Rencontre : Charlotte Ruby, lauréate du Trophée de la Comédie Musicale "Révélation Féminine" 2017

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C’est très émue que l’artiste Charlotte Ruby est venue récupérer son Trophée de la Comédie Musicale « Révélation Féminine » 2017 le 18 juin au Théâtre Trévise pour son interprétation irrésistible dans La Poupée Sanglante. Visiblement très surprise de recevoir son Trophée, elle confirme son talent et la carrière prometteuse qui l’attend. Nous l’avons rencontrée à Paris quelques jours après la cérémonie des Trophées de la Comédie Musicale.
Les Trophées de la Comédie Musicale Révélation Féminine
Musical Avenue : Où étais-tu quand tu as appris ta nomination aux Trophées de la Comédie Musicale ?
Charlotte Ruby : J’étais chez moi. J’espérais qu’il y ait des nominations pour La Poupée Sanglante, mais je ne me doutais pas qu’il y en aurait sept et qu’on était tous nommés. Ça, c’est vraiment génial parce qu’on était trois comédiens-chanteurs sur le spectacle et le fait que tout le monde ait été nommé avec aussi le livret, la mise en scène, … ça montre que c’est avant tout le spectacle qui a été reconnu et c’est une belle fierté.
Quelle a été ta première pensée quand tu as gagné ?
C.R. J’étais très surprise. J’ai souvent tendance à penser que je suis moins bien que les autres, à côté d’Alexandre Jérôme et Edouard Thiébaut que je considère comme des Dieux vivants de la comédie musicale (rires). J’étais du coup très contente d’avoir aussi cette reconnaissance. C’était une aventure incroyable : j’ai beaucoup bossé et au moins je me dis « travail récompensé » !

Charlotte Ruby en compagnie de Manon Taris et Alexis Loizon (« La Belle et la Bête »)

Où as-tu mis ton trophée ?
C.R. Je viens de déménager à Montreuil et on a récemment acheté une magnifique bibliothèque. J’ai mis le Trophée sur une étagère, comme ça je vais pouvoir frimer un peu quand je reçois des visiteurs (rires).
Comment est venu le choix d’interpréter « La jeune fille et l’amour » pour la carte blanche lors du tournage de la cérémonie des Trophées de la Comédie Musicale ?
C.R. Eric (Chantelauze) et Didier (Bailly) se sont concertés, en tant qu’auteurs-compositeurs de La Poupée Sanglante. C’était l’occasion de montrer quelque chose de différent, qui reste quand même dans le même esprit musicalement que La Poupée Sanglante. Ils m’ont demandée si j’étais d’accord même si je ne connaissais pas du tout l’œuvre à ce moment là. J’étais très honorée et j’ai vite été conquise par la musique. Le texte parle d’une danseuse qui se rend compte qu’elle est trop lourde et qu’elle n’arrivera jamais à être soliste. Pas évident à interpréter hors contexte pour une cérémonie des Trophées de la Comédie Musicale (rires), mais c’était vraiment une belle découverte.

Carte blanche donnée à Charlotte Ruby et Didier Bailly lors de la cérémonie des Trophées de la Comédie Musicale 2017

Ton parcours
Qui es-tu ?
C.R. J’ai deux parents musiciens qui m’ont trimballée un peu partout là où ils allaient travailler : à trois mois, j’étais déjà dans les fauteuils de l’Opéra avec la costumière qui s’occupait de moi (rires). J’ai beaucoup baigné dans le milieu de la musique – classique essentiellement – mais aussi la peinture, la danse, l’improvisation… et à deux ans et demi, j’ai pu observer un stage de comédie musicale d’Aurélia O’Leary à côté de mes parents qui faisaient un autre stage. Les années suivantes, j’ai pu vraiment y participer jusqu’à l’âge de 10 ou 11 ans. Les histoires et la musique étaient créées pour nous, j’adorais la pédagogie du stage et l’approche d’Aurélia O’Leary, il y avait plusieurs spectacles dans l’année… ça m’a vraiment donné le goût et l’amour de la scène.
J’ai pris des cours de chant et de musique, de théâtre… mais aussi de danse. En musique, j’ai commencé par le violon à 4 ans avant de changer pour le violoncelle à 8 ans. Il faut dire que mon père en parlait beaucoup, et comme il est un peu extravagant ça m’avait l’air absolument incroyable de jouer de cet instrument donc j’ai voulu m’y mettre aussi. J’ai fait 9 ans de violoncelle au Conservatoire tout en continuant le chant : je suis entrée à 13 ans à la Maîtrise du Conservatoire de Limoges et j’ai suivi des cours particuliers de chant avec Meinard Kraak, un professeur hollandais qui m’a aidée à trouver ma « voix de femme » quand j’ai mué. J’ai suivi deux de ses stages en chant lyrique qui étaient en allemand, ce qui m’a poussée à partir à Vienne pour aller apprendre l’allemand pendant 4 mois.

Fin de stage de comédie musicale à Argenton-sur-Creuse

Quand je suis revenue, je me souviens que mon père avait un prospectus pour un stage d’été de comédie musicale à Argenton-sur-Creuse avec Samuel Sené, Vincent Heden, Alyssa Landry, … Il y avait un stage soliste et un stage choriste : j’ai longuement hésité entre les deux et j’ai finalement choisi le stage soliste, c’était il y a déjà six ans maintenant ! Le stage a duré deux semaines, Samuel Sené en était le Directeur pédagogique. Au fur et à mesure du stage, lui et les professeurs m’ont encouragée à choisir d’en faire mon métier et c’est vrai qu’à ce moment là, Paris n’était pas du tout dans mes objectifs. Lyon à la rigueur oui… mais Paris, pas vraiment ! Je n’avais pas passé mon bac à ce moment-là, c’était l’été avant d’entrer en Terminale. J’ai suivi ma scolarité par correspondance avec le CNED depuis la 5ème jusqu’au bac. J’ai obtenu mon bac entre deux répétitions de spectacles. Je ne sais pas comment j’ai fait, mais ouf, je l’ai eu !

En stage de comédie musicale avec Samuel Sené, Alyssa Landry et Vincent Heden

J’ai ensuite déménagé à Paris et j’ai commencé à travailler dans la comédie musicale, mais aussi dans le milieu du théâtre où ils cherchaient souvent des artistes capables de jouer d’un instrument de musique. Mon côté pluridisciplinaire m’a sans doute beaucoup aidé, avec une grosse  volonté, de la rigueur et aussi une bonne dose de fantaisie !
Pourquoi la comédie musicale ?
C.R. La comédie musicale est ce qui rassemble le plus de styles et de genres différents, c’est justement ce qui me caractérise. Je me suis longtemps demandée si je n’allais pas me lancer dans une carrière de chanteuse lyrique ou plutôt rester comme ça à faire un peu de tout. J’ai senti qu’il fallait que je fasse un choix et je me suis donc donnée un an pour mûrir tout ça, en espérant avoir des signes positifs pendant un an que j’ai eu depuis puisque j’ai été prise sur Le Fantôme de l’Opéra et sur La Poupée Sanglante. Artistiquement, ça me correspond vraiment et j’aime passer d’un genre à l’autre sans m’ennuyer.

Théâtre, chant, musique, danse… Charlotte Ruby est une artiste de comédie musicale pluridisciplinaire !

Quand certains me disent « Je n’aime pas la comédie musicale », je leur réponds « C’est comme si tu me disais que tu n’aimes pas la danse. De quelle danse parles-tu ? ». C’est un peu la même chose, ça ne veut rien dire en soi. Dans la comédie musicale, il y a tous les genres théâtraux, tous les genres musicaux et tous les genres de danses. D’ailleurs, moi-même je ne connaissais pas bien ce qui venait de Broadway ou du West End avant de faire une formation de 4 ans chez Musidrama, avec 2 ans en ateliers libres puis 2 ans en atelier-troupe. J’ai tout appris là-bas sur cet aspect de la comédie musicale et maintenant j’y donne aussi des cours. C’est quelque chose que j’aime beaucoup faire, j’apprends beaucoup des échanges et j’adore voir la progression de tous ceux avec qui je travaille. J’aime observer les comportements humains et leur évolution, je trouve ça vraiment très intéressant et enrichissant.
Quelles sont tes influences ?
C.R. Tous les enseignants qui m’ont accompagnée ou donné le goût de la scène comme Aurélia O’Leary, Samuel Sené, France Dariz qui est ma prof de chant lyrique actuelle… ou des artistes comme Bruno Pelletier de Notre-Dame de Paris ou Diana Damrau, une chanteuse d’opéra. J’aime bien les voix qui ont un timbre charnu qui percent bien les tympans. Il y a aussi Julien Cottereau, un clown mime formidable, ou encore Jacques Mougenot, qui donne des cours de théâtre chez Musidrama et que j’admire aussi. Côté cinéma, j’adore aussi Virginie Efira qui est une excellente actrice, toujours sincère, et en plus elle est magnifique ! Il y a aussi évidemment les artistes de comédie musicale, Manon Taris, Laetitia Ayrès, Raphaëlle Arnaud, Cécilia Cara, Cloé Horry et tant d’autres …ah oui, il y a aussi la chanteuse Camille qui a un sacré sens du rythme. Je remarque aussi que des grandes artistes comme la Callas, Kristin Chenoweth ou Idina Menzel ont ce petit truc en plus qui fait qu’on les reconnaît immédiatement en entendant leurs voix. J’aime bien ça, le fait d’avoir sa propre signature.
Quels ont été les moments marquants dans ta carrière ?
C.R. J’avais beaucoup aimé faire le Festival de Troyes « Ville en Lumières », je jouais une fée rose complètement délurée en mode cupcake et licorne dans Et Troyes créa la femme. C’était une super aventure de jouer ça devant 3 000 personnes chaque soir. La musique était écrite par Raphaël Bancou, j’ai d’ailleurs une admiration sans fin pour son talent. Autre souvenir, celui de Hashtags : j’aurais difficilement pu faire deux représentations dans la journée tellement c’était fatiguant !

« Et Troyes créa la femme » et « Hashtags »

Bien entendu, il y a aussi La Poupée Sanglante qui est un moment très marquant et très positif. Je n’étais initialement pas disponible mais j’ai quand même passé l’audition et je me suis rendue disponible pour le faire. J’avais choisi d’interpréter un morceau des Légendes Parisiennes de Raphaël Bancou et ils m’ont annoncé le soir même que j’avais le rôle.

« Légendes Parisiennes » et « La Poupée Sanglante »

Sinon, je suis évidemment très déçue que Le Fantôme de l’Opéra ne se soit pas fait… on avait bien bossé et c’était une belle opportunité de pouvoir travailler sur un spectacle de Stage Entertainment. Il y avait une très bonne ambiance dans l’équipe et j’avais six rôles à apprendre en tant que swing. J’avais peur qu’il y ait une espèce de hiérarchie et en fait pas du tout, la solidarité était là. Il y a aussi Alice au pays des merveilles avec Jean-Philippe Daguerre, Dom Juan avec Manon Montel… chaque moment est marquant.
Ton avenir
What’s next en 2017 ?
C.R. Dans l’immédiat, je pars dans le Limousin pour des concerts de sopranos en duo sur du baroque, du classique et de la comédie musicale. Mozart, Bernstein, Legrand… avec une mise en scène et un fil rouge écrit par Vincent Merval (Frigo, le musical) et des instruments à cordes. J’espère une reprise de La Poupée Sanglante, avec peut être le Festival Off d’Avignon en 2018 mais rien n’est confirmé. Il y a d’autres projets potentiels mais malheureusement je ne peux pas trop en parler. 
Et ensuite ? Charlotte Ruby dans quelques années ?
C.R. J’espère pouvoir continuer ma carrière avec des choses qui me plaisent, continuer l’enseignement…. ce qui est important pour moi c’est d’avoir une vraie progression de carrière, de ne pas avoir l’impression de régresser. Dans mes rêves, j’aimerais un jour faire le Cirque du Soleil, gagner plus d’argent ou faire une publicité pour un parfum (rires). J’aime beaucoup l’instantané de la scène car même si je suis une grande angoissée, je recherche vraiment cette adrénaline. C’est ce qui donne un sens à ma vie. 


Interview réalisée le 3 juillet 2017 à Paris par Stephany Kong et Edmée Martin
Retrouvez tous nos articles avec Charlotte Ruby sur MusicalAvenue ici
Pour en savoir plus sur l’artiste : www.charlotteruby.com

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Stephany Kong

Stephany Kong

Parisienne de naissance et de cœur (ici c'est Paris !), fan de Disneyland et de cinéma américain, j'ai grandi au Japon et à Singapour puis découvert la comédie musicale au cours de mes études en Angleterre avec "Wicked". Devenue une fervente supportrice du genre, j'ai rejoint MusicalAvenue à mon retour en France, en parallèle de mon activité professionnelle de chef de projet chez EDF.
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