4 ans après Annette, le Festival de Cannes s’ouvre à nouveau avec un film musical pour sa 78ème édition ! Cette fois, c’est le tout premier long-métrage d’Amélie Bonnin qui est présenté comme film d’ouverture du prestigieux événement. Avec Juliette Armanet et Bastien Bouillon au casting, que vaut ce film qui sent bon les années 1990-2000 ?
Femme Like U
Si Partir un jour n’est pas inconnu pour une partie du public, c’est parce qu’avant d’être un long-métrage, il s’agissait d’un court-métrage, toujours réalisé par Amélie Bonnin et avec les mêmes têtes d’affiche. Récompensé par le César du meilleur court-métrage en 2023, le film racontait l’histoire de Julien, auteur d’un livre inspiré de sa jeunesse vécue à la campagne, qui revient dans sa ville natale et y croise Caroline, son premier amour de jeunesse. S’en suivront des retrouvailles qui feront ressurgir les non-dits et regrets de l’époque…

Si dans la première version de l’histoire, le personnage principal était masculin, pour ce passage sur grand écran, la réalisatrice Amélie Bonnin a choisi d’inverser les rôles en offrant le premier rôle à Juliette Armanet. La chanteuse y incarne ici Cécile, une femme de 40 ans attendant son premier enfant et sur le point d’ouvrir son restaurant gastronomique. Pourtant, lorsque son père fait un infarctus, cette dernière est contrainte de retourner dans le village où elle a grandi.
“Partir un jour”
Si le postulat de départ du long-métrage est sensiblement le même que le court-métrage homonyme, le film prend des chemins bien différents. En effet, il aborde ainsi les questionnements que l’on peut se poser à 40 ans et à quel point il peut parfois être difficile, voire impossible, de se défaire de son passé, ou encore la relation père / fille et les difficultés de communication entre les générations.

Partir un jour dégage ainsi une mélancolie omniprésente durant toute la durée du film et ne cède que rarement aux facilités propres au genre de la “comédie romantique”, en faisant certains choix audacieux qui pourront parfois surprendre mais qui donnent à l’ensemble une saveur agréable. De même, il porte un regard bienveillant sur ses protagonistes et le lieu dans lequel se déroule une grande partie de l’intrigue, à savoir le resto-route tenu par les parents de Cécile, sans jamais tomber dans les clichés de représentation.
L’un des points positifs du long-métrage réside aussi dans le choix des chansons qui le ponctuent. Faisant le choix de n’intégrer que des chansons populaires auprès du grand public, il est ainsi difficile de ne pas avoir envie de pousser la chansonnette durant le visionnage. D’une scène poignante incluant “Mourir sur scène” de Dalida en passant par “Ces soirées-là” de Yannick ou encore “Femme like U” de K-Maro, Partir un jour enchaîne les tubes avec une facilité déconcertante tant beaucoup d’entres eux font sens au sein de l’intrigue et permettent de refléter intelligemment les états émotionnels des personnages.
"Alors on danse"
L’une des grandes forces de Partir un jour se trouve également dans son casting, et notamment dans son duo de comédiens principaux.
Juliette Armanet, dont c’est le premier rôle au cinéma, rayonne dans ce rôle de femme à la croisée des chemins de sa vie professionnelle et personnelle. L’interprète du tube “Le dernier jour du Disco” livre une performance des plus touchantes et rend le personnage de Cécile véritablement attachant dans ses actions et questionnements existentiels. Son interprétation de la chanson-titre du long-métrage saura sans aucun doute émouvoir de nombreux spectateurs.
Face à elle, Bastien Bouillon (La Nuit du 12, Le Comte de Monte-Cristo…) incarne le personnage de Raphaël. Béguin de Cécile au collège, cet homme n’a jamais réussi à quitter son village natal et se heurte à l’évolution de son ancienne amie. Le comédien auréolé d’un César en 2023 livre une prestation plus que convaincante grâce à un humour corrosif qui sait faire mouche à de nombreuses reprises. Le duo formé avec Armanet n’en est que plus crédible et fait ainsi des étincelles à l’écran.

Du côté des autres personnages, on notera également le père de Cécile, Gérard, interprété par François Rollin. Victime d’un infarctus, ce patriarche bourru se révèle extrêmement touchant et hérite de certaines des plus belles scènes du film, faisant de chacune de ses interactions avec le personnage de Juliette Armanet des scènes chargées en émotion.
Pour incarner la femme de ce personnage haut en couleur, il fallait une actrice de choix, et c’est Dominique Blanc qui endosse donc le rôle du personnage de Fanfan. Fantasque et rêvant de partir loin du resto-route qu’elle et son mari ont tenu depuis des années, Fanfan se révèle plus fragile qu’il n’y paraît et souhaiterait juste profiter d’une retraite bien méritée au côté de son cher et tendre.
On pourra en revanche regretter le rôle réduit de Tewfik Jallab qui incarne Sofiane, le compagnon de Cécile, qui ne lui permet pas de briller autant que les autres personnages.

Partir un jour, c’est comme une soirée karaoké entre amis. Quelques fausses notes ici et là, de petites imperfections, mais beaucoup de sincérité et de joie qui font passer un excellent moment ! Pour un premier film, Amélie Bonnin s’en tire admirablement et donne envie de suivre sa future carrière de très près.