Dans un monde où tout va toujours plus vite, le spectacle Jonasz au grenier est une précieuse bulle de poésie dans laquelle, enfin, on peut s’autoriser à ralentir. Le temps s’arrête comme suspendu…
Un écrin délicat et fantaisiste
Qui ne s’est jamais demandé ce qu’il pouvait bien se passer dans nos greniers la nuit tombée, n’y planerait-il pas un peu de magie, un soupçon d’âme dormante dans les objets qui ne demanderaient qu’à se réveiller ?
Alors que le monde s’endort, dans le grenier d’une costumière transformé en atelier, trois mannequins de celluloïd prennent vie entre les douze coups de minuit et le petit matin. Témoins silencieux des émotions humaines le jour, ils tentent chaque nuit de ressentir ces vibrations du cœur. Les trois mannequins ont récemment découvert le journal intime de l’ancien propriétaire, créateur et musicien … Un outil fabuleux qui va leur permettre de partir à la découverte de leur sensibilité, en chansons.
La scène du théâtre La Bruyère est transformée en un écrin sublime et fantaisiste, infiniment délicat. La pluie tombe sur la lucarne de ce grenier aux mille objets à l’atmosphère chaleureuse et enveloppante. De part et d’autre de la scène sont installés un gros abat-jour, un buste de couture, un gramophone, un vieux poste de radio, une ancienne machine à coudre ou encore un grand piano droit. Tous ces objets nous plongent dans un univers poétique et onirique où petit à petit l’imaginaire se fait une place. Le silence s’installe quand soudain, un souffle de vie anime les mannequins.
Une douce mélancolie
Au rythme des morceaux de vie trouvés, page après page dans le journal intime, ils nous entrainent dans le répertoire de Michel Jonasz. Dans leurs costumes presque féériques, qui accrochent si bien la lumière, les interprètes nous enchantent par leur jeu mélancolique et magnétique. Ils nous proposent de retrouver les chansons de l’artiste avec de nouveaux arrangements musicaux, subtiles, sans en trahir la version originale. Mention spéciale aux chanteurs et pianistes (Tristan Garnier lors de notre passage au Festival Off d’Avignon et Timothée Path lors de cette représentation parisienne) qui accompagnent avec brio les deux comédiennes et chanteuses Malaurie Duffaud et Amala Landré.
Seize titres sont ainsi revisités et même si l’on regrette un peu l’absence de « La boite de Jazz » ou encore « Dites-moi », on en redécouvre d’autres à travers de ravissants tableaux comme par exemple, « Les Fourmis rouges », « Le Boléro » ou « Je voulais te dire que je t’attends ». Avec ces chansons, les trois personnages vont réussir à nous émouvoir en nous rappelant notre enfance avec « Les vacances au bord de la mer », l’amour avec « J’veux pas qu’tu t’en ailles », le temps qui passe avec « J’Vieillis » , une chanson écrite et composée par Michel Jonasz pour Diane Dufresne, ou encore l’espoir avec la chanson « Changez tout ».
Bien qu’il ne s’agisse que de mannequins de celluloïd, les trois protagonistes nous touchent en plein cœur avec leurs rêves profondément humains qui font tant écho à notre vécu. Jonasz au grenier est à la fois un merveilleux voyage hors du temps et un très bel hommage au grand artiste de la chanson française qu’est monsieur Michel Jonasz.
Découvrez le teaser du spectacle :