Interview : Sandrine Mouras, directrice de Stage Entertainment France

Temps de lecture approx. 7 min.

A l’occasion de la création de Zorro, le musical sur les planches des Folies Bergère de Paris, Sandrine Mouras, directrice de Stage Entertainment France nous a accordé une interview exclusive.
Elle revient évidemment sur l’aventure Zorro, et confirme officiellement la création de Mamma Mia! pour l’année prochaine. Elle exprime son opinion sur l’avenir du théâtre musical en France, n’excluant pas de créer un projet 100% Français dans les années à venir.

Que pensez-vous de ce Zorro "made in France" ?

Je suis très fière du show que nous présentons à Paris concernant Zorro. J’ai eu un coup de foudre pour le spectacle, parce que l’histoire est étonnante, tout comme les décors, la mise en scène, les costumes…
Nous avons travaillé avec toutes les équipes créatives pour réadapter le spectacle aux goûts du public français.

Avec Chris Renshaw, le metteur en scène, nous avons retravaillé le côté théâtral et l’histoire de façon à renforcer la dramaturgie.
Nous voulions également présenter au public français un niveau de danse flamenco qui réponde aux attentes, car nous sommes plus exigeants du fait de notre culture latine. Nous avons travaillé avec le chorégraphe Rafael Amargo pour mettre la barre assez haut, et je pense que le résultat est très prometteur.
Nous avons également travaillé avec les Gipsy Kings afin qu’ils créent de nouvelles chansons pour le territoire français. Nous avons deux nouvelles chansons par rapport au show de Londres, des ballades interprétées par Zorro (Laurent Bàn) et par Luisa (Liza Pastor), la jeune première du spectacle.

C’est tout une transformation : nous avons renforcé les cascades, notamment les combats à l’épée, et les effets spéciaux, puisque le théâtre nous permettait de faire des choses assez surprenantes. C’est un spectacle qui va surprendre le public."

En termes de billetterie, les objectifs sont-ils atteints ?

A ce stade, nous sommes au-delà de ce qui s’est passé pour Cabaret ou Le Roi Lion à la même époque, avec 20 000 billets vendus. Nous avons pris la décision de produire Zorro relativement tardivement, puisque c’était au mois de février. Nous avons lancé le processus sur les six derniers mois, et avons commencé à communiquer très récemment. Nous sommes très heureux, car les tendances sont très positives. Nous espérons que le bouche à oreille va fonctionner et que le théâtre sera plein.

Le musical anglo-saxon est en train de s’imposer en France. Comment voyez-vous l’avenir de ce genre ?

Ça a été un pari ambitieux d’installer Stage Entertainment en France, parce que les comédies musicales de Broadway sont culturellement des modèles qui sont développés très fortement en Angleterre, en Allemagne, en Hollande, en Italie ou en Espagne mais pas du tout en France.

Nous voulons présenter des spectacles complets avec du théâtre, du chant, de la danse, le tout en live et qui soient adaptés par des Français pour avoir des dialogues et des parties d’humour relatives à notre culture. Il faut également réadapter les mots et les textes pour que la musicalité de la langue française, qui n’a rien à voir avec celle d’autres pays, ressorte.

Le public français va plus naturellement voir une pièce au théâtre, c’est plus difficile de choisir une comédie musicale ou du théâtre musical. C’est en quelque sorte un nouveau genre, et nous sommes très heureux de voir des familles entières venir au théâtre sans pour autant en avoir l’habitude. Cela ouvre sur un nouveau public, beaucoup plus large en termes d’audience. Le bouche à oreille sur Le Roi Lion est très important et très positif, et c’est ce qui nous permet d’être confiants pour Zorro. Nous espérons en effet avoir les mêmes retours positifs, pour confirmer que le public reconnait ce nouveau modèle.

C’est un grand moment de plaisir, de divertissement et il faut que le spectateur puisse sortir d’une comédie musicale avec l’envie d’aller en voir une autre. Les gens sont enthousiastes, ils parlent de plaisir, de moments spectaculaires, et c’est exactement ce que nous recherchons dans nos spectacles.

Une campagne d’auditions pour l’adaptation française de Mamma Mia! a été lancée. Est-ce que cette nouvelle signifie l’arrêt prochain du Roi Lion ?

Le Roi Lion est reparti pour une troisième saison, c’est nouveau pour nous et qui peut dire si nous allons avoir une quatrième, ou une cinquième saison ? Le spectacle court depuis plus de dix ans à Londres et en Allemagne, plus de quinze à Broadway et je serais ravie de prolonger. Aujourd’hui, nous savons que nous allons créer Mamma Mia!, des options ont été posées dans un certain nombre de salles, des théâtres évidemment.

Est-ce qu’un jour on pourrait voir des spectacles inédits, écrits par des Français et produits par Stage Entertainment France, à l’instar de ce qui se fait à Londres avec Sister Act, par exemple ? À quel horizon ?

Tout dépend des opportunités, de la qualité des projets. On nous propose un certain nombre de projets, et cela fait partie des développements possibles de Stage Entertainment en France. Quoiqu’il en soit pour l’instant, nous essayons de faire découvrir des spectacles qui ont été des succès, des valeurs sûres. Le Roi Lion, c’est 40 millions de spectateurs, Mamma Mia, plus de 45 millions. Quand on arrive avec un projet comme celui-ci, ça rassure les médias et le public. C’est plus facile que de créer, et il faut aussi que des auteurs et des compositeurs naissent en France.

Depuis trois ou quatre ans, nous remarquons déjà une certaine professionnalisation des auteurs, qui de plus en plus essaient de travailler les livrets. Il est vrai qu’en France, la culture du musical est davantage organisée autour de la musique. On commence par composer un album, et autour on crée une histoire et une dramaturgie. Nous suivons un processus inverse, créant d’abord une histoire, puis des chansons pour la servir, la faire avancer, et il en va de même pour les chorégraphies.

Petit à petit, de plus en plus de jeunes artistes, comme Liza Pastor, travaillent le chant, la danse, et la comédie.

J’espère que dans un, deux ou trois ans, nous serons capables de produire un projet inédit en France. Déjà Zorro, c’est un pas en avant puisque nous avons recréé près de 60 % du spectacle.

N’est-ce pas risqué de parier sur Zorro, qui n’a finalement vécu qu’une unique saison, certes prometteuse, à Londres ?

C’est un projet ambitieux, un pari que nous avons fait au niveau international et en France. Nous lançons le spectacle dans l’Hexagone et ensuite cette version servira de base pour les autres pays. A priori, Zorro sera développé en Allemagne, en Italie, en Espagne, aux Etats-Unis, en Russie. C’est Stage Entertainment qui va assurer le développement à l’international, à part peut-être pour New-York.

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