Le spectacle Beetlejuice, présenté sur la scène de la salle Huster au Cours Florent, est une œuvre ambitieuse qui explore le thème de la mort de manière aussi hilarante que profonde. Parmi les TFE présentés cette année, Beetlejuice tient une place à part, par les thèmes qu’il aborde et les élèves qui l’interprètent. Entre ambition et émotion, plongez avec Musical Avenue dans une histoire mortelle !
Dis mon nom trois fois, et le TFE apparaîtra !
C’est ce qu’aurait pu dire la cheffe de projet pour porter sa création jusqu’au bout. A l’image du personnage principal qui essaie d’apparaître aux yeux de tous, il a fallu beaucoup de détermination et de courage à Nina Lacour pour conserver tout l’humour macabre de cette comédie musicale. La salle Huster offre un cadre plus resserré par rapport au vaste plateau Max Ophüls, créant ainsi un environnement intimiste propice aux changements de lieux dans l’histoire. La maison des Deetz s’imagine facilement grâce aux éléments de décor, table et canapé de salon, tout comme le grenier, habilement placé sur le côté de la scène, séparé du reste de l’action et en hauteur. Les fantômes d’Adam et Barbara Maitland y établissent facilement leur quartier général. Cette disposition crée l’illusion que les êtres décédés s’élèvent vers le grenier, renforçant ainsi l’impact émotionnel des scènes. Les vivants occupent principalement le premier plan. Quant à Lydia et Beetlejuice, ils évoluent dans tous les espaces, renforçant le sentiment que ces personnages sont des êtres à part, cherchant leur place. Beetlejuice endosse tout à la fois le rôle de narrateur de sa vie, parfois spectateur de son propre destin, parfois acteur à part entière. Il alternent entre l’illusion de la pièce et le monde réel, interpellant le public et venant même s’asseoir à l’occasion avec les spectateurs.

Les jeux de lumière et l’utilisation de la fumée sont également des points forts de la mise en scène. Ils créent des moments saisissants, comme lors de l’ouverture de la porte vers le Netherworld. Le ver des sables fait son plus bel effet. Avec tout le travail que sa construction a dû demander, on regrette de ne pas le voir plus longtemps sur scène. L’attention aux détails est manifeste, et ces éléments visuels contribuent à l’atmosphère sombre et fantastique de l’histoire.
La création des personnages
Au-delà de ce que nous soulignons habituellement, un des points marquants de ce TFE est la qualité des costumes et de l’incarnation des personnages. Avec sa passion pour le cosplay, Nina Lacour réussit à donner aux artistes une ressemblance frappante avec la version de Broadway. Les personnages principaux changent plusieurs fois de costumes, jusqu’à un final marqué par l’alliance des rouges de la robe de mariée de Lydia et du costume de Beetlejuice. Changements rapides et chorégraphie d’ensemble ponctuent le spectacle.

Mettons également à l’honneur la performance de Maena Larribe qui nous offre une version de Lydia Deetz tout à fait remarquable. Adolescente perturbée, à la recherche de l’amour de ses parents, elle saisit la complexité du rôle et transmet au public les ambivalences et contradictions qui déchirent son personnage. Au début davantage connectée au monde des morts plutôt qu’à celui des vivants (à tel point que l’on a l’étrange sentiment qu’elle est plus proche de sa mère décédée que de son père qui partage son existence, mais presque invisible à ses yeux), son chemin initiatique l’amène à se transformer pendant tout le spectacle, et l’on suit avec plaisir cette évolution. D’autant que de belles chansons – interprétées en version originale – viennent accompagner le récit (“Dead Mom”).
Nina Lacour n’est pas en reste en insufflant à Beetlejuice une énergie impressionnante, mêlant improvisation et interactions avec le public. Elle trouve un équilibre en travaillant sa voix et pour rendre son personnage aussi détestable qu’attachant. Malgré son côté dérangeant et le peu d’importance qu’il accorde au sort des autres personnages, elle lui donne habilement un certain charme avec une touche de vulnérabilité. Avec une pléiade de personnages loufoques (ayant pour point culminant le duo Delia/Otho – Elisabeth Hohl et Hugo Zorer), les scènes s’enchaînent et le livret (traduit en français) captive le public jusqu’à la fin. Si l’acoustique de la salle ne favorise pas forcément l’ambiance musicale, on félicite les artistes d’aborder les chansons sans micro et de s’adapter à la bande son. A n’en pas douter, ceux qui découvraient les chansons pour la première fois auront la curiosité d’aller écouter l’album studio, qui recèle quelques pépites que l’on a pu entrevoir.
Ce travail de fin d’étude est une expérience théâtrale et musicale différente de ce à quoi nous avons l’habitude d’assister depuis quelques années, et c’est une bonne chose. Avec une approche axée sur la comédie et le rire (voire des accents de stand-up), on découvre une autre facette de la formation dispensée au Cours Florent, et de ces jeunes artistes capables d’alterner avec les faces sombres et comiques qui font la richesse d’un spectacle.

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