Critique : « Les Dépossédées » au Funambule Montmartre

Temps de lecture approx. 2 min.

En cet automne, le Funambule Montmartre accueille un duo de femmes touchant qui nous raconte l’histoire méconnue et atypique d’une mère et de sa fille. Un spectacle musical au propos à la fois intime et politique.

La vie de Little et Big Edie

Une maison insalubre abrite deux femmes : la cousine et la tante de Jackie Kennedy. Entre feuilles mortes, plants de salade, ratons laveurs et chats, elles vivent leur quotidien loin des hommes. Désœuvrées, elles ressassent leurs souvenirs déchus, hantés par des figures masculines : les hommes qui les ont déçues, trompées, leurs fils morts à la guerre, les maris qui les ont enfermées, battues… Recluses dans cette maison en désordre, elles chantent leur liberté acquise au prix de nombreux sacrifices.

Si le propos est quelque peu décousu, la douleur et la recherche d’émancipation de ces femmes imprègnent l’atmosphère. Le spectateur s’attache à ces deux figures dont il aimerait connaître davantage l’histoire. Il en sera pour ses frais. Loin d’être le récit pathétique de deux ermites, Les Dépossédées est une fresque des 1001 facettes des femmes. On sourit, on s’émeut et on s’attache à ces deux personnages brisés par la vie qui cherchent leur liberté et leur bonheur dans une vie marquée par la dépossession et le dénouement.

Histoires et musiques au féminin

Quelque peu perdu au début du spectacle, le public comprend rapidement que ce supposé reportage sur les deux Edie Beale n’est qu’un prétexte pour explorer la condition féminine en musique. Avec l’espièglerie et l’art des trouvailles, Anne Cadilhac a rassemblé une partition de reprises du répertoire musical français et international qui laisse la part belle aux compositrices et interprètes féminines, de Brigitte Fontaine à Clara Lucciani.

La mère et la fille sont incarnées par les fantastiques Marie Charlet et Anne Cadilhac (qui accompagne également au piano). Avec quelques accessoires et leurs costumes particulièrement bien choisis, elles campent une relation mère-fille à la fois fusionnelle et instable. Elles nous offrent de nouveaux arrangements et harmonies sur des chansons connues ou moins connues. Avec humour, tendresse et gravité, elle parviennent à redonner leur place aux textes et aux sous-textes de ces airs.

Les Dépossédées est un beau spectacle, bien que déroutant. Il dresse des portraits de femmes atypiques, incarnées par deux chanteuses charismatiques ; les spectateurs se souviendront longtemps de leurs interprétations originales et intimes.

Les Dépossédées
Image de Segolene Boulai

Segolene Boulai

Après une enfance bercée par les claquettes de Fred Astaire et la voix de Marnie Nixon, mon amour de la comédie musicale nait lors d'un inoubliable passage à Broadway pour voir "Matilda". Dès la fin du voyage, je me mets à grappiller toutes les informations possibles sur ce genre idéal pour moi qui ne veux pas choisir entre la danse, le théâtre, la musique et le cinéma. L'arrivée à Paris est l’occasion de découvrir la place croissante du spectacle musical en France, au-delà de tout ce que je soupçonnais. Et here I am ! ayant à cœur de partager toujours davantage cette passion, je rejoins l’équipe de Musical Avenue en 2021.
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