Critique : "1789 – Les Amants de la Bastille" au Palais des Sports de Paris

Temps de lecture approx. 6 min.

Critique : "1789 - Les Amants de la Bastille" au Palais des Sports à ParisPour leur nouveau spectacle, Dove Attia et Albert Cohen (producteurs du Roi Soleil et de Mozart l’Opéra-Rock) ont frappé fort. En s’attaquant au sujet de la révolution française, sans doute l’un des thèmes historiques les plus fondamentaux et fédérateurs de France, nous étions pourtant en droit de craindre le pire. Mais force est de constater que 1789 – Les Amants de la Bastille est un spectacle à la hauteur de son sujet, à savoir une somptueuse fresque romanesque et épique valorisée par une mise en scène absolument hallucinante.

Un saut qualitatif indéniable par rapport à ses "prédécesseurs" du Palais des Sports

Ceux d’entre vous qui nous lisent régulièrement savent à quel point nous pouvons être durs avec les spectacles dits "à la française" comme Dracula ou l’excécrable Adam & Eve (en soi, quasiment tout ce qui passe au Palais des Sports depuis quelques années). Ce qu’on leur reproche habituellement ? Un fil narratif complètement inexistant, un livret d’une pauvreté affligeante, des chansons de variété déconnectées de l’histoire et souvent amenées maladroitement, des artistes davantage chanteurs qu’acteurs (ou inversement)…bref, on en passe et des meilleurs.

Critique : "1789 - Les Amants de la Bastille" au Palais des Sports à ParisMarie-Antoinette (Roxane Le Texier) et sa suite dans leurs somptueux costumes

1789 – Les Amants de la Bastille prend à revers la majorité de ces écueils. Pour une fois, les scènes de théâtre donnent un vrai sens à l’histoire et sont de surcroît jouées par des interprètes plutôt convaincants et à l’aise dans leur jeu de comédiens (Louis Delort figure à ce niveau parmi les bonnes surprises du lot). La présence de chansons narratives est également une bonne surprise, à commencer par "Au Palais Royal / Les Prostitués", le premier numéro de Danton (incarné par David Ban d’Avenue Q) qui constitue un vrai titre de comédie musicale dont le style se prête bien à l’époque historique de la révolution française.

Sans véritable tête d’affiche ni de personnage majeur à mettre en avant, 1789 – Les Amants de la Bastille fait de l’histoire de la révolution française le vrai coeur de son spectacle. Ce qui est mis en exergue, c’est avant tout ce contexte d’injustice et de révolte, cet ensemble de personnages et grandes figures de la Révolution, les magnifiques costumes de l’époque et lieux symboliques comme Versailles ou la Bastille.

Critique : "1789 - Les Amants de la Bastille" au Palais des Sports à ParisDuo amoureux entre Ronan (Louis Delort) et Olympe (Camille Lou), les amants de la bastille

La mise en scène, le grand point fort du spectacle

Que dire du travail effectué par Giuliano Peparini, le metteur en scène et chorégraphe du spectacle ? Pour sa première comédie musicale, il s’est entouré de 33 danseurs et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il a insufflé du caractère et un souffle incroyable au spectacle. Sa mise en scène transcende littéralement la comédie musicale, sans pour autant en mettre plein la vue gratuitement. C’est somptueux et subtil à la fois, d’autant plus que l’utilisation de la vidéo n’est pas sans rappeler les superbes transitions dynamiques entrevues au Théâtre du Châtelet lors de la tournée du 25ème anniversaire des Misérables.

Cela donne lieu à des tableaux mémorables qui nous laissent pantois. Parmi eux, la mise en cellule du jeune Ronan, l’admission d’amour d’Olympe, la chute puis l’éxécution de Marie-Antoinette et la séquence – incroyable – de la prise de la Bastille. En prime, 1789 – Les Amants de la Bastille propose une vraie fin avec la poignante séquence de rédaction de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Critique : "1789 - Les Amants de la Bastille" au Palais des Sports à ParisLa révolution de 1789 gronde au sein du peuple qui crie à l’injustice 

Tout n’est pas encore parfait, mais…

Vous l’aurez compris, 1789 – Les Amants de la Bastille n’est malgré tout pas exempt de défauts même si on serait tenté de les occulter tellement ce spectacle musical "à gros budget" se démarque de ceux du même type qui se sont succédés ces dernières années sur la scène parisienne. Le début de la comédie musicale est néanmoins peu convaincant et on retrouve régulièrement au cours du spectacle des chansons dont il est difficile de savoir ce qu’elles sont censées raconter.

Par ailleurs, la construction de 1789 est parfois trop elliptique et hâtivement "expédiée" par des explications précipitées semble-t-il pour justifier ce qui est arrivé aux personnages entre deux tableaux. Le premier acte paraît également très long (la course-poursuite dans la prison aurait par exemple pu être écourtée) tandis que les séquences humoristiques semblent forcées et inutiles.

Malgré cela, 1789 – Les Amants de la Bastille est une véritable bonne surprise à ranger parmi les spectacles musicaux que l’on vous recommande de voir impérativement lors de cette rentrée 2012. Les producteurs Dove Attia et Albert Cohen ont relevé leur niveau d’exigence et ont visiblement su tirer les enseignements de ce qui se fait de mieux dans le théâtre musical pour proposer ce spectacle musical de qualité.


1789 – Les Amants de la Bastille, de Dove Attia et Albert Cohen

Du 29 septembre au 30 décembre 2012
Au Palais des Sports de Paris
1 Place Porte de Versalles, 75015 Paris

Et en tournée en France à partir de février 2013

Mise en scène et chorégraphie : Giulianio Peparini ; Livret : Dove Attia et François Chouquet ; Musiques : Rod Janois, Jean-Pierre Pilot, Olivier Schultheis, William Rousseau, Dove Attia ; Costumes : Frédéric Olivier ; Lumières : Xavier Lauwers

Avec : Louis Delort (Ronan) ; Camille Lou (Olympe) ; Rod Janois (Camille Desmoulins) ; Roxane Le Texier (Marie-Antoinette) ; Sébastien Agius (Robespierre) ; Nathalia (Solène) ; Mathieu Carnot (Lazare) ; David Ban (Danton) ; Yamin Dib (Auguste Ramard) ; Philippe Escande (Louis XVI) ; Tatiana Matre (Yolande de Polignac) ; Guillaume Delvingt (Jacques Necker) ; Cyril Romoli (Charles X de France)

Stephany Kong

Stephany Kong

Parisienne de naissance et de cœur (ici c'est Paris !), fan de Disneyland et de cinéma américain, j'ai grandi au Japon et à Singapour puis découvert la comédie musicale au cours de mes études en Angleterre avec "Wicked". Devenue une fervente supportrice du genre, j'ai rejoint MusicalAvenue à mon retour en France, en parallèle de mon activité professionnelle de chef de projet chez EDF.
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