Critique : "Non, je ne danse pas !" de Lydie Agaesse, à la Pépinière théâtre

Temps de lecture approx. 5 min.

"Non, je ne danse pas !" de Lydie Agaesse, à la Pépinière théâtreOubliez Le Cabaret des hommes perdus, la précédente mise en scène (récompensée par un Molière en 2008) de Jean-Luc Revol ! Non, je ne danse pas ! n’en est pas la suite.
Initialement intitulée Le Gai Versant, la pièce a été renommée in-extremis pour éviter la moindre confusion avec les joyeuses tribulations d’un acteur de porno gay que contait sa dernière comédie musicale.

Dans cette pièce écrite par Lydie Agaesse, vous ne retrouverez pas une galerie d’homos virils ou flamboyants confrontés aux turpitudes de la vie gay, mais le destin plus sage de quatre femmes au foyer (pas toujours désespérées – comment éviter l’allusion !) affrontant les affres de la vie de couple, ou du célibat.
Douze Bis, La Pinède, Ker Castel et Mon rêve (ainsi appelées après le nom de leurs maisons respectives), quatre voisines, se retrouvent les soirs de pleine lune sur leurs perrons pour parler de leurs hommes.
Rien à voir donc, mais on retrouve la facture incomparable des pièces de Revol : un texte hilarant et un résultat coloré !

Une comédie musicale en couleurs.

Du rose, du bleu, du vert, du jaune… La couleur s’invite sans complexe dans Non, je ne danse pas ! , et impose son spectre chamarré sur tous les aspects de la pièce.
Bien sûr, les décors et les accessoires de Sophie Jacob jouent avec une palette de couleurs vives et pastels (à l’image des personnages), qui créent parfois de véritables tableaux pop art sur la scène de la Pépinière.

Les compositions de Thierry Boulanger et Patrick Laviosa jouent sur des couleurs très complémentaires, de l’hilarante polyphonie corse qui ouvre le spectacle jusqu’à la complainte blues d’une femme désenchantée. La cohabitation des styles des deux compositeurs se fait le plus naturellement du monde, et crée de véritables petits tubes qui vont vous rester longtemps en tête (comme le déjà célèbre "Tupperware", ou les réminiscences 60’s de "Pourquoi"). Les arrangements vocaux sont à ce titre d’une qualité remarquable que l’on entend malheureusement trop rarement en France.

Mais c’est le texte de Lydie Agaesse qui pose vraiment les bases de ce tableau pimpant. Son écriture, tout en subtilité et en audace, s’amuse à triturer le langage pour en tirer des jeux de mots d’une qualité rare. C’est à mourir de rire tout en restant subtil.
Bien heureusement, le livret et les paroles sont servis par un quatuor irréprochable et qui, à lui seul, devrait attirer de nombreux spectateurs habitués du théâtre musical parisien.
Tout comme pour Le Cabaret… pour lequel il s’était offert les services de la crème des comédiens-chanteurs (Denis D’Archangelo, Sinan Bertrand, Jérôme Pradon et Alexandre Bonstein), Jean-Luc Revol fait ici appel à quatre des meilleurs comédiennes chanteuses françaises (Ariane Pirie, Christine Bonnard, Florence Pelly & Magali Bonfils). Sans surprise, il tire le meilleur de ces personnalités hautes en couleurs qui illuminent la scène sans jamais se marcher sur les pieds. Ces quatre nanas bourrées de talent partagent la scène en harmonie, et cumulent leurs potentiels comiques respectifs pour faire de Non, je ne danse pas ! un véritable feu d’artifice comique et musical.

Certes, on pouvait reprocher aux premières représentations un certain flottement dans les enchaînements des saynètes qui composent la pièce, mais à n’en pas douter, le spectacle est aujourd’hui rôdé et exempt de ces petites imperfections.

Une pièce qui revient de loin

Écrite il y a près de quinze ans par Lydie Agaesse, la pièce était restée dans les tiroirs depuis une recherche de producteur infructueuse.
C’est à l’appel de Cathy Sabroux et Jacky Azencott (réseau Diva) que Jean-Luc Revol et Florent Pelly ont ressuscité le texte pour le besoin des lectures Diva. Un hasard qui fait bien les choses puisque la Pépinière théâtre a été immédiatement séduit par le texte de la pièce et a pris l’initiative de la monter cette année.

Pour la petite anecdote, Non, je ne danse pas ! est en outre la première comédie musicale coproduite par des internautes par le biais du tout nouveau site MyShowMustGoOn, qui permet aux amateurs de théâtre de prendre des parts dans la production de divers spectacles musicaux ou non.
La Nuit d’Elliot Fall, prochaine création de Jean-Luc Revol, à venir sur la scène du Vingtième Théâtre à la rentrée prochaine, réitérera l’expérience et vous invitera à cofinancer la création de la pièce !
Restez attentifs, car à n’en pas douter, le metteur en scène prouvera une fois de plus que les Français savent créer des comédies musicales de qualité !

En attendant, oubliez un peu la rigueur de l’hiver en allant vous réchauffer aux couleurs de Non, je ne danse pas !, une pièce de fille qui fera rire les gars et grincer les dents des machos !

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