Photo © Ben Pakalski / Stage Entertainment
En ce début d’automne pluvieux, nous avons eu la chance de vivre une expérience unique : découvrir les coulisses de la comédie musicale La Reine des Neiges (Die Eiskönigin) au Stage Apollo Theater de Stuttgart. Une heure d’immersion dans les secrets de ce spectacle grandiose qui attire des milliers de spectateurs chaque semaine.
Nous étions une petite dizaine, accompagnés par une guide du théâtre, et dès les premières minutes, nous avons senti que cette visite allait être très intéressante.
Le parcours commence dans la salle de spectacle. Installés confortablement face aux 1 800 sièges rouges, nous recevons quelques consignes de sécurité. La guide en profite pour nous expliquer la disposition du théâtre et le fonctionnement de la régie son, véritable cerveau technique du show. L’espace est impressionnant, mais le meilleur reste à venir…
Trailer du spectacle dans sa version allemande à Hambourg.
Monter sur scène : un moment saisissant
Nous passons ensuite par les coulisses et, en quelques secondes, nous voilà debout sur cette scène imposante. Face à nous, l’océan de fauteuils rouges, une sensation presque vertigineuse.
Avant de fouler le sol, chacun doit enfiler des surchaussures : le plancher est entièrement peint à la main avec une peinture spéciale qui interagit avec les lumières pour créer des reflets uniques. Au-dessus de nos têtes, plusieurs tonnes de décors suspendus, prêts à descendre grâce à des systèmes robotisés, dont les fameuses colonnes du palais d’Elsa ornées de plus de 40 000 cristaux Swarovski ! Rien que leur installation, après leur transfert depuis Hambourg, a demandé des heures de travail minutieux.
Sous nos pieds, des rails permettent de faire glisser les décors motorisés depuis les côtés de la scène, et des trappes s’ouvrent pour laisser surgir d’autres éléments depuis les sous-sols (par exemple pour la chanson d’Olaf « Im Sommer »). Le spectacle repose sur une machinerie de précision millimétrée.
La guide attire ensuite notre attention sur la fosse d’orchestre. Ici, neuf musiciens accompagnent chaque représentation, dirigés par un chef d’orchestre. La formation inclut deux claviers, une basse, une batterie isolée dans une cage acoustique, une trompette, un cor, un trombone et deux reeds (clarinettes/saxophones). Une orchestration plus réduite qu’à Broadway ou Londres, mais qui conserve tout de même la richesse des vents et la puissance des percussions.
Décors, accessoires et technologies incroyables
En contournant la scène, nous découvrons l’immensité des coulisses. Des décors monumentaux attendent leur entrée en scène : les escaliers de glace de palais d’Elsa en trois parties, le grand chalet de la séquence Hygge rempli de centaines d’accessoires, ou encore les pics de glace et les lits à baldaquin du château d’Arendelle. Disney a même caché quelques clins d’œil dans les décors : une figurine de Mickey, une lampe d’Aladdin, une canne de Mary Poppins…
Moment fort : l’imposant appareil qui projette à toute vitesse des pics de glace en envoyant de la fumée. Utilisé seulement quelques secondes pendant le spectacle, il coûte… un demi-million d’euros ! Preuve que rien n’est trop beau pour la magie de Disney.
On découvre également que pas moins de sept types de fumées sont utilisés tout au long du spectacle : certaines, épaisses et lourdes, rampent au sol pour former un véritable tapis de brume ; d’autres, plus légères, flottent comme un voile vaporeux ; d’autres encore surgissent du sol, tombent du plafond ou s’invitent sur les côtés, enveloppant la scène d’effets spectaculaires.
Dans les coulisses, la lumière est presque inexistante pendant les représentations. Les acteurs circulent grâce à des marquages blancs au sol, un détail pratique qui en dit long sur la précision requise.
Reportage en Allemand sur les coulisses du spectacle à Stuttgart.
Perruques, maquillage et costumes : l’art du détail
Nous pénétrons ensuite dans une pièce fascinante : celle des perruques. Des centaines de modèles sont soigneusement rangés, tous fabriqués à la main. Une seule perruque d’Elsa vaut 6 000 €, et il en faut plusieurs par show, sans compter les doublures.
La guide nous apprend aussi que les comédiens se maquillent eux-mêmes, après avoir reçu une formation de l’équipe Disney. Seule exception : les enfants, qui sont maquillés par des adultes.
D’ailleurs, les jeunes interprètes d’Anna et Elsa bénéficient de règles très strictes : un seul show par semaine, un maximum de 30 par an, et une rémunération bloquée jusqu’à leur majorité. Leur apprentissage des textes et des chansons se fait sous forme de jeux et d’activités ludiques, pour garder la magie intacte.
Enfin, nous visitons l’étage dédié aux costumes. Ici se font les retouches, lavages et réparations quotidiennes. Chaque pièce est parfaitement ajustée à son comédien. Certains costumes sont de véritables prouesses : le plus lourd, celui de Sven, pèse 14 kg ! Lorsqu’on découvre que le comédien doit, en plus, évoluer sur la pointe des pieds pour se déplacer, on comprend aisément pourquoi ce rôle exigeant est partagé entre deux acteurs qui alternent les représentations soir après soir.
Vidéo en Allemand de l’apprentissage des enfants pour les rôles d’Anna et Elsa à Stuttgart.
Une plongée dans la magie Disney
Cette visite nous a permis de réaliser l’incroyable travail de fourmi qui se cache derrière chaque représentation. Ce que le spectateur perçoit comme un enchantement fluide et naturel est en réalité le résultat de technologies de pointe, de centaines d’heures de préparation et d’un savoir-faire artisanal exceptionnel.
Sortir des coulisses nous a laissé une seule envie : voir le spectacle avec un regard nouveau, conscients de tout ce qui se joue derrière le rideau.
Si vous passez par Stuttgart, nous ne pouvons que vous recommander cette visite. C’est un privilège rare de découvrir l’envers du décor d’un tel musical, et une expérience inoubliable pour tout amateur de théâtre ou de Disney.
Comptez tout de même 32€ par personne pour 1h de visite, et 16,50€ le magnet souvenir à l’effigie d’Olaf !
