Critique : « Victor Lustig, l’homme qui vendit la Tour Eiffel » au Théâtre Bobino

Temps de lecture approx. 4 min.

Le nouveau spectacle présenté à Bobino est une invitation à revenir au début du XXe siècle, époque des expositions universelles, des revues à plumes et des paquebots, à la rencontre d’un escroc insaisissable et ingénieux : Victor Lustig !

Un arnaqueur débordant de ressources

Victor Lustig est un arnaqueur, un vrai, un grand, qui a vécu de ses escroqueries à travers le monde entier. Sa plus célèbre arnaque : avoir vendu la Tour Eiffel alors qu’elle n’était pas à vendre. Cependant, malgré ce sous-titre alléchant, la dame de fer est loin d’occuper une place centrale dans l’histoire racontée. Elle occupe même une place assez accessoire dans l’ensemble des arnaques de Victor Lustig. Depuis le Paris des Années folles au luxueux bateaux transatlantique, il a monté ses entourloupes comme de véritables spectacles, engageant comédiens et figurants pour l’occasion.

Distribution talentueuse et esthétique soignée

Sur scène, ils sont onze interprètes pour camper une galerie de personnages. Ceux-ci vont d’Al Capone à Nick Arnstein, des danseuses de can-can aux hôtesses d’accueil du paquebot, chacun identifiable par une belle collection de costumes qui permet de les identifier autant qu’elle apporte un certain raffinement esthétique.

De manière plus générale, le spectacle se caractérise par un soin tout particulier apporté à son identité visuelle (que l’on avait déjà pu apprécier dans Les Vilaines, la précédente création de la compagnie El Production). Si l’utilisation de la vidéo est parfois un peu maladroite sur la fin, les jeux de lumière créent un superbe univers pour certaines scène et habillent merveilleusement le plateau nu. 

Les artistes sont talentueux avec un chant juste et séduisant. Ils se doublent également de belles performances dansées. En effet – et c’est assez rare et précieux pour le souligner – Victor Lustig accorde une part aussi importante à la musique qu’à la danse. Les chorégraphies très inspirées des années 1920 allient claquettes, charleston ou un très beau tango selon l’atmosphère des chansons.

Quelques longueurs et répétitions

Les interprètes sont parfois desservis par un livret alambiqué qui manque de rythme et de cohérence. L’histoire se perd en circonvolutions avec des allers-retours temporels ou spatiaux pas toujours nécessaires. Pourquoi ne pas plutôt introduire le récit directement par la rédaction du rapport de police, puis dérouler le fil de la vie de Victor depuis sa naissance jusqu’à son arnaque finale pour revenir enfin à la prison ? Le spectacle se veut également émaillé de traits d’humour, tantôt maladroits, tantôt ingénieux. On retiendra notamment les jeux de prononciation dans le dialogue d’Al Capone et de l’agent des services secrets qui, bien qu’un peu long, offre de bons mots. Les multiples apartés, répétitions musicales et rupture du quatrième mur avec le personnage bien peu utile d’Oswald n’ont pas une véritable valeur ajoutée à la narration car ce qui captive le public, c’est avant tout de suivre Victor Lustig dans chacune de ses arnaques jusqu’à sa chute.

Le spectacle multiplie les référence à Guys and Dolls, Le Roman d’un tricheur, Catch me if you can, ou encore Les Hommes préfèrent les blondes au risque de s’y perdre lui-même. Les chansons ont souvent un air de déjà-vu comme la chanson de présentation de Victor Lustig qui s’inspire dans son texte et esthétique de la chanson « All I Care About is Love » de Chicago.

Pour conclure, loin d’être un mauvais spectacle, Victor Lustig est une œuvre remplie de potentiel à commencer par sa lumineuse distribution qui ne démérite pas au cours des 2h30 de spectacle – et même pendant l’entracte ! Si son livret et sa partition pourraient gagner en efficacité et rythme, il a le mérite de présenter un projet ambitieux qui n’oublie ni la danse, ni la musique, ni l’esthétique visuelle.

Crédit photo : Compagnie El Production

Victor Lustig, l’homme qui vendit la Tour Eiffel
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