À l’approche des fêtes, La Comédie-Française propose un nouveau spectacle jeune public de Johanna Boyé, Casse-Noisette ou Le Royaume de la nuit, l’adaptation du conte d’Hoffman, version scénique pour un public jeune et familial.
Un conte de Noël revisité
Après La Reine des neiges, l’histoire oubliée d’Andersen il y a deux ans, Johanna Boyé adapte un autre classique hivernal : Casse-Noisette. L’histoire invite le spectateur à suivre une jeune fille, Clara, qui, le soir de Noël, grâce au casse-noisette qu’on lui a offert, parviendra à surmonter ses peurs. Cette nuit étrange l’emmènera dans un voyage au pays des Pirlipates, menacés par la terrible Dame Mauserink et ses souris.
Pour sa présentation à la Comédie française, Johanna Boyé a adapté le conte à une certaine modernité. Clara est une petite fille qui, suite à une chute de vélo, ne marche plus sans prothèse et que l’idée de sortir de chez elle terrifie. Pour ses parents excentriques, cette situation commence à devenir insupportable. D’autant plus que Clara est désormais guérie et que les seuls obstacles qui s’opposent à ce qu’elle reprenne une vie normale sont psychologiques. Heureusement, la jeune femme peut compter sur son parrain, l’inventeur brillant Drosselmeyer qui lui offre cet automate casse-noisette pas comme les autres pour Noël.
Une adaptation réjouissante et raffraichissante
Le spectacle est porté, comme souvent à la Comédie française, par une distribution enthousiasmante : la plupart des interprètes jouent plusieurs personnages au gré des épreuves qu’affronte Clara. Cette dernière est jouée par Mélissa Polonie, une jeune femme obstinée et touchante.
Cette adaptation scénique (signée Johanna Boyé et Elisabeth Ventura) fourmille de références aux œuvres jeunesse : avec des parents dignes de Matilda de Roald Dahl (joués par les truculents Véronique Vella et Nicolas Chupin) et un tribunal Pirlipates aux accents d’Alice au Pays des merveilles, on sent à quel point l’équipe de création du spectacle s’est amusée à créer cet univers. Visuellement, les décors – signés Caroline Mexme – sont très soignés. La maison des Silverhaus créé un environnement enchanteur et merveilleux avec sa vitrine animée.
Le Royaume de la nuit en musique
Le spectacle n’est pas exempt de certaines longueurs et incohérences : les scènes chez les Pirlipates regorgent de répétitions parfois inutiles. Débordante d’humour et d’énergie, la rafraichissante scène de la fée Dragée (jouée par l’excentrique Coraly Zahonero) ne nécessitait pas nécessairement de briser si lourdement le quatrième mur. Quant au retournement de situation final avec Dame Mauserink, il apporte une certaine déception chez les spectateurs qui auraient aimé quelque chose de plus percutant par rapport aux événements précédents de la narration.
Lorsque les personnages quittent la réalité pour entrer au royaume de la Nuit, le monde devient musical : des chansons émaillent des différents temps forts de l’histoire avec une mention spéciale pour le numéro de la « Kuickette » particulièrement entrainant et la chanson de la soupe au lard, hilarante, dont on aimerait apprendre les paroles par cœur pour son prochain pique-nique.
Casse-Noisette ou le Royaume de la nuit est une petite sucrerie qui aide à traverser l’hiver, une découverte idéale pour une sortie en famille qui enchantera petits et grands. Les spectateurs ressortent l’esprit plein de belles images dont celle de Casse-Noisette réparé selon le Kintsugi.
