Quel bonheur de découvrir Le fantôme de l’Opéra en France ! Musical Avenue a assisté à la nouvelle adaptation portée par le Théâtre Antoine à Paris : une comédie musicale « moderne » aux chansons originales et au registre pop. Une proposition de qualité, portée par un travail conséquent, même si cette relecture ne parvient pas toujours à séduire totalement le spectateur.
L’attente était forte au sein de l’équipe de Musical Avenue, car plusieurs chroniqueurs portent une affection particulière au Fantôme de l’Opéra, notamment dans sa version londonienne du West End. Il serait toutefois vain de tenter une comparaison : bien que fidèle à l’œuvre de Gaston Leroux et à son univers, cette nouvelle adaptation française propose un spectacle totalement original, sans aucune reprise des musiques d’Andrew Lloyd Webber mais avec des chansons spécialement écrites pour cette comédie musicale.
La composition d’un nouveau répertoire représentait un défi considérable. Celui-ci est relevé, malgré un manque de diversité instrumentale et l’absence de musique live, qui limite parfois la richesse sonore. Certaines paroles, particulièrement dans les dernières chansons du spectacle, notamment celle du fantôme pour le morceau « Comme tout le monde », se révèlent touchantes et bien écrites, tandis que d’autres manquent de profondeur et apportent moins de consistance à l’intrigue.
une puissance vocale au rendez-VOUS
Les voix figurent parmi les atouts majeurs de cette adaptation. Parmi elles, se distinguent notamment celles de Louis Buisset (Raoul de Chagny) ou encore Ana Ka (Carlotta). Mais les véritables révélations vocales restent Maélie Zaffran (Christine Daaé), déjà remarquée dans Mamma Mia!, et Bastien Jacquemart (Erik, le fantôme de l’Opera), aperçu dans Les Misérables. Celui-ci captive particulièrement le public par sa voix puissante et juste, mais aussi par son jeu théâtral de qualité. Il incarne à la perfection le personnage torturé du fantôme.
En ce qui concerne la compréhension de l’histoire, les scènes dialoguées, intercalées entre les chansons, permettent à l’intrigue d’exister pleinement et aident le public à saisir les liens entre les personnages. Cependant, avec une durée d’1h10 seulement, le spectacle paraît un peu court au regard de l’ampleur du récit et de ses nombreux rebondissements. Certains moments emblématiques, comme la scène du bal, manquent à l’appel.


Une scénographie qui mériterait plus d’audace
Pour une histoire située à l’Opéra Garnier, les costumes plutôt cohérents auraient gagné à présenter davantage d’éclat, d’élégance et de sophistication. La scénographie manque également d’envergure. Les décors se révèlent trop peu nombreux et insuffisamment audacieux. La simple projection d’une image de l’Opéra sur un écran numérique en fond de scène ne crée pas une immersion suffisante. L’absence d’un lustre, pourtant emblématique, ou d’autres éléments qui nous permettrait de situer l’intrigue (notamment lors de la scène sur les toits de l’opéra ou dans ses galeries souterraines), laisse une impression d’inachevé.
Les escaliers noirs mobiles ne parviennent pas à nous transporter dans les différents lieux de l’intrigue et ainsi à remplacer une véritable construction scénographique. En revanche, le travail important sur les lumières accompagne parfaitement l’évolution de l’atmosphère du spectacle qui devient de plus en plus sombre, renforçant aussi les expressions et émotions des comédiens.


Une adaptation fidèle au roman
Cette adaptation privilégie le chant plutôt que la danse, permettant aux interprètes de mettre en valeur leur puissance vocale. Quelques touches comiques ponctuent la représentation, mais elles manquent parfois de finesse et nuisent légèrement au ton dramatique qui caractérise l’histoire.
Le triangle amoureux conserve toute sa force, et malgré ses imperfections, cette relecture témoigne d’un travail conséquent mais aussi d’un véritable respect pour l’œuvre de Gaston Leroux. Autre point positif : la présence d’une traduction en anglais et en chinois du livret tout en haut de la scène confère au spectacle un caractère inclusif.
Une palette d’émotions se déploie tout au long du spectacle : rires, empathie, tristesse et suspense se succèdent au fil des scènes, soutenus par certaines chansons qui captivent l’attention du public. Le fantôme de l’Opéra est à découvrir au Théâtre Antoine jusqu’au 11 janvier 2026. Une adaptation fidèle au roman, idéale pour celles et ceux qui souhaitent découvrir une intrigue envoûtante entre romance, mystère et secrets…
Crédit Photos : Théâtre Antoine
