Critique : « Mistinguett, Reine des années folles » au Casino de Paris

Temps de lecture approx. 5 min.

Critique : "Mistinguett, Reine des années folles" au Casino de ParisAutant vous le dire d’emblée, nous sommes sortis du Casino de Paris avec un avis tranché sur Mistinguett, Reine des années folles.  Le moins qu’on puisse dire c’est que le spectacle musical narrant un épisode de la vie de Mistinguett, mais aussi l’histoire du casino de Paris (les deux étant intimement liés) ne nous a pas laissé indifférents. Puis après avoir laissé se dissiper les émotions qui nous ont submergées, nous nous sommes interrogés sur les raisons et les arguments qui nous permettaient d’affirmer notre point de vue.

Peut-être est-ce pour la révélation de ce spectacle qu’est Carmen Maria Vega… La chanteuse (avec à son actif, trois albums dont un hommage à Boris Vian) se révèle être une excellente comédienne. Bien qu’ayant une élocution (trop) rapide au début de la première scène, la faisant "accrocher" sur certains mots (le stress ?), elle interprète une Mistinguett résolument moderne au caractère bien trempé, mais totalement en phase avec son époque. Nous pouvons appliquer le compliment à toute la troupe car tous les rôles principaux, les hommes de Mistinguett, sont aussi bons chanteurs que comédiens.

Et du texte à défendre, les artistes en ont… beaucoup ! Chose qui a fortement pesé dans la balance de notre prise de position. Mistinguett, Reine des années folles porte bien son qualificatif de comédie musicale. Là ou d’autres productions se contentent d’une phrase de liaison entre deux chansons (on pourrait citer des noms mais ne comptez pas sur nous !), le spectacle se dote d’un vrai livret et d’une véritable intrigue… certes simples, mais efficaces ! De plus, l’écriture de Jacques Pessis et Ludovic-Alexandre Vidal est de qualité. Certains spectateurs ont déploré le manque de numéros chantés et dansés au profit de "l’acting"… Mais n’est-ce pas le fait de raconter une histoire qui différencie la comédie musicale de la revue ? Pour nous, la réponse est toute trouvée. Si l’on veut être tout à fait honnête, il est vrai que nous avons préféré le second acte, certes plus dynamique. Mais le premier acte nous plonge dans l’ambiance des années folles, nous présente les personnages et amorce l’intrigue, ce qui joue dans la qualité de la narration. Enfin les chansons sont au service de l’histoire et non l’inverse, comme c’est trop souvent le cas dans d’autres productions (on pourrait encore vous les citer, mais n’insistez pas !).

Enfin, pour son premier essai, François Chouquet signe une mise en scène soignée et variée. Il alterne en effet, les tableaux chargés de nombreux artistes sur scène ("L’homme infâme" mené par un Fabian Richard époustouflant dans le rôle du mafieux) et les scènes dépouillées. Ainsi, celle de "Oser les larmes" est notre moment préféré du spectacle. Cette finesse se retrouve aussi dans le parti pris de faire jouer à Grégory Benchenafi, deux personnages. Vous découvrirez qu’il n’y a nulle raison économique dans ce choix.

C’est pour ces raisons et beaucoup d’autres (on pourrait aussi vous parler pendant des heures de Cyril Romoli, incarnant jacques Charles, metteur en scène et souffre douleur de Mistinguett, de la formidable équipe de danseurs dynamiques menée par Guillaume Bordier,  du final incroyable…) que l’on peut l’affirmer sans aucune retenue : oui, nous avons aimé et même adoré Mistinguett, Reine des années folles. C’est la preuve que l’on peut produire un spectacle populaire et de qualité sans forcément passer par la surenchère de moyens (rassurez-vous : De moyens, le spectacle en regorge, ils sont simplement intelligemment dosés et utilisés), ni se produire dans des Zéniths ou autres grands hangars sans âme.



Notre seule interrogation porte sur le coeur de cible des spectateurs que le spectacle cherche à attirer.
En effet, les séniors, pour qui le nom de Mistinguett est familier, pourraient être décontenancés par la musique des années vingt, remise au gout du jour. Tandis que le public jeune devra faire un effort de curiosité pour acheter son billet sur un nom de chanteuse ne lui évoquant pas grand chose.
Pourtant, une fois ces obstacles passés, l’un comme l’autre pourraient être séduits par l’envergure et l’excellente facture du spectacle. Il serait bête de passer à coté. Alors faites comme nous, n’hésitez pas !

Photos : Julien Vachon pour Musical Avenue


Mistinguett, Reine des Années Folles de Jacques Pessis, François Chouquet et Ludovic Alexandre Vidal.
 

Du 18 septembre au 4 janvier 2015
 
Au Casino de Paris
16 rue de Clichy
75009 Paris
 
En tournée en France et Belgique à partir de 2015

Composition des chansons originales : Jean-Pierre Pilot & William Rousseau

Paroles : Vincent Baguian
 
Mise en scène : François Chouquet
Chorégraphie : Guillaume Bordier

Costumes : Frédéric Olivier
Décors : Bernard Arnoult
 
Avec Carmen Maria Vega, Fabian Richard, Cyril Romoli, Grégory Benchenafi, Patrice Maktav, Mathilde Ollivier

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