Le Festival d’Avignon bat son plein, et cette édition 2025 s’annonce encore une fois riche en propositions musicales et théâtrales. Entre créations originales et découvertes inattendues, Musical Avenue a assisté à plusieurs spectacles marquants de cette saison foisonnante.
Afin de partager cette richesse artistique avec nos lecteurs, nous proposerons plusieurs articles. Une invitation à parcourir le Off autrement, au rythme de nos découvertes musicales.
Une histoire de la musique en 70 minutes
Ce n’est pas en 80 minutes mais bien en 70 minutes que Julien Joubert retrace l’immense histoire de la musique. Tout un programme assuré avec brio par ce musicien et compositeur dont la verve et la passion transcendent les explications techniques qui auraient pu perdre le spectateur dès la 5ème minute. Il propose un spectacle passionnant à base de Bartók ou de chants grégoriens. Pas grand monde ne peut résister à son charme et succombe à l’envie de voir se poursuivre sa démonstration au-delà des 70 minutes promises.
Il n’est nul besoin de réfléchir trop longtemps aux raisons motivant la réussite de ce spectacle. Julien Joubert se veut pédagogue, drôle et généreux dans son témoignage. Chaque illustration de ses propos prend vie autour d’un exemple décomplexifié par l’humour et association d’idées. Le sujet en devient plus simple et plus proche de nous.
Avec énergie et humour, Julien Joubert propose un voyage musical éclair à travers l’histoire. De la Préhistoire au Moyen Âge, il fait entendre les débuts du chant et révèle l’importance du grégorien, tout en expliquant avec clarté des notions parfois techniques, comme l’origine des mots « ténor » ou « alto ». Allier érudition et anecdotes personnelles est payant quand il confie avoir appelé son fils Josquin, en hommage à un grand compositeur de la Renaissance. Le récit devient intime sans perdre de vue son fil historique.
Il aura fallu finalement seulement 70 minutes – au lieu des 80 minutes de son spectacle d’origine – pour bousculer beaucoup de clichés sur la musique classique. Peut être que dans une vie antérieure, Julien Joubert fut troubadour ou conteur d’histoires au regard de sa prestation quasi de one man. La prochaine étape ? Devenir compositrice ou compositeur. Parce que selon Julien Joubert, tout le monde écrit des chansons, spectacle également joué à Avignon.
De et avec Julien Joubert
Du 5 au 26 juillet relâche les 9, 16 et 23 juillet – 10h00. L’ORIFLAMME
Opérapiécé Opus 2
Avec Opérapiécé Opus 2, le Festival d’Avignon accueille une proposition musicale singulière, où l’opéra flirte avec la chanson française dans un savant cocktail de nostalgie, de virtuosité et d’humour. Sur scène, deux chanteuses et un accordéoniste hors pair — Vincent Carenzi — se livrent à une véritable opéralchimie, entremêlant airs classiques et tubes populaires dans un tourbillon poétique et inattendu.
De Bach à Polnareff, de Johnny à Kendji, et bien d’autres encore (y compris un air d’une comédie musicale féline…), les époques dialoguent, et les chansons prennent vie sous un jour nouveau. Certaines mélodies classiques se voient même dotées de paroles inédites, écrites pour l’occasion ; c’est ainsi l’occasion de redécouvrir ces airs avec de nouveaux messages et thématiques. Chaque morceau devient alors une madeleine de Proust musicale, évoquant rires, tendresse et fragments de mémoire collective.
La mise en scène, volontairement épurée, laisse toute la place aux voix, aux textes et aux costumes, très soignés, qui participent pleinement au récit. Ceux-ci regorgent souvent de détails, de petits (ou gros) accessoires épinglés ici et là, d’objets parfois insolites, qui illustrent les paroles, et servent aussi les petits chorégraphies. Des costumes malins, visuellement intriguant et originaux, qui sont un pan important du spectacle. Les deux interprètes, très investies, naviguent entre les styles et les registres avec une belle aisance. Et si l’on sourit à l’évocation des L5 revisitées en opéra sur une reprise à l’accordéon, on reste surtout saisi par la grande quantité de chansons classiques et de variétés intercalées et assemblée avec malice dans ce spectacle.
Opérapiécé est un spectacle-concert généreux et résolument accessible, qui saura séduire autant les mélomanes que les curieux en quête de découvertes. À découvrir sans tarder avant la fin du festival !
Avec Aurore Bouston et Marion Lépine ; accordéoniste : Vincent Carenzi ; Paroles originales : Aurore Bouston et Marion Lépine ; Costumes : Marie-Caroline Béhue, Black Baroque
Du 5 au 26 juillet, relâche les lundi – 17h55 – THEATRE EPISCÈNE
