Critique : « Funny Girl » au Centre Segal de Montréal

Temps de lecture approx. 4 min.

Ça y est ! La nouvelle saison théâtrale du Centre Segal vient d’être lancée et on peut dire en grand avec la comédie musicale Funny Girl racontant l’ascension de la star de Broadway Fanny Brice. Un spectacle très bien ficelé, amusant et émouvant qui commence dès l’entrée dans le lobby !

Des femmes costumées en tenues d’époque se mêlent aux spectateurs qui attendent et discutent avant l’ouverture de la salle. On est déjà dans l’ambiance propre au spectacle et ça se poursuit une fois dans le théâtre. Il n’est pas 20h que la troupe nous plonge déjà dans son univers. Sur la scène, les coulisses sont dévoilées. Essayage de costumes, danseurs qui pratiquent leurs pas de claquettes, musiciens qui répètent… une belle mise en abîme pour faire patienter les premiers spectateurs à prendre place dans la salle. Puis, naturellement, les lumières s’éteignent et le tout prend forme. Une mise en abîme qui sera le fil conducteur de toute la pièce avec cette alternance continuelle entre la scène et ce qui se trame en coulisse dans la vie de Fanny Brice.

Le Centre Segal nous a habitués à des spectacles de qualité, année après année. Encore une fois, il ne déroge pas à la règle avec cette nouvelle production entièrement canadienne brillamment mise en scène par Peter Hinton. 18 artistes sur scène, chacun à sa place, mais aussi très complices, formant un tout parfaitement en harmonie dans les numéros de groupe. Il y a bien sûr Gabi Epstein (Fiddler on the Roof ; The Sound of Music) qui ne tombe pas dans le piège d’imiter Barbra Streisand dans le film de 1968, livrant une performance bien à elle dans son interprétation de la rigolote et atypique star des années 1920. Débordante d’énergie, elle sait être tantôt drôle, forte ou vulnérable, autant dans les passages parlés que chantés avec sa voix puissante qui s’ajuste à merveille sur les succès comme « People » et « Don’t Rain on My Parade ».

À vrai dire, chaque artiste ajoute sa couleur au spectacle, du charismatique John Ullyatt (Duck Duck Bang ; Craniatrium) dans le rôle de Nicky Arnstein, le mari parieur, aux nombreux rôles secondaires. Mention spéciale pour Corrine Koslo (The Memory of Water) qui campe la mère de Fanny avec beaucoup de cran et d’humour et Jenni Burke (Mary Poppins), l’habilleuse discrète de la star qui surprend le public dans son interprétation de « Cornet Man » dans la deuxième partie du spectacle avec sa voix douce, faible et éraillée qui s’avère être très puissante. Adele Mackenzie (We Will Rock You) se fait aussi remarquer avec son aplomb et la grande fluidité de ses gestes dès qu’elle est sur scène dans un numéro de danse. D’ailleurs, les chorégraphies signées Dayna Tekatch sont l’une des grandes forces de la pièce, réglées au quart de tour et bien dynamiques (notamment durant « Rat-Tat-Tat-Tat Drill »), n’hésitant pas non plus à utiliser des objets du décor (chariots, tabourets, etc.).

Entre les paillettes et les cœurs brisés, cette nouvelle version de Funny Girl est marquée par l’audace de Fanny Brice qui a lutté pour intégrer l’univers du spectacle en défiant les normes de beauté alors en vigueur. Alors que toutes les chances n’étaient pas de son côté au départ, elle a su faire son chemin, devenant la chanteuse vedette des Ziegfeld Follies, y laissant quelques plumes au passage. Réimaginée et dépoussiérée, cette nouvelle production apporte son grain de folie à l’histoire de la star. Un exploit pas gagné d’avance quand on s’attaque à un tel classique. À ne pas rater jusqu’au 8 novembre !

Crédit photos : Andrée Lanthier


Funny Girl de Jule Styne (musique), Bob Merrill (paroles), Isobel Lennart Calder Willingham et Buck Henry (livret), d’après une nouvelle de Miss Lennart

Du 11 octobre au 8 novembre 2015 au Centre Segal de Montréal

Mise en scène : Peter Hinton ; Direction musicale : Allen Cole ; Assistant à la direction musicale : Nick Burgess ; Chorégraphies : Dayna Tekatch.

Avec : Gabi Epstein (Fanny Brice), Corrine Koslo (Mrs Brice), John Ullyatt (Nicky Arnstein), Lorne Kennedy (Florence Ziegfeld), Kyle Golemba (Eddy Ryan.).

Ensemble  : Eric Abel, Chris Barillaro, Jenni Burke, Michael Challenger, Will Lamond, Alexia Gourd, Nick Giannakos, Danette MacKay, Adele Mackenzie, George Masswohl, Kathleen McAuliffe, Felicia Shulman, Amanda Struthmann.

Image de Nathalie Katinakis

Nathalie Katinakis

Bercée par les tubes de "Starmania" durant l'enfance, c'est "Cats" qui me donne la piqûre pour de bon quand je me plonge enfin dans son univers en 2010. Dans la foulée, je découvre le West End et rejoins l'équipe de Musical Avenue dès 2011, couvrant les spectacles montréalais depuis le Québec où je réside.FB/IG:@uneportesurdeuxcontinents
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