Critique : “Pretty Woman” à la salle Wilfrid-Pelletier de Montréal

Temps de lecture approx. 4 min.

En 1990, Pretty Woman révélait Julia Roberts dans le rôle d’une prostituée pétillante qui conquiert le cœur d’un homme d’affaires désabusé, joué par Richard Gere. Depuis 2018, leur histoire d’amour a été adaptée en comédie musicale. Présentée pour la première fois à Montréal dans le cadre de sa tournée nord-américaine, cette version scénique est-elle à la hauteur du film culte ?

Une comédie musicale qui joue sur la nostalgie

C’est le problème avec la nostalgie. On a un souvenir précis d’une œuvre et on ne veut pas y déroger. Avec la comédie musicale Pretty Woman, il le faut pourtant. Certes, l’histoire est sensiblement la même, à quelques détails près. Les coiffures et les costumes constituent également de beaux clins d’œil à l’œuvre originale, que l’on pense seulement à la fameuse mini-jupe reliée par un anneau sur le ventre à un « crop top » ou à la célèbre robe de soirée rouge. Mais il n’y a bien sûr plus Julia Roberts et Richard Gere, un duo amoureux à l’alchimie évidente qui nous faisait oublier une histoire un peu trop clichée.

Pretty Woman Montréal

Pour le remplacer, Ellie Baker et Chase Wolfe devaient ainsi relever tout un défi. Physiquement différents, c’est un Edward plus jeune que l’on retrouve, et une Vivian dont les traits s’éloignent de la star longiligne, mais qui parvient tout de même à capturer l’essence de ce personnage bien-aimé. À la fois vulnérable et forte, innocente et déterminée, elle offre une interprétation pleine de charme et d’énergie. La connexion spéciale de leur couple n’est peut-être pas aussi forte que celle du film, mais leurs performances vocales sont toujours justes et ils demeurent convaincants dans leurs scènes en commun, notamment celles plus sensuelles.

Des rôles secondaires qui volent la vedette

À leurs côtés, les rôles secondaires font partie des bonnes surprises de la pièce. Un nouveau personnage a été ajouté : « Happy Man », qui combine le rôle du directeur d’hôtel et du narrateur de l’histoire. Campé par Adam du Plessis, il est tantôt cabotin, tantôt sophistiqué, alternant en véritable caméléon les attitudes et les mimiques selon le personnage en question. Sa présence sur scène apporte une dimension très divertissante à l’intrigue. En Giulio, le valet de chambre, Connor Kabat vole aussi la vedette avec son sens aigu du comique farfelu. Les deux sont excellents lorsqu’ils sont réunis dans l’hilarante scène de danse « On a Night Like Tonight », l’une des meilleurs du spectacle. Dans la peau de Kit De Luca, l’amie de Vivian, Rae Davenport transmet bien le caractère fort de ce personnage qui ne s’en laisse pas compter, appuyé par sa voix puissante.

Pretty Woman Montréal

Des mélodies accrocheuses, mais vite oubliées

Quand on pense au film, deux chansons inoubliables nous viennent immédiatement à l’esprit : le classique intemporel « Pretty Woman » de Roy Orbison et la poignante balade « It Must Have Been Love » de Roxette. Si la première est mise en valeur au moment des saluts, la seconde ne figure pas dans la comédie musicale. Ce vide est partiellement comblé par les nombreuses mélodies accrocheuses du légendaire tandem Bryan Adams et Jim Vallance. On reconnait d’ailleurs particulièrement bien le style du populaire chanteur canadien dans « You and I ». Ces chansons fonctionnent peut-être dans le feu de l’action, elles sont hélas vite oubliées dès que le spectacle prend fin.

Des thèmes sensibles mal abordés

Malgré la nostalgie et l’attachement pour ce film mythique, il faut reconnaître que son histoire a quelque peu vieilli. Même si quelques efforts ont été déployés pour intégrer de nouveaux éléments, son adaptation en comédie musicale peine à actualiser certains thèmes sensibles, notamment en ce qui concerne la représentation de la prostitution et des relations entre les sexes. Ce qui pouvait être perçu comme romantique en 1990 ne l’est plus tellement en 2024. L’intrigue ne se déroule bien sûr pas de nos jours et le ton léger la sauve d’une trop grande réflexion.

Pretty Woman Montréal

Avec une mise en scène sans relief, des chorégraphies souvent peu inspirées, des décors simplistes et une absence de profondeur, le spectacle souffre malheureusement d’un manque de substance. Bien qu’il offre un bon divertissement, il échoue à saisir pleinement la magie du film original.

Crédit photo : Matthew Murphy for MurphyMade

Pretty Woman
Nathalie Katinakis

Nathalie Katinakis

Bercée par les tubes de "Starmania" durant l'enfance, c'est "Cats" qui me donne la piqûre pour de bon quand je me plonge enfin dans son univers en 2010. Dans la foulée, je découvre le West End et rejoins l'équipe de Musical Avenue dès 2011, couvrant les spectacles montréalais depuis le Québec où je réside.FB/IG:@uneportesurdeuxcontinents
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