Critique: Sabine Paturel dans "J'ai deux mots à vous dire"

Temps de lecture approx. 5 min.

Sabine PaturelC’est dans la salle du théâtre Rive Gauche, tout juste à moitié remplie, que l’inoubliable interprète des "Bêtises" s’apprête à jouer ce one-man-show musical dont nous avons déjà parlé, créé en 1985 par la grande Jacqueline Maillan.
D’emblée, on se demande quel est le public qui vient voir cette pièce : habitués du théâtre ? Curieux ? Nostalgiques des années 80 ? C’est en tout cas, avec la carte de la nostalgie que Sabine Paturel choisit d’ouvrir le spectacle.

Un exercice périlleux

En effet, après un sketch d’introduction, joué par ses musiciens, c’est sur les notes de "J’étais venu pour dire bonjour" d’Amélie Morin (1981) que l’artiste sort d’un paravent et interprète cette chanson. S’ensuit un monologue dans lequel, elle s’adresse aux spectateurs. Et c’est là que le bât blesse : En effet, on ne sent pas la chanteuse très à l’aise dans le périlleux exercice du stand-up. Elle semble saisie par le trac et n’arrive pas à s’en défaire. Pourtant elle y met de la bonne volonté, allant même jusqu’à faire monter sur scène une personne du public, pour interpréter de façon très suggestive une chanson de son répertoire "Ami, ami" (1990). Mais, à cause de ses gestes timides, de sa voix qui part dans les aigus lorsqu’elle doit être portée, on a du mal à y croire. 

Contresens et décalages

Son costume ne l’aide pas à se mettre dans la peau du personnage, elle est censée être une star de la chanson préparant son grand retour sur scène. Elle répète avec ses musiciens dans son salon et convie quelques amis (nous, le public) à ce moment. De par le texte, on comprend que c’est une femme mûre (elle a une fille de 25 ans), bourgeoise, habituée aux mondanités, appelant ses amis, « ma chérie » et « cher ami». Pourtant elle est habillée d’un jean déchiré, d’une chemise blanche tombante et d’une cravate noire, et a les cheveux ébouriffés. Tenue qui semble correspondre au look de Sabine Paturel, chanteuse, mais pas à celui du personnage. Ainsi, on sent comme un léger contresens entre la personne qui est sur scène et celle qu’elle est censée interpréter. C’est d’ailleurs sur ce sentiment de décalage et de confusion, que nous resterons jusqu’à la fin.

De jolies chansons et un tube incontournable

Sabine Paturel fait souvent référence à sa carrière durant cette pièce. Tout d’abord en chantant, en plus de reprises, quelques jolies chansons, pas les plus connues, de son répertoire (notre gros coup de cœur va droit à la chanson "Traces de stress", datant de 1990), mais aussi en faisant référence à son tube de 1986, "Les Bêtises", puis en l’interprétant, pour le plus grand bonheur du public, qui lui réserve une salve d’applaudissements à la fin du morceau. On retrouve son grain de voix enfantin qui nous a fait craquer pour elle, il y a quelques années. Enfin elle termine le spectacle sur un morceau des enfants terribles, "C’est la vie", qui produit un joli final. 

De bons musiciens

Le gros point fort du spectacle est sans aucun doute, le côté "live". La chanteuse est entourée d’un batteur, d’un bassiste contrebassiste et d’un pianiste. Ce groupe l’accompagne, la soutient vocalement et la porte à bout de bras. Ce qui prouve à tous les producteurs de comédies musicales utilisant des bandes orchestre qu’il n’y a pas besoin d’un orchestre philharmonique pour faire sonner "live" les chansons du livret.

Notre coup de chapeau va à Raphaël Bancou (Bonnie & Clyde) au piano, qui est presque, un deuxième personnage de la pièce, car il renvoie la balle, verbalement et musicalement à Sabine, lui envoyant deux ou trois vacheries pour faire rire le public. Attention cependant à ne pas trop en faire : durant certaines chansons, on est plus tenté de regarder de son côté que sur la scène principale. Il montre tellement son plaisir de jouer qu’il vampirise un peu la pièce. C’est en tout cas, un excellent pianiste et il possède un grand potentiel comique. 

Pour conclure, on peut se demander quelle idée bizarre Sabine Paturel a eu de se lancer dans ce projet, peut-être trop ambitieux pour elle au niveau de la comédie. N’est pas Jacqueline Maillan, qui veut. Nous aurions préféré la retrouver dans un concert avec quelques effets de mise en scène, qui aurait d’avantage mis en valeur son répertoire qui n’est pas inintéressant.


J’ai deux mots à vous dire, de Jean-Pierre Lessage

Jusqu’au 2 octobre 2010

Au Théâtre Rive gauche
6, rue de la Gaîté
75014 Paris

Avec Sabine Paturel

Musiciens : (en alternance) Raphaël Bancou, Philippe Cadou, Siegfried Courteau, Marc Giglio, François Molinari, Samuel Sené.

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