Critique : "Rated P for Parenthood" au Westside Theatre Upstairs, à New York

Temps de lecture approx. 6 min.

Critique : "Rated P for Parenthood" au Westside Theatre Upstairs, à New YorkLes parents. Si vous n’en voyez pas assez en vrai (que ce soit les vôtres ou non), vous les rencontrez dans des séries comme The Brady Bunch, des films avec Eddy Murphy ou des centaines de magazines ou blogs. Aujourd’hui cependant, les parents sont enfin le brillant sujet d’un nouveau musical à sketch, Rated P for Parenthood, au Westside Theatre Upstairs à New York, depuis le 29 février.

Bien sûr, les parents sont le sujet central de comédies musicales familiales signées Disney ou de spectacles sérieux comme Next To Normal, mais force est de constater que la parentalité est déjà assez difficile en soi, nul besoin d’avoir recours à une approche enfantine mielleuse ou à de sombres drames. Pourquoi pas, donc, un musical drôle et moderne pour ceux qui ont envie de passer un bon moment ? La soirée parfaite pour des parents (ou pour ceux qui sont en âge d’en cerner les affres) est Rated P.

Même s’il n’y a pas d’intrigue continue tout au long de la pièce, ces amusantes vignettes musicales suivent des étapes aussi prévisibles que celles du célèbre jeu de société LIFE de Hasbro : naissance, école, adolescence puis enfin, études supérieures… Pourtant, ces segments eux-mêmes sont bien plus imprévisibles et distrayants que n’importe quel jeu ou film sur le sujet, grâce à des chansons et des saynètes pleines d’esprits, d’excellents décors et transitions ainsi qu’une distribution admirablement douée et versatile.

La diversité des chansons et des scènes constitue la liste de lecture et l’ambiance idéales pour la soirée. De la musique simple, souvent rythmée, composée par le duo de choc Dan Lipton et David Rossmer (Matchbook, et co-auteurs de Don’t Quit Your Night Job) couvre tous les genres, du rap à la country en passant par le rock et le style comédie musicale le plus typique. Sandy Rustin fait ici ses débuts en tant qu’auteur du livret et des paroles qui collent tant à la réalité que l’on ne peut s’empêcher d’acquiescer et de rire face à cet humour ravageur.

Le spectacle ressemble à un concours d’improvisation sur le thème de la parentalité en un peu moins spontané, auquel aurait été ajoutés un orchestre talentueux et d’efficaces chorégraphies de Rachel Bress (qui a travaillée sur les séries Pan Am et Sex And The City). On notera en particulier un rap plein de funk exécuté par un jeune blanc et quelques numéros dignes de "rockstars", mettant en avant des parents cheveux (et culottes) au vent qui rêvent d’aventure en envoyant leurs rejetons en colonies de vacances.

Parfois, le spectacle devient même touchant avec de beaux numéros évoquant combien les parents aiment leurs enfants et (en fin de compte) combien ces derniers le leur rendent bien. Le plus souvent cependant, la nature caricaturale de ces sketchs, dans la veine du Saturday Night Live, ainsi que l’énergie des chansons nous fait regretter l’absence d’un deuxième acte.

Pourtant, ce spectacle en un acte au rythme effréné, d’un peu moins de 90 minutes, a une durée idéale pour une soirée distrayante au théâtre, notamment grâce aux décors imaginatifs et aux astucieux et brefs changements scéniques. Le décor de base est constitué d’écrans carrés qui, lorsqu’ils sont en marche avec les créations de Michael Gottlieb (Lysistrata Jones), fournissent des fonds colorés pour l’espace flexible de la scène. Des chaises et des tables multifonction forment le reste du décor de Steven Capone et deviennent tour à tour lit d’hôpital ou voiture. Ces éléments, combinés aux accessoires de Jeena Yoon, sont habilement manipulés par les comédiens qui donnent vie à ces objets en quelques secondes.

Sans faille, la méticuleuse mise en scène de Jeremy Dobrish (Signs of Life ; The Joys of Sex) prévoit de multiples entrées et sorties de scène, permettant de nombreux changements de costumes (Emily DeAngelis, Myths and Hymns) qui transforment les acteurs en parents, enseignants, enfants ou autres personnages gravitant dans l’orbite familiale.

L’attention du public ne se relâche pas, même durant quelques transitions plus longues qui donnent lieu à d’astucieuses trouvailles. D’abord, deux écrans au-dessus de la scène montrent d’hilarants échanges entre parents par SMS (imaginez le correcteur automatique), puis, de courts sketchs de messages d’utilité publique détournés qui provoquent les rires du public. Les scènes se succèdent de manière si fluide que nulle place n’est laissée à l’ennui.

Quelle meilleure compagnie pour cette sortie que cette troupe polyvalente, formée de deux femmes et de deux hommes ? Joanna Young (The Drowsy Chaperone ; Grease) a une voix claire qui convient parfaitement, étrangement, aux rôles maternels attachants comme aux personnages adolescents. Chris Hoch (La Cage Aux Folles ; Shrek) et David Josefsberg (The Wedding Singer ; Grease) couvrent l’ensemble du spectre des rôles masculins.

Hoch est meilleur dans le portrait caricatural d’adultes comme le proviseur ou le professeur de sport alors que Josefsberg, qui joue souvent des ados, peut également incarner de façon incroyable un mari touchant, comme sur "Morning Love Song". Ensemble, ils se partagent quelques-unes des meilleurs scènes, comme le rap déjà mentionné, lors d’une réunion parents-professeurs.

Encore plus que les autres cependant, Courtney Balan ([title of show] ; The Marvelous Wonderettes) est sensationnelle. Qu’elle soit sous les traits d’une fougueuse grand-mère ou d’une mère en rendez-vous dans une maternelle, son timing comique est parfait. Sa voix expressive arracherait presque des larmes lors de la prière d’une jeune femme qui vient de perdre sa mère, et son interprétation comico-lyrique de "Driving in D Minor" est le clou du spectacle. Chaque acteur interprète tellement de rôles que nous avons l’impression d’une soirée passée avec une multitude de personnages et non uniquement quatre comédiens dont on adore les différentes personnalités.

Finalement, les lumières se rallument au Westside Theatre et Parenthood s’achève. Rapidement, la réalité des conflits parents-enfants refait surface, ainsi que les problèmes d’orthodontiste ou de soutien scolaire. Grâce &agrave
; Rated P for Parenthood, le souvenir de ces sketchs vous apportera le sourire aux lèvres
. Quel meilleur cadeau lors d’une sortie au théâtre ?

Crédits photos : Carol Rosegg

Lire la version originale de cette critique

Le site du spectacle : www.ratedpthemusical.com


Rated P for Parenthood, de Dan Lipton, David Rossmer et Sandy Rustin

Westside Theatre Upstairs
407 West 43rd Street, Manhattan, New York

Livret et paroles : Sandy Rustin, Musique : Dan Lipton et David Rossmer, Mise en scène  : Jeremy Dobrish, Chorégraphie : Rachel Bress, Décors : Steven Capone, Costumes : Emily DeAngelis, Lumières : Michael Gottlieb,  Son : Jill BC DuBoff et David Sanderson, Projection vidéo : Chris Kateff et Richard DiBella, Accessoires : Jeena Yoon; Orchestration et arrangements musicaux : David Rossmer et Dan Lipton, Directeur musical : Meg Zervoulis.

Avec : Courtney Balan, Chris Hoch, David Josefsberg, et Joanna Young.

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