Interview : Anaïs Delva et Alexandre Faitrouni sont « Hansel & Gretel » (Partie 2)

Temps de lecture approx. 10 min.

Anaïs Delva et Alexandre Faitrouni interprètent "Hansel et Gretel" au Palais des GlacesComme vous avez pu le lire dans la première partie de notre entretien, Anaïs Delva et et Alexandre Faitrouni sont des passionnés de leur métier. A notre demande, ils expriment leur vision du théâtre musical en France. Anaïs revient sur son expérience avec les studios Disney, avant d’aborder ses projets futurs. Ils sont tous les deux actuellement à l’affiche du spectacle Hansel et Gretel au Palais des Glaces, de Paris. 

Musical Avenue : que pensez-vous du spectacle musical actuellement en France ?

Anaïs : C’est très dur en France, car ce n’est pas encore culturel. C’est parfois difficile de combler les salles comme en Angleterre ou aux États-Unis. Maintenant, les gens se battent pour que ça continue à exister et je trouve ça important. Et j’ai envie que cela continue encore très longtemps.

Alexandre : Il y a des talents chez nous. Ça reste une discipline qui est difficile, qui n’est pas accessible à tout le monde. On a un panel d’artistes incroyables chez nous qui ne sont mis en valeur que par moments.

Anaïs : Moi, je suis un peu triste qu’on n’ait que peu de création pure. Au moins sur Hansel et Gretel, même si c’est une adaptation, il y a des créations de chansons, une vraie adaptation. J’ai adoré aussi le spectacle de Salut les Copains avec des reprises. Mais c’est vrai que j’aimerais voir plus de créations avec des chansons originales ou en tout cas, qu’on donne les moyens aux gens de créer ces spectacles. Il y a plein de gens qui font des super livrets, de belles chansons mais il n’y a pas de moyens pour eux.

Alexandre : C’est dur en ce moment de produire un spectacle, Remplir une salle, c’est compliqué. C’est un tout qui fait que ça peut être un danger pour le spectacle en général. Alors que le public a besoin de ça.

Anaïs : Oui et il faut faire confiance au vrai livret. Il ne faut pas toujours céder à la facilité et vouloir écrire des choses drôles. J’aimerais voir plus de spectacles avec de vrais propos. Les gens peuvent aussi aimer des choses qui ne sont pas tout le temps comiques. Je suis aussi triste de voir que les artistes de spectacles musicaux sont encore considérés ni comme des comédiens, ni comme des chanteurs à part entière. Je ne comprendrais jamais pourquoi on ne peut pas être de vrais comédiens et de vrais chanteurs sur un spectacle musical. Oui, on peut être pluridisciplinaire. On est comédien et chanteur. On a la double casquette comme dans n’importe quelle entreprise où quelqu’un peut avoir une double fonction aussi.

Alexandre : Et puis selon les demandes, parfois on va plus chanter, parfois on va juste jouer. On sait faire les deux. Les temps sont tellement durs au niveau du travail, alors heureusement qu’on peut chanter et qu’on peut jouer. Etre pluridisciplinaire est à notre avantage dans cette perspective. On a plus d’opportunité de travail, il faut le dire.

M.A : Anaïs, La Reine des Neiges, c’était ton premier doublage ?

Anaïs : Non, ça fait un moment que je fais du doublage. Claire Guyot (comédienne et chanteuse qui a notamment joué en alternance avec Sophie Delmas dans Mamma Mia, ndlr) est venue me voir pour me proposer d’en faire et j’ai dit oui. Ca m’intéressait avant mais c’est un monde très fermé. Elle m’a proposé d’observer plusieurs fois, puis ensuite de faire un essai… Et l’essai s’est très bien passé. Du coup, on a bossé ensemble. J’ai fait des ambiances, des petits rôles, j’ai fait mes armes comme ça. J’ai appris sur le tas. Puis j’ai passé des essais qui ne se sont pas toujours concrétisés. Et un jour on m’a appelé pour La Reine des Neiges. C’est Claude Lombard (interprète notamment de nombreux génériques de dessins-animés, ndlr) qui est la directrice artistique pour les chansons. Elle a un c.v. incroyable et une générosité hors du commun.

Anaïs : J’ai en fait, passé un essai pour le rôle d’Anna. Anna, c’était facile, car c’est moi dans la vie… ce côté maladroit. J’ai été sélectionnée pour faire Anna. Et un jour, je reçois un appel de Claude qui me dit : "Anaïs, tu fais toujours Anna, mais ils aimeraient bien t’entendre sur une chanson d’Elsa, "Let it go" chantée par Idina Menzel aux États-Unis. C’est un grand plaisir car je suis une fan d’Idina Menzel. Du coup, j’y vais, j’enregistre la chanson et quelques temps après, on m’appelle et on me dit : "Ne t’angoisse pas, tu fais toujours Disney, mais tu ne fais plus Anna, tu fais Elsa !". J’étais ultra heureuse car c’était un contre-emploi pour moi. Autant Anna est proche de moi, autant pour Elsa, il fallait que je change ma voix. Il fallait que j’aille dans la maturité. Je n’avais pas l’habitude. En tant que voix, je faisais plus souvent des ados. Elsa est jeune mais c’est la grande sœur. Elle est posée, renfermée sur elle-même. Je me suis éclatée. C’était un vrai rôle de composition. Il fallait que j’aille à l’encontre de ce que je suis.

M.A : Quelle est la principale difficulté du doublage ?

Anaïs : Il faut coller à la version originale mais sans faire du copier-coller car on n’a pas les mêmes intonations en France qu’aux U.S. On est obligé de mettre des intonations françaises, mais en collant aux lèvres des personnages. Des fois les adaptations ne sont pas toujours propices à ce que ça colle bien. Il faut se débrouiller avec ça. Ce n’est pas toujours facile. Après ce qui n’est aussi pas facile par rapport à la scène, c’est le manque de retour en direct. Sur scène, on sent comment le public réagit ou ne réagit pas justement. Alors que là, on est derrière son micro, on ne sait pas ce que ça va donner. C’est plus angoissant. Et encore plus pour un Disney, on sait que ça va rester pour des générations et des générations. Mais bon, Disney ne laisse pas passer des trucs nuls.

M.A : Et sur la version québécoise, c’est aussi toi qui double ?

Anaïs : Je ne fais que la voix chantée. Je ne fais pas la voix parlée. Je n’ai pas l’accent québécois! On a juste gardé ma voix pour les chansons et ils ont pris une comédienne pour raccorder. C’est le même principe que pour Raiponce, c’était Sophie Delmas qui faisait la voix chantée de la mère et Isabelle Adjani la voix parlée. J’étais enchantée. C’était un rêve de gamine ce projet.

M.A : Qu’est-ce qu’il a changé justement ce projet dans ta vie ?

Anaïs : Franchement, je ne crois pas en l’avant-après. Ça, c’est nous qui le créons. La différence, c’est qu’avant j’avais le public de Dracula, plutôt grands ados, la vingtaine. Maintenant j’ai plus d’enfants, ça a élargi ce panel-là. Je suis très contente car je suis attachée à cet univers de l’enfance. C’est le meilleur public du monde. Ce sont les plus honnêtes. Quand c’est nul, ils le disent. J’adore ! C’est aussi une sacrée ligne au niveau crédibilité dans un C.V, avoir fait un Disney ! Des princesses Disney, il y a en douze. C’était un rêve de gamine que j’ai réalisé. J’avais deux rêves de gamine. Le premier c’était de faire de la comédie musicale et l’autre, d’être une princesse Disney. Ca y est, je les ai fait. Maintenant il faut passer aux rêves de grand…

M.A : Tu as eu l’occasion de rencontrer Dany Boon, tu n’as pas essayé de le convaincre un peu de faire du spectacle musical ?

Anaïs : (Rires) je ne crois pas que ça l’intéresse. Mais il chante ! Il se débrouille vachement bien ! C’est un super artiste et il est d’une gentillesse… On a fait la promo ensemble et il est vachement humain et simple. Ca fait du bien, surtout dans ce milieu où il y a beaucoup de gens qui n’ont même pas fait le quart de la moitié et qui ont un ego énorme. Lui est un comédien reconnu, une grande figure du paysage cinématographique français et il est juste simple et gentil.

M.A : On en va pas vous laisser partir sans un scoop. Savez-vous où vous serez la saison prochaine ? Serez-vous en vampire ? Habillés façon années 20 au Casino de Paris ?

Anaïs : On sait potentiellement où on pourrait être…
Alexandre : On sait aussi où on ne veut pas aller…
Anaïs : Mais on ne peut pas encore en parler. Tout peut encore bouger.
Alexandre : Rien n’est définitif.
Anaïs : Mais on a du travail à la rentrée. Mais bon pour info, de mon côté, je ne serai pas en vampire ! Moi c’est déjà fait, je connais ! (rires)
Alexandre : Là, c’est le moment de l’année où on a des idées, mais rien n’est fixé encore.

Nous adressons un immense merci à Anaïs et Alexandre d’avoir répondu à nos questions avec la sincérité et la bienveillance qui les caractérise. Grâce à cet entretien, nous avons pu découvrir et mieux connaître ces deux artistes qui sont en train de prendre une vraie place dans le paysage du théâtre musical en France.


Hansel et Gretel, conte populaire, recueilli par les frères Grimm. 
Une comédie musicale de Guillaume Beaujolais, Fred Colas et David Rozen

Jusqu’au 30 mars : Samedi, dimanche à 11h et vacances scolaires (horaires variables suivant les jours), puis du 12 au 28 avril du mardi au dimanche à 14h

Au Palais des Glaces
37 rue du Faubourg du Temple
75010 Paris  

Direction Musicale, paroles et musique : Fred Colas. Dialogues : Guillaume Beaujolais. Miase en scène : David Rozen. 

Avec : Anaïs Delva, Alexandre Faitrouni, Rochelle Gregorie, David Koenig et Céline Esperin

Billets en vente dans les points de vente habituels et au Palais des Glaces

 

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