Adaptation du film d’animation d’Hayao Miyazaki des Studios Ghibli, Mon Voisin Totoro devient près de 35 ans après sa création un phénomène scénique qui a remporté pas moins de 6 prix lors de la dernière cérémonie des Olivier Awards. Bien plus qu’une pièce de théâtre musicale, cette aventure scénique bousculera vos sens que vous soyez petits ou grands.
Totoro au pays des merveilles
Sorti au cinéma au Japon le 16 Avril 1988, Mon Voisin Totoro est rapidement devenu l’un des films les plus cultes des Studios Ghibli, jusqu’à en devenir le symbole officiel du logo de la franchise. La vente de produits dérivés à la suite de la sortie du long métrage a d’ailleurs permis aux Studios de connaître une stabilité financière alors qu’il ne s’agissait que du troisième film. Sortirons ensuite les incontournables Princesse Mononoké, Le Voyage de Chihiro, Le Château Ambulant ou plus récemment Le Garçon et le Héron, qui a remporté l’Oscar du meilleur film d’animation 2023. Tous ces films ont en commun une poésie infinie, un monde magique qui dépasse les frontières et un succès critique et public quasi unanime. C’est donc sans surprise que la première mondiale sur scène de My Neighbour Totoro à Londres en 2022 fut un évènement international. Et pourtant, son histoire est on ne peut plus simple.
En pleine campagne au Japon pendant les années 1950, un père déménage avec ses deux filles, Meï et Satsuki, dans une nouvelle maison pour être au plus proche de leur mère, souffrante d’une longue maladie et hospitalisée dans une ville voisine. En se promenant dans la maison, Meï y découvre rapidement de mystérieux esprits qu’elle seule peut voir. Deux d’entre eux vont alors l’emmener au coeur du gigantesque camphrier planté au milieu du jardin. Elle y fera la connaissance de Totoro, une créature géante et bienveillante mi-ours mi-écureuil qui va rapidement devenir un esprit protecteur pour toute cette famille, même s’il restera invisible pour certains d’entre eux. Mais comment un film d’à peine 90 minutes avec autant de magie et d’onirisime peut il être retranscrit sur une immense scène pendant près de 3 heures ?
un voyage inoubliable
Le spectacle commence exactement comme si l’on regardait le dessin animé, avec le titre du film sur ce fond bleu ciel. Dès que la musique commence, la magie opère avec ces lettres qui bougent toutes seules et les insectes du générique du film qui apparaissent et se déplacent comme par magie. Puis l’immensité de la scène se dévoile rapidement pour laisser place à une immense maison sur une plate-forme tournante et des arbres dans lesquels se cachent un grand orchestre qui nous fera vibrer au son des magnifiques mélodies de Joe Hisaishi mais également grâce à la sublime voix de Ai Ninomiya (Les Miserables, Chess). Elle ponctuera le spectacle en interprétant les chansons du films, tantôt au coeur de l’action et tantôt perchée parmi les musiciens. Les scènes se suivent et ne se ressemblent pas grâce à l’immense versatilité du décor qui ne cessera d’évoluer sous nos yeux tel un origami géant pour nous emmener de la maison de Meï et Satsuki à la forêt des esprits en passant par les champs de maïs. Même si l’histoire du film est étirée, on ne s’ennuie pas une seconde tant chaque instant est une prouesse visuelle admirable qui émerveille petits et grands. La première arrivée de Totoro déclenche une émotion unanime et particulière dans le public. Même lors des rappels, impossible de le prendre en photo pour garder la surprise intacte pour les futurs spectateurs.
Au-delà de tous les talents présents sur scène, il faut souligner en particulier le travail formidable réalisé par ceux que l’on appelle les « Kazego ». Mot inventé dérivé de « Kurogo » symbolisant les assistants scéniques habillés en noir et censés être invisibles sur scène des théâtres Kabuki, les Kazego, signifiant littéralement « Esprits du vent », font tout autant partie du spectacle que Meï et Satsuki et permettent de donner vie à tous les autres personnages. Que ce soit les différents esprits, Totoro, le Chat-Bus, les noireaudes mais aussi un champs de maïs, une vingtaine de poules ou un bus tout entier, rien n’est impossible pour cette vingtaine de marionnettistes qui permettent à la magie d’opérer quelques soient les folies de la mise en scène. Il faut par exemple pas moins d’une douzaine de personnes pour faire évoluer le gigantesque Chat-Bus aux yeux lumineux sur scène, et tout autant pour faire évoluer l’immense Totoro lors de son apparition. Vous n’aurez probablement jamais rien vu de tel à Londres ou ailleurs, et cette technique un peu artisanale à l’inverse de pièces plus modernes offre une humanité inédite qui fait chaud au coeur lorsque l’on voit la complicité de cette troupe sur scène.
Même si My Neighbour Totoro vient de s’achever il y a quelques jours à Londres à l’issue d’une nouvelle exploitation complète, il n’est pas impossible que le spectacle revienne prochainement s’installer de façon plus permanente dans un théâtre du West End tant l’engouement est unanime autour de cette oeuvre. Que vous soyez fan de l’oeuvre ou que vous n’en ayez jamais entendu parler, votre âme d’enfant ne pourra qu’être émue par cette histoire de famille aussi simple qu’universelle.
Crédit Photos : Manuel HARLAN

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