Compte rendu : « The Guy who didn’t like musicals » à la MPAA Saint-Germain

Temps de lecture approx. 4 min.

Créée en 2018 par la troupe américaine StarKid, The Guy Who Didn’t Like Musicals est présentée pour la première fois dans une version traduite en français. Cette œuvre, pas nécessairement la plus connue dans notre pays, est une création atypique qui mêle humour et horreur dans une intrigue située à Hatchetfield, où la musique devient synonyme de contagion. Ce choix audacieux est porté dans une adaptation de l’association Holy Sheep! Musicals, fondée en 2022, dont l’ambition est de faire découvrir au public français la richesse du théâtre musical anglo-saxon.

Quand l’apocalypse musicale débarque sur scène

À Hatchetfield, tout semblait paisible… jusqu’à ce qu’une étrange épidémie pousse les habitants à se mettre à chanter et à danser. C’est le point de départ de The Guy Who Didn’t Like Musicals, comédie musicale horrifique présentée initialement à Los Angeles suite à sa création par la troupe américaine StarKid Productions (les créateurs de A Very Potter Musical et Holy Musical, B@man) et présentée en première à Los Angeles. Dans ce récit déjanté, Paul, anti-héros ordinaire, doit affronter la contagion musicale et sauver l’humanité, entouré de personnages aussi farfelus qu’inquiétants.

Sur le papier, tout semble réuni pour faire de cette comédie musicale une expérience singulière. Les personnages offrent un terrain de jeu propice à toutes les extravagances, entre manigances, excès et interprétations sans retenue. Ici, élégance et raffinement ne sont pas au rendez-vous : le ton est trash, parfois cru, et l’enjeu vital est de survivre sans céder à l’irrésistible tentation de chanter. Car derrière cette invasion musicale se cache un dessein inquiétant : unir l’humanité dans une chorale uniforme où toute individualité s’efface au profit d’une servilité proche de l’esclavage. Le spectacle oscille ainsi entre science-fiction, frisson et absurde, rappelant certains codes du Rocky Horror Picture Show ou de La Petite Boutique des Horreurs — même si la partition et les compositions originales revendiquent un style propre.

Ambition et énergie

Le spectacle prend son temps à démarrer, mais l’ambiance s’installe peu à peu et finit par séduire le public. Horriblement drôle et décalée, l’histoire joue constamment sur le second degré. Les dialogues, traduit en français (tandis que les chansons restent interprétées en version originale) glissent des références bien pensées pour le public. On salue surtout l’énergie des comédiens, qui en plus de leurs rôles principaux, se glissent rapidement dans la peau de personnages secondaires et réussissent à tenir un rythme exigeant mêlant chants, dialogues et ensembles dansés. D’autant qu’ils doivent alors changer de vêtements très rapidement, et qu’aucune concession n’a été faite sur ce point, les tenues sont nombreuses et permettent d’identifier rapidement les rôles de chacun.

La mise en scène reste simple mais astucieuse, avec quelques décors modulables intégrés au plateau, agrémentés de lumières, de fumée et de musiciens installés en fond de scène. Cette présence live, très appréciée, donne un vrai relief aux chansons pop-rock, énergiques et accrocheuses. 

Les artistes n’hésitent pas à briser le quatrième mur, envahissant parfois la salle pour accentuer l’effet de contagion et créer une proximité complice avec les spectateurs. Si certaines chorégraphies manquent encore d’ampleur et si la scène gagnerait à accueillir quelques voix supplémentaires, l’ensemble reste cohérent et généreux. Le talent de comédien de certains interprètes se distingue particulièrement, offrant au public de véritables éclats de rire et des instants de folie savoureusement assumés.

The Guy Who Didn’t Like Musicals a ainsi ouvert la saison des comédies musicales amateurs à la MPAA/Saint-Germain. On se réjouit d’ailleurs de la programmation à venir (Apnée – les 4 et 5 octobre – et Les fruits du hasard – les 11 et 12 octobre), preuve que les troupes investies et débordantes d’énergie sont prêtes à mettre à l’honneur l’art de la comédie musicale.

Vous pouvez également participer au prochainement évènement de l’association, en vous inscrivant pour le prochain le HOLY MIC pour son édition d’Halloween, le 22 octobre prochain (plus d’information par ici).

The Guy who didn't like musicals
Image de Fabrice Felez

Fabrice Felez

Après une enfance où mes loisirs sont centrés autour de la musique et de la danse, c’est tout naturellement que la comédie musicale se présente à moi. En parallèle de mes études de droit, je m’initie aux spectacles, tant modernes que plus traditionnels, qui font naître en moi une véritable passion. Cet élan me pousse à intégrer l’équipe de Musical Avenue pour partager mes découvertes et vous donner envie d’apprécier les trésors de la scène parisienne et française.
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