Les 7 enfants délivrent quant à eux une dose incroyable de tendresse qui fera fondre le public.


Une œuvre pas si simple à appréhender malgré ses mélodies

Sous ses airs sucrés et bon enfant, The Sound of Music, qui confirme ici sa place dans le panthéon des musicals américains de référence, n’est cependant pas une œuvre si aisée à appréhender. Présentée dans une version tendant vers le lyrisme, elle pourra rebuter le spectateur hermétique à cette forme d’expression très classique qui n’est pourtant pas très différente des interprétations originelles.

Par ailleurs, et ce n’est nullement un reproche, on pourra trouver que cette réinterprétation est très européenne. En effet, histoire et personnages y sont quelque peu intellectualisés. Une fois l’émotion et le premier degrés dépassés, l’œuvre prend une nouvelle profondeur. Encore une fois, on est plus proche de la noblesse et du sérieux d’un opéra que d’un show scintillant et délirant à la Broadway tel qu’on pourrait l’imaginer.

Élevé au rang de classique américain des années 50, The Sound of Music connaît donc une seconde jeunesse au Théâtre du Châtelet. Émotion, technique, profondeur et justesse, tous les ingrédients sont réunis pour faire de cette production le réel succès des fêtes cette année.


The Sound Of Music – La Mélodie du Bonheur

Du 6 décembre 2009 au 3 janvier 2010 au Théâtre du Châtelet

Direction musicale : Kevin Farrell, Mise en scène : Emilio Sagi, Décor : Daniel Bianco, Chorégraphie : Sarah Miles, Costumes : Jesús Ruiz, Lumières : Caetano Vilela.

Avec, Sylvia Schwartz, Julie Fuchs et Christine Arand en alternance pour le rôle de Maria Rainer, Rod Gilfry (Captain Georg von Trapp), Kim Criswell (Mother Abbess), Christine Arand (The Baronessa Elsa Schraeder), Laurent Alvaro (Max Detweiler), James McOran-Campbell (Rolf Gruber), Carin Gilfry (Liesl Von Trapp)

Musique : Richard Rodgers
Lyrics : Oscar Hammerstein II
d’après le livre de Howard Lindsay et Russel Crouse, inspiré de The Trapp Family Singers de Maria Augusta Trapp

Orchestre Pasdeloup
Choeur du Châtelet
Chef de choeur : Alexandre Piquion

Spectacle présenté en version anglaise

Le spectacle sur le site officiel du Théâtre du Châtelet

Crédit photos : Marie-Noëlle Robert

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