"Starmania" : 42 ans déjà !

Temps de lecture approx. 6 min.

Il y a quelques jours, Starmania, l’opéra-rock de Luc Plamondon et Michel Berger, soufflait ses 42 bougies. L’occasion de revenir sur quelques anecdotes qui ont rythmé l’histoire de ce spectacle désormais mythique, en attendant de pouvoir découvrir la nouvelle version mise en scène par Thomas Jolly à la Seine Musicale en 2022.

C’était le 10 avril 1979. Ce soir-là, au Palais des Congrès de Paris, le public s’apprêtait à découvrir pour la première fois sur scène Starmania, l’opéra-rock imaginé par Luc Plamondon et Michel Berger. En coulisses, les artistes, retenaient leur souffle… Parmi eux Daniel Balavoine, France Gall, Diane Dufresne ou encore Fabienne Thibault. Aucun d’entre eux ne s’imaginait ce soir-là que le spectacle rencontrerait un tel succès. A tel point qu’aujourd’hui encore, les chansons de l’opéra-rock sont sur toutes les lèvres et toutes les ondes. Une nouvelle version de Starmania, mise en scène par Thomas Jolly et produite par Thierry Suc, est également en préparation. Initialement prévue pour octobre 2020 à la Seine Musicale, elle a finalement – crise sanitaire oblige – été repoussée à l’automne 2022.

Quoi de mieux pour patienter que de se replonger dans quelques anecdotes marquantes qui ont jalonné la création du spectacle ?

Il se passe quelque chose à Monopolis…

L’histoire de Starmania brasse des thèmes aussi variés que la médiatisation et le star-system, l’homosexualité et le droit à la différence, le terrorisme ou encore la lutte des classes. Avant-gardiste, le tandem Berger/Plamondon ? On pourrait le croire, tant certains sujets restent actuels. Par exemple, qui n’a pas fait le lien entre le milliardaire Zéro Janvier, qui brigue la présidence de l’Occident du haut de sa Tour Dorée et au bras de l’actrice désabusée Stella Spotlight, et Donald Trump ? Les paroles de son discours électoral (« Conférence de presse de Zéro Janvier ») résonnent aujourd’hui étrangement lorsqu’on les écoute…

Pour l’anecdote, en imaginant Starmania et le duo de personnages Johnny Rockfort/Crystal, Luc Plamondon et Michel Berger se sont largement inspirés de Patricia Hearst, la fille d’un magnat de la presse américain qui, en 1974, avait été kidnappée par un groupe terroriste anarchiste avant de se rallier à leur cause. La bande à Baader a été une autre source d’inspiration. Pourtant, au départ, Michel Berger s’était montré plutôt frileux quant au fait de traiter de ces sujets lourds et très ancrés dans la réalité. Pour lui, un spectacle musical devait plutôt faire rêver les gens… Luc Plamondon l’a convaincu du contraire. Le succès de Starmania et la force de son livret lui ont donné raison.

Luc Plamondon et Michel Berger
Crédit photo : Yann Matton
 

J’m’appelle Johnny Rockfort

Il ne vous aura pas échappé que les noms des personnages de Starmania sont assez… particuliers. Et pour cause, rien n’a été laissé au hasard. Ainsi, Johnny Rockfort (outre l’allusion au fromage) sonne plutôt bien pour un nom de rebelle intervenant principalement sur des morceaux rythmés… Sans compter qu’au départ, c’était Johnny Hallyday himself qui était pressenti pour le rôle ! Stella Spotlight, elle, est la star de cinéma déchue qui s’est brûlé les ailes sous les feux des projecteurs. Crystal, « le sourire de Télé-Capitale », représente l’innocence et la pureté – du moins au départ. De son côté, Ziggy fait référence au Ziggy Stardust de David Bowie, le chanteur préféré du personnage. Quant à Marie-Jeanne, pour qui « le monde est stone »… y a-t-il besoin de faire un dessin ?

The World is Stone

Après sa première version sur la scène du Palais des Congrès en 1979, Starmania a été plusieurs fois réadapté : en 1988 dans une version raccourcie et remodelée avec notamment Renaud Hantson en Ziggy et Maurane en Marie-Jeanne, ou encore en 1993 avec la version futuriste très décriée de Lewis Furey, qui mettait notamment en scène Bruno Pelletier (Notre Dame de Paris) en Johnny Rockfort, Jasmine Roy (Les Demoiselles de Rochefort ; Into the Woods) en Sadia, et Isabelle Boulay en Marie-Jeanne. Mais ce que le public a tendance à oublier, c’est la version anglaise du spectacle, Tycoon, dont l’album est sorti en 1992. Une palette d’artistes internationaux tous plus prestigieux les uns que les autres s’étaient alors bousculés pour en interpréter les titres, de Céline Dion à Peter Kingsbery en passant par Cindy Lauper.

 

Crédits : Thierry Boccon Gibot

Le Blues de Balavoine

Dans son ouvrage Mon Starmania – Par la première serveuse automate, paru aux éditions Pygmalion en 2019, Fabienne Thibeault, qui interprétait le rôle de Marie-Jeanne dans la première version du show, livre de nombreuses anecdotes. L’une d’entre elles concerne une altercation, un soir de 1979 pendant les répétitions de Starmania au Palais des Congrès, entre une Diane Dufresne à bout de nerfs et un Daniel Balavoine médusé. « Vous autres, les français, vous chantez mal, vous n’avez pas de voix », lui aurait-elle lancé au visage dans les coulisses, pendant que lui restait de marbre. Un peu plus tard, en entendant des sanglots derrière la porte d’une loge, Fabienne Thibeault a poussé la porte pour découvrir Daniel Balavoine, assis par terre et la tête entre les mains, en train de pleurer. « C’est pas vrai qu’on chante mal », lui a-t-il simplement dit en la voyant entrer. Un souvenir qui, au-delà d’illustrer la « guéguerre » vocale à laquelle se livraient les artistes français et canadiens au moment des répétitions du spectacle, vient nous montrer une autre facette de Daniel Balavoine : un artiste sensible et peu sûr de lui, loin de l’image de « grande gueule » souvent véhiculée dans les médias.

Ego-trips

Parmi les autres ouvrages sur Starmania, celui du journaliste François Alquier paru aux éditions Hors Collection en 2017, L’Aventure Starmania, regorge également de témoignages et de souvenirs. Dont quelques uns plutôt improbables… On retiendra, en vrac, celui de Michel Berger enfermant Luc Plamondon à clé dans la chambre de la maison qu’ils avaient loué dans le sud au moment de la création du spectacle, afin de l’inciter à écrire plutôt que de se baigner dans la piscine, ou encore Daniel Balavoine qui vidait de la neige carbonique dans la baignoire de sa loge pour faire croire à un incendie, faisant ainsi fuir les gens qui attendaient un autographe… Opéra « rock », on vous dit !

Et pour les plus impatients d’entre vous, on ne peut que vous inciter à aller écouter le podcast sur Starmania des Rois du Monde est Stone, etc. De quoi vous permettre de vous replonger scène après scène dans la version de 1988 et de confronter les points de vue (y a-t-il plusieurs Roger-Roger dans les coulisses de Télé-Capitale, sortes de robots programmés pour réciter le même discours policé ? Stella Spotlight annonce-t-elle selon vous son suicide dans le titre « Le Rêve de Stella Spotlight » ?) Bonne écoute !

Chloe Enkaoua

Chloe Enkaoua

J'ai trois passions dans la vie : les voyages, les romans de Stephen King et les comédies musicales. En grandissant au milieu de quatre grandes sœurs, j'ai été biberonnée aux films musicaux, de "Hair" à "The Chorus Line" en passant par "West Side Story", "Grease" et "Fame". Depuis 2008 et mon arrivée à Paris pour exercer le métier de journaliste, j'écume les salles de spectacles pour y découvrir les nouvelles comédies musicales à l'affiche. Et lorsque je le peux, celles de Broadway et du West End également !
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