Compte-rendu : « Sweet Magnolia » par la Classe Libre Comédie Musicale du Cours Florent (Promo VII)

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C’est désormais un rendez-vous incontournable attendu avec impatience chez Musical Avenue : la présentation annuelle de la Classe Libre du Cours Florent. Pour sa septième édition, cette promotion a une fois de plus su surprendre et émouvoir, grâce à des choix artistiques audacieux.

Entre hommage et création : un thème à double visage

Chaque année, l’équipe pédagogique s’engage dans un véritable exercice d’équilibriste : choisir des œuvres qui permettent aux élèves de mettre en valeur les compétences acquises tout en révélant leur personnalité artistique. Pour cette édition, le choix s’est porté sur un diptyque inattendu et passionnant : Magnolia, film intense et choral de Paul Thomas Anderson, et Sweet Charity, adaptation de la célèbre comédie musicale mise en scène à l’origine par Bob Fosse. Deux univers que tout semble opposer, mais que la Classe Libre a su réunir sous un intitulé évocateur : Sweet Magnolia.

En préambule, le discours de Frédérique Farina permet de mieux comprendre sa passion – voire une légère obsession selon ses mots – pour le film Magnolia, qui traite de la solitude et de la résilience. Un bon sujet pour donner l’opportunité aux artistes d’explorer des personnages très variés dans un temps resserré, les trois heures du film ayant bien sûr été réduites à l’essentiel pour en extraire des scènes particulièrement fortes, enrichies de musique et de danse. La deuxième partie fait la part belle aux grands tableaux de Sweet Charity, dont l’énergie chorégraphique et la tonalité plus légère et comique offrent un contrepoint plein de panache. Tradition et modernité, introspection et espièglerie : un pari risqué mais brillamment relevé.

La co-création est au cœur du processus. Les élèves participent aux traductions et adaptations des textes. On sent aussi qu’une attention particulière a été portée cette année aux lumières et aux costumes, avec le soutien des équipes techniques du théâtre Mogador qui ont travaillé dans un temps record pour la présentation. Comme rappelé lors du mot d’ouverture :

« On se bat tous pour que la comédie musicale existe en France, on avance ensemble même s’il reste encore beaucoup à faire. A quelques jours des Trophées de la Comédie Musicale, il nous semble essentiel de construire ces projets tous ensemble, avec toutes les générations.« 

Individualité et cohésion

Dès les premières minutes, le ton est donné : la première partie du spectacle, centrée sur Magnolia, plonge le spectateur dans une atmosphère plus sombre, plus introspective. Chaque élève y trouve l’occasion de déployer sa palette d’émotions, avec une exigence dramatique assumée. Solos et numéros collectifs s’enchaînent avec fluidité, soutenus par la direction musicale de Dominique Trottein au piano, et donnant par moments la réplique. Chorégraphies modernes, déplacements et sorties de scène à un rythme effréné, cette année un ton plus contemporain est donné, dont les jeunes artistes s’emparent avec vivacité.

Lorsque l’on bascule dans l’univers de Sweet Charity, les numéros se font plus éclatants, plus charnels, et l’on retrouve avec jubilation les marqueurs de la comédie musicale traditionnelle : claquettes, kick line exaltante, ambiance de cabaret… Le contraste fonctionne à merveille, témoignant de la polyvalence des artistes et de leur capacité à naviguer entre profondeur émotionnelle et énergie scénique.

Mais ce qui frappe le plus, c’est l’alchimie qui unit cette promotion. À travers leurs différences, leurs singularités, ces jeunes comédiens-chanteurs-danseurs tissent un véritable collectif. La Classe Libre fait la démonstration éclatante qu’individualité et cohésion ne s’opposent pas : elles se nourrissent l’une de l’autre. 

Le public ne s’y trompe pas : les rires fusent, l’émotion affleure, les larmes montent parfois. Attitude comique ou prestation bouleversante, on se laisse aussi porter dans des univers musicaux très variés, incluant des titres tirés du répertoire de Sondheim ou de The Rocky Horror picture show. Chacun crée à son tour la surprise, comme Artus Maël sur “The Fools Who Dream” (La La Land), moment suspendu d’une rare intensité.

Ce Sweet Magnolia est bien plus qu’un simple showcase : c’est un concentré de ce que la comédie musicale a de plus précieux. Une belle vitrine pour une nouvelle génération de talents que l’on a déjà hâte de retrouver sur les scènes françaises. Et comme chaque année, on repart enchanté, avec la certitude que l’avenir du genre est entre de très bonnes mains. L’émotion du corps professoral, réuni sur scène avec les élèves pour les applaudissements finaux, témoigne des valeurs de transmission et de partage qui animent tous les intervenants de la Classe Libre du Cours Florent.

Sweet Magnolia
Image de Fabrice Felez

Fabrice Felez

Après une enfance où mes loisirs sont centrés autour de la musique et de la danse, c’est tout naturellement que la comédie musicale se présente à moi. En parallèle de mes études de droit, je m’initie aux spectacles, tant modernes que plus traditionnels, qui font naître en moi une véritable passion. Cet élan me pousse à intégrer l’équipe de Musical Avenue pour partager mes découvertes et vous donner envie d’apprécier les trésors de la scène parisienne et française.
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