Critique : « Je t’aime, tu es parfait… Change ! » au Théâtre Saint Léon

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Après une saison au théâtre Trévise à Paris en 2013, on n’avait pas vu Je t’aime, tu es parfait : Change ! sur les scènes parisiennes depuis un long moment… Les compteurs sont désormais remis à zéro grâce à la troupe des Ephémères (les FMR) et sa quinzaine de comédiens amateurs passionnés, qui nous ont fait le plaisir, ces 16 et 17 janvier derniers, de nous embarquer dans un joyeux pot-pourri des relations amoureuses hommes/femmes depuis le théâtre Saint-Léon.

Je t’aime, tu es parfait : Change ! le titre porte à sourire et fait peu de mystère sur la nature romantique de ce que l’on s’apprête à voir. Ce que l’on ignore peut-être en revanche, c’est qu’il s’agit de l’adaptation française traduite et adaptée par Tadrina Hocking et Emmanuelle Rivière d’un spectacle de Joe DiPietro et Jimmy Roberts I Love You, You’re Perfect, Now Change, qui n’est rien de moins que le deuxième musical off-Broadway resté le plus longtemps à l’affiche (5003 représentations, tout de même, entre 1996 et 2008), et traduit depuis en 17 langues ! La pièce est constituée d’une multitude de petites scènes indépendantes, évoluant de la tentative acharnée de rencontre amoureuse dans notre monde déshumanisé (bonjour les app !) aux joies (?) et doutes du mariage puis du couple parental ; pour finir sur une note douce-amère, par cette suite toujours possible, même lorsque la mort les a séparés…

Les Ephémères ; Théâtre Saint Léon ; Musical ; Humour ; Spectacle ; Drôle ; Les FMR

Des portraits cocasses... mais un peu datés

C’est amusant, généreux, parfois très juste. Reste que la pièce a aujourd’hui un peu vieilli, l’aspect très caricatural des rôles masculins/féminins semblant d’un autre temps. Grâce à l’évolution de la représentation des sexes, on ne dépeint heureusement plus aujourd’hui une gente masculine obligée de rouler des mécaniques, au volant de sa voiture, en cachant ses émotions ; les femmes ne sont plus uniquement des objets de désir qui se doivent d’être belles et de cuisiner le plat favori de leur prétendant… C’est pourtant bien ce que nous propose Je t’aime, tu es parfait : Change !

Le comique d’opposition des genres fonctionne néanmoins, et fait mouche, c’est une évidence : il n’y a qu’à observer le public hilare. Cependant le livret français s’enrichirait à être actualisé pour gagner en nuances et en subtilité. C’est d’ailleurs ce qui a été fait en 2018 pour la version originale du spectacle afin que les chansons et dialogues reflètent au mieux notre monde moderne. Seulement le spectacle présenté par Les FMR n’a pas pu bénéficier de ces changements, puisque l’unique adaptation française existante leur est antérieure… Avis aux traducteurs !

Les Ephémères ; Théâtre Saint Léon ; Musical ; Humour ; Spectacle ; Drôle ; Les FMR

Les ephémères : une énergie inépuisable !

Malgré ce petit bémol, le spectacle des Ephémères est incroyablement enjoué, porté par des comédiens certes amateurs, mais si enthousiastes qu’on ne peut qu’être contaminé par leur plaisir, et passer un excellent moment.

La mise en scène, sobre mais efficace, nous promène, au moyen de quelques tables et chaises et au gré des mélodies, de restaurants en cinéma, de voiture en maison, de prison en studio d’enregistrement… On applaudit Vincent Laissy au piano, qui assure avec brio la musique du spectacle (les intermèdes pop rock en plus !), ainsi que les chorégraphies de Jenny Miralto, pleines de vie, de douceur, et d’humour, donnant lieu à de jolis moments de grâce comme lorsqu’un homme se demande s’il va quitter sa femme après 30 ans d’amour…

Un grand merci et bravo donc, à ces Ephémères si aimables, de nous donner à voir des représentations de cet acabit et des spectacles qui, sans eux, n’existeraient pas sur les scènes françaises. On ne demande désormais qu’à assister à l’unique « changement » que l’on peut leur souhaiter : leur prochaine création !

Je t'aime, tu es parfait... Change !
Image de Marie Laugaa

Marie Laugaa

Tombée dans la comédie musicale en même temps que le cinéma, avec mes premiers films -Le Magicien d’Oz, Les Demoiselles de Rochefort, et Disney, évidemment-, la révélation se fait lorsqu’à 12 ans je découvre la version scénique du Passe-Muraille mise en musique par Michel Legrand. Puis Notre-Dame de Paris finit de me rendre addict… Quelques années plus tard, c’est Londres, Le Roi Lion, et ses théâtres à perte de vue : un coup de foudre instantané ! Côté français, le Vingtième Théâtre devient mon QG, les événements Diva ma fête nationale, mais le genre reste encore assez confidentiel… Depuis, bonheur !, on ne compte plus les productions, la comédie musicale ayant enfin commencé à débarquer en fanfare si méritée. Allez, on se fait plaisir et on en discute ?
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