Interview : Lisandro Nesis, à l’origine d' »Ordinary Days » à la Comédie Nation

Temps de lecture approx. 6 min.
 A l’occasion de la dernière du spectacle musical Ordinary Days la semaine dernière au théâtre Comédie Nation, Musical Avenue en a profité pour poser quelques questions à l’initiateur de ce projet : Lisandro Nesis, un artiste passionné et un producteur ambitieux pour le genre du spectacle musical américain à Paris. 

 
Musical Avenue : Lisandro, comment s’est fait le choix de cette comédie, Ordinary Days d’Adam Gown ?
Lisandro Nesis : Il y a quelques temps, j’ai eu l’occasion à New York de voir Audra McDonald chanter un extrait musical d’Ordinary Days que je n’avais pas vu "I’ll be there", ça m’a ému jusqu’aux larmes (ndrl : "I’ll be there" fait partie de l’album Go Back Home d’Audra McDonald sorti en 2013).  Plus tard, j’ai rencontré, lors d’un autre voyage à New York pour mon projet de concert parisien entre artistes et compositeurs français et américains, Colton Pometta, chorégraphe et metteur en scène américain. Ce fut un déclic. Le désir d’une collaboration. Nous avons brainstormé pour réfléchir à la pièce qui pourrait naître de cette collaboration et ce fut Ordinary Days.
Ce spectacle est différent, je trouve, des autres pièces. On est, ici, dans du théâtre musical, on parle sur les mélodies. Le casting a dû se faire en adéquation pour trouver justement une équipe de chanteurs comédiens, et non seulement chanteurs. J’avais également envie de ramener un style différent. C’est une pièce très profonde et pourtant très drôle à la fois. Elle a été écrite à New York en 2006 et fait allusion aux attentats du 11 septembre. Très peu de gens repèrent cette allusion subtile. J’aime aussi la proximité, l’interactivité, que cette pièce peut engendrer avec le public qui sont aussi liées à l’espace du théâtre dans lequel nous jouons. Cela donne un esprit Broadway plus personnel, plus touchant. Ce lien direct est un des aspects qui me passionnent avec la comédie musicale américaine contemporaine et c’est pour cela que je cherche à développer, à travers mes différents projets, cet art du cabaret américain.
 
Quel est le processus pour importer à Paris une pièce Off-Broadway ?
L N : Ordinary Days est une co-production "Broadway au Carré" dont je suis le producteur, Colton Pometta et le théâtre Comédie Nation. A travers cette co-production, nous avons demandé les droits pour pouvoir jouer la pièce dans un théâtre parisien. Pour cela, nous avons adressé notre demande à l’organisation Rodgers & Hammerstein qui, entre autres, gère les licences des spectacles présents dans leur catalogue afin que ces derniers puissent être joués légalement que ce soit de manière professionnelle ou en amateur. Le deuxième organisme qui s’occupe également de l’attribution des licences des autres shows de Broadway est le Music Theatre International. Nous avons obtenu la licence, qui a un certain coût, il faut l’admettre ! Je me suis ensuite occupé de la direction de casting afin de trouver l’équipe du spectacle. Je suis très fier de cette équipe que je trouve très chouette, enrichie de John Florencio au piano qui a été un véritable soutien au projet et de Colton, qui est venu exprès sur Paris pour monter le spectacle !
 
Qu’en est-il de tes prochains projets de "Broadway au Carré" ?
L N : Le concept de base des sessions "Broadway au Carré" est simple et structuré en trois parties. Tout d’abord, un concert type cabaret de musical américain d’1 heure, ou un artiste particulièrement mis en valeur avec un concert ou un spectacle sur un thème. En deuxième partie, un open mic ouvert à tous. Et pour finir , la découverte d’un compositeur américain dont l’œuvre n’a jamais été jouée en France. Pour cette dernière partie, nous faisons une vidéo de nos répétitions et nous l’envoyons au compositeur dont nous interprétons l’œuvre afin d’avoir ses impressions et retours.
Ce qui est extraordinaire, c’est qu’au début je faisais appel aux compositeurs new-yorkais de mon propre réseau. Puis, suite à ces nombreuses collaborations, l’année dernière, j’ai organisé un concert à New York avec quelques artistes français triés sur le volet et des œuvres de compositeurs américains. C’était d’ailleurs impressionnant pour certains car c’était pour eux la première fois qu’ils se produisaient devant un public américain. Broadwayworld.com, un des grands sites de référence sur l’actualité de Broadway, a couvert l’évènement. Cela a déclenché de nouvelles rencontres avec de nouveaux compositeurs et en quelques mois, je me suis retrouvé avec près de huit compositeurs qui sont prêts à payer leur propre billet d’avion pour assister à la première européenne de leurs œuvres sur la scène parisienne!
La collaboration Paris/Broadway a été tellement mutuellement enrichissante que, par exemple sur Island Song de Carner & Gregor, lors de nos échanges pour le montage de ce spectacle en mars dernier à la Comédie Nation, j’ai fait quelques remarques sur l’attribution d’un numéro musical à un personnage plutôt qu’à un autre, et quelques semaines après, ils m’ont contacté pour me dire qu’ils avaient pris en compte cette remarque pour leur version américaine !
 
Avec désormais quelques représentations de musicals américains à Paris à ton  compteur, quel constat fais-tu concernant le potentiel du musical américain en France et l’évolution du public parisien ?
L N : En tout cas, du côté américain, ça se développe ! Nous allons partir sur la préparation de notre deuxième concert de "Broadway au Carré" à New York à la fin de l’année dans une salle encore plus prestigieuse. Je repars également sur de nouveaux projets avec Colton Pometta. Mais ce qui prouve surtout la croissance d’intérêt du public français pour cet art, c’est que désormais le Carré Parisien, qui était le fief de nos sessions "Broadway au Carré", devient désormais trop petit pour accueillir toutes nos réservations. Ainsi, ça y est, c’est officiel, "Broadway au Carré" déménage à la rentrée au théâtre Comédie Nation afin de recevoir notre public toujours plus grandissant. Et ce qui est significatif, c’est que je ne reprends pas d’œuvres américaines en version française. Ainsi, je tente différentes techniques, pour m’assurer de la compréhension du public et ouvrir nos portes au plus de monde possible, comme par exemple les sous-titrages en français, ou le séquençage du spectacle en français dans le programme pour Ordinary Days et fort est de constater que la proportion du public français est de plus en plus présent. 

En voilà une bonne nouvelle pour l’avenir de la comédie musicale américaine sur les scènes parisiennes ! Qu’en pensez-vous ?

Crédit photo : Javier Fuentes et Nicolás Fernández 

 

Margot Capespine

Margot Capespine

Etudiante en cinéma, c'est ce dernier qui m'a mené à la comédie musicale en visionnant les perles de l'âge d'or d'Hollywood. Le virus s'est développé avec une passion pour la version spectacle vivant de ce genre, jusqu'à envahir ma vie professionnelle puisque je produis les spectacles et parades d'un célèbre parc d'attractions dans l'est parisien. J'ai rejoint Musical Avenue et sa merveilleuse équipe en 2013 par envie de développer la légitimité et la popularisation de ce genre qui mérite d'être incontournable à Paris.
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