Un an après la sortie de la première partie, Wicked est de retour au cinéma pour la suite des aventures d’Elphaba et Glinda. Désormais séparées, l’une paria enfuie avec le grimoire du magicien d’Oz et l’autre devenue une figure populaire de la cité d’Émeraude, leur amitié est mise à rude épreuve.
Depuis plus de 20 ans, le Gershwin Theatre de New York accueille les aventures des deux sorcières du Pays d’Oz, Elphaba et Glinda, pour le plus grand bonheur des amateurs de comédie musicales. La première partie de Wicked, réalisée par Jon M. Chu (In The Heigths), est sortie l’hiver dernier au cinéma ! Bénéficiant d’un casting composé de Cynthia Erivo, Ariana Grande, Jonathan Bailey, Michelle Yeoh ou encore Jeff Goldblum, et après un premier opus réussi, la deuxième partie du prequel du Magicien d’Oz est-elle à la hauteur des attentes ?
L’avis de Fabrice :
Après un an d’attente savamment entretenue par une campagne de communication millimétrée, Wicked, Partie 2 arrive enfin en salles. La question était sur toutes les lèvres : cette seconde moitié, consacrée à l’acte II de la comédie musicale, allait-elle tenir la comparaison avec le premier volet, salué pour son souffle, son intensité et la découverte d’un univers visuel foisonnant ? Sans crier au chef-d’œuvre, on peut affirmer sans détour que la déception n’est pas au rendez-vous. Le film offre un moment généreux, souvent émouvant, et visuellement encore plus abouti que son prédécesseur.
L’acte II du musical d’origine, plus resserré et parfois plus creux en matière d’intrigue, laissait planer un doute quant à la pertinence d’un découpage en deux films. Cette crainte se retrouve par moments : le récit s’allonge, se dilue légèrement, et certains passages auraient gagné à être resserrés pour éviter les ruptures de rythme. Avec plus de deux heures au compteur, le film souffre parfois d’une dynamique en dents de scie.
La production a toutefois redoublé d’efforts pour contourner cet écueil et densifier l’histoire. De nouvelles chansons viennent enrichir l’ensemble, tout comme un travail plus poussé sur les relations entre les personnages. Les flashbacks d’enfance, déjà appréciés dans le premier opus, sont réutilisés. Glinda quitte son comportement superficiel pour explorer une psychologie plus profonde et nuancée, parfois en opposition, éclairant des motivations plus profondes. Une manière habile d’augmenter l’épaisseur dramatique tout en créant des respirations émotionnelles. Le casting — déjà salué dans le premier film — continue de porter le récit avec intensité. Le film joue également pleinement la carte de la nostalgie : reprises de thèmes musicaux familiers, paroles adaptées, scènes conçues en miroir du premier volet…
Les hommages au Magicien d’Oz et à l’univers de la comédie musicale constituent également un réel plaisir : clins d’œil assumés, références visuelles et musicales, brillamment intégrés sans verser dans le simple fan-service. La direction artistique de ce second volet demeure un coup d’éclat. L’ambiance est souvent plus sombre que dans le premier opus, pourtant on continue d’en prendre plein les yeux. Les costumes sont tout simplement époustouflants. Les arrangements musicaux offrent un nouveau souffle aux compositions originales : reprises discrètes des accompagnements connus, réorchestrations qui font vibrer les fidèles du musical, et plusieurs séquences qui comptent parmi les plus fortes de la saga. Le moment « No Good Deed » se démarque particulièrement : un sommet visuel et musical, d’une puissance dramatique incontestable. Et bien sûr, le très attendu « For Good », réarrangé avec sensibilité, parvient encore une fois à toucher nos cœurs. Les fans ne manqueront pas de frissonner devant la dernière image du film, clin d’œil à l’affiche du spectacle, comme un ultime salut.
Wicked, Partie 2 n’est pas exempt de longueurs, ni toujours parfaitement équilibré, mais il offre un final ample, respectueux et parfois bouleversant à cette fresque déjà culte. Porté par une esthétique somptueuse, une musicalité repensée avec soin et un sens du détail qui ravira les connaisseurs, le film réussit à transformer la nostalgie en moteur émotionnel. Un deuxième acte généreux et sincère, et qui mérite pleinement sa place dans la légende d’Oz revisité.
L’avis de Ségolène :
Après une première partie enthousiasmante, j’attendais ce film avec impatience. Il se révèle cependant lent au démarrage et moins surprenant que le précédent. Cela reste cependant un délice de redécouvrir toutes ces chansons cultes dans de nouveaux arrangements et interprétations.
Malheureusement, le propos plus sombre de l’histoire n’est pas retranscrit avec toute la noirceur qu’il devrait à l’écran. Contrairement à la première partie, la surenchère rose bonbon finit par lasser et tous les espoirs de voir Ariana Grande abandonner sa robe de princesse resteront vains. Le contexte politique instable d’Oz aurait pourtant été le prétexte idéal pour une réflexion plus profonde sur la manipulation médiatique, le racisme et la corruption. Contrairement à Michelle Yeoh parfaite en Mrs Morrible, Jeff Goldblum campe un magicien trop lisse, aux motivations floues, ni assez hypocrite, ni assez fou.
Parmi les ajouts faits par rapport à la narration du spectacle, la délicate référence au magicien d’Oz avec la nouvelle chanson « There’s no Place like Home » est sans doute la plus marquante. Il est dommage que ces rajouts n’aient pas également servi à étoffer davantage l’évolution de caractère de Glinda dont le revirement apparait encore comme trop soudain. Malgré l’ajout d’une chanson pour sa prise de conscience, il reste difficile de croire à sa soudaine rébellion.
On retiendra cependant la superbe séquence de « No Good Deeds » où Elphaba déchaine sa fureur dans un superbe château en ruines, entourée d’une nuée de singes volants et une superbe interprétation de Cynthia Erivo dont on ne se lassera pas de sitôt.
L’avis de Romain :
Tout d’abord je dois avouer que Wicked n’a jamais fait partie de mes comédies musicales. Si je reste admiratif de son succès et que j’adore certaines chansons, je trouve la partition plutôt inégale et le livret un peu trop précipité. L’idée donc d’en faire deux films me semblait plutôt bonne afin de permettre de développer certaines intrigues que je trouve expédiées dans la version scénique, notamment au deuxième acte. J’avais d’ailleurs été très agréablement surpris par le premier film, malgré des petites longueurs, et avais hâte de découvrir le second opus.
Malheureusement ce film combine les défauts du deuxième acte avec ceux du premier film. Les passages qui auraient mérité d’être approfondis ne le sont presque pas mais chaque scène est étirée au maximum, sans vraiment raconter quelque chose de plus. Au final, le film devient inutilement long et pourrait facilement être tronqué d’une grosse demi-heure sans que l’histoire en pâtisse. Les deux chansons écrites spécialement pour l’occasion n’apportent rien de nouveau à l’ensemble et n’ont pas un grand intérêt musicalement parlant. C’est d’autant plus dommage que les thèmes abordés dans ce film sont en résonance directe avec le monde actuel et auraient mérité d’être traités avec plus de soin.
Seul ajout significatif par rapport au spectacle est la profondeur ajoutée au personnage de Glinda que j’ai toujours trouvé peu présente dans le deuxième acte malgré une belle évolution de sa part. Ariana Grande excelle dans ce film et s’épanouit pleinement en tant qu’actrice. À l’inverse, Cynthia Erivo se trouve presque reléguée au second plan où elle est cruellement sous-exploitée. Par ailleurs, son « No Good Deed » offre le plus beau moment du film. Quelle voix ! Le reste de la distribution s’en sort toujours très bien (mention spéciale pour Jeff Goldblum et son numéro « Wonderful ») et les décors et les costumes sont splendides, même si pas toujours mis en valeur par l’éclairage. Au final je n’ai pas passé un mauvais moment, mais le soufflé retombe un peu après la réussite du premier opus. Dommage.
