Avis aux natifs des années 90 et des fans de Roger Louret ! Le spectacle mythique récompensé aux Molières, revient sur la scène du Théâtre de la Tour Eiffel. Les sixties en toile de fond, ce spectacle en dit long sur une époque de tous les possibles. Comment cette nouvelle version s’inscrit-elle dans le paysage musical actuel ? A vous de nous lire.
Un an après la mort de son créateur, une poignée d’anciens reprend du service pour faire renaître le spectacle de la consécration, pour son auteur adepte des œuvres nostalgies (La fièvre des années 80 ; Les Z’années Zazous ; La Java des Mémoires). Avec comme souvenirs d’enfance les passages de la troupe dans les émissions Sacrées Soirées de Jean-Pierre Foucault, ce n’est pas sans une certaine excitation que nous nous sommes rendus dans ce théâtre bien connu d’une des anciennes de la troupe : Christelle Chollet (Christelle Chollet, Comic Hall ; N°5 de Chollet by Christelle).
Un format contrarié
Comme le présage le titre, Les Années Twist, Le Musical retrace – à sa manière – la vie dans les années 1960. Ce spectacle se construit autour d’une quinzaine de tableaux accompagnés par une partition d’extraits de 200 titres de l’époque. Nous suivons 6 adolescents et leurs parents – nous imaginons – dans un parcours jalonné des grandes étapes de vie comme l’école, la première surprise partie, le départ à l’armée, et les désillusions d’adulte. A la limite du cliché, les chansons s’enchaînent à une vitesse déconcertante sans nous laisser le temps d’intégrer ce qui se passe sur scène. Les quinze premières minutes Yéyé nous paraissent interminables ; peut-être parce que l’insouciance de l’après- guerre ne trouve plus d’écho aujourd’hui contrairement à l’époque de leur date de sortie, ou parce que le livret y est totalement absent.
Le spectacle sera donc pendant 1h30, une succession de medleys plutôt bien construits dans le choix des chansons même si les raccords ne sont pas toujours subtils. La grande chanson française est mise à l’honneur, mais la pertinence d’un catalogue jukebox reste une vraie interrogation, là où nous aurions dit oui à un récit musical beaucoup plus concentré. Passé le constat que le format ne nous a pas du tout convaincus, concentrons-nous sur la proposition de la nouvelle production.
Lucy Harrison est aux manettes de cette nouvelle mise en scène. Si nous devions ne retenir qu’un qualificatif, ce serait ENERGIQUE. Si la musique ne s’arrête jamais, les déplacements non plus. La petite scène du Théâtre de la Tour Eiffel ne permettant pas beaucoup d’extravagances, le décor en hauteur donne un relief et effet « double scène » très efficace. En guise de cadre, des écrans de chaque côté et en fond de scène évoluent au fil des thématiques. À chaque époque, son écran. Dans l’hypothèse où le spectateur se serait perdu dans une des décennies, il pourra se raccrocher aux costumes qui ne trompent pas. Les trois musiciens ne sont d’ailleurs pas oubliés. Assortis de vestes à paillettes façon Ain’t too Proud, ils accompagnent avec une joie non dissimulée les artistes qui font – disons-le – 80% du travail.
Des artistes surinvestis
Comme abordé plus haut, il nous a manqué de quoi nous raccrocher à des histoires personnelles plus évidentes. Pour casser l’effet brouillon, les interprètes se sont engagés à 200%. Quelques exagérations de mimiques ou vocales oubliées (et certainement nécessaires), il serait injuste de ne pas relever les performances de qualité de l’ensemble, à la forme physique et vocale impressionnante. Il faut de la dextérité pour passer aussi rapidement d’une chanson à une autre et trouver le ton juste sur l’instant. À l’image de la construction du spectacle, nous constatons que les interprètes sont de plus en plus à l’aise, laissant entendre de très belles voix notamment sur la dernière demi-heure consacrée à la fin des années 60. À l’origine conçu autour de 20 comédiens-chanteurs, nos 8 interprètes se complètent bien et recréent de belles harmonies.
Déjà connue de la scène musicale, Armonie Coiffard (Charlie et la Chocolaterie) – en alternance avec Magali Bonfils – est la mère décomplexée. Le duo avec Olivier Benard (chorégraphe du spectacle et Yann pour les amateurs de Sous le Soleil) fonctionne parfaitement et crée un décalage comique bienvenu dans l’histoire. Le chorégraphe n’a d’ailleurs pas facilité la tâche aux artistes qui jonglent entre twist et acrobaties avec plus ou moins d’aisance sur quelques passages qui doivent encore être rodés. Nos jeunes amoureux trouvent aussi leur place et chacun a l’occasion de faire ressortir son individualité sur les passages moins coupés ; ce n’est pas sans nous déplaire.
Vous l’aurez compris, nous ne sommes pas ressortis des Années Twist, le Musical avec un grand enthousiasme. Malgré son final chantant et dansant avec le public, c’est essentiellement la multiplication des titres à outrance qui nous a fait passer à côté de l’objectif de partage et de joie promis sur le papier. Aussi, nous préférons garder en tête le plaisir de réentendre certains morceaux qui nous accompagnent encore dans notre vie aujourd’hui.
Pour prendre vos places, c’est par ici.
Crédits Photo : Justine Lephay

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