Rencontre : B.T. McNicholl, metteur en scène américain de "Cabaret", au Théâtre Marigny de Paris

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Rencontre : B.T. McNicholl, metteur en scène américain de "Cabaret", au Théâtre Marigny de ParisAprès avoir travaillé à la création de Cabaret en 2006 aux Folies Bergère, B.T. McNicholl reprend du service pour cette nouvelle version, tout comme une bonne partie de la troupe. Nous avons rencontré le metteur en scène lors de la présentation de la nouvelle troupe de Cabaret à la presse.

[ Cliquez ici pour retrouver notre critique de Cabaret au Théâtre Marigny ]

Comment se sont déroulées les répétitions pour cette reprise ?

Ça a été très excitant, et ce pour deux raisons. La première, c’est que nous voyons le retour d’une grande partie de la troupe, ce qui nous permet de creuser plus profondément dans les émotions et dans l’esprit de la pièce. La seconde, c’est que nous avons un nouveau maître de cérémonie, Emmanuel Moire (NDLRretrouvez son interview ici), qui est fantastique. Nous accueillons également de nouveaux "Cabaret boys & girls", qui découvrent le spectacle pour la première fois. Ça a été une joie profonde de les voir entrer peu à peu dans la pièce.

Vous avez travaillé avec Rob Marshall et Sam Mendes sur la création de la reprise de 1998 à Broadway. En quoi la version française diffère-t-elle ?

De plusieurs façons. L’architecture du spectacle, les fondations de Sam Mendes et Rob Marshall sont bien évidemment intactes. Ce qui est singulier, cependant, tient déjà dans la traduction française, mais aussi, de façon plus profonde, plus subtile, le spectacle a acquis une identité française, qui parle directement et uniquement aux spectateurs français. Je dirais qu’en français, le spectacle est un peu plus subtil, un peu plus délicat. Le sexe est plus facilement évoqué, Cabaret est donc plus sensuel à Paris qu’à Broadway.

Vous travaillez avec des artistes français. Avez-vous employé des méthodes différentes avec eux qu’avec des artistes américains ?

Les Français ont des émotions extraordinaires, à fleur de peau. Je n’ai pas vécu un seul jour de répétition durant lequel personne n’a pleuré. Ils sont tellement touchés par le spectacle, et en même temps, très impliqués émotionnellement. J’ai donc travaillé d’un côté en encourageant ces émotions, mais avec suffisamment de prudence pour que la dramaturgie ne soit pas sacrifiée. L’émotion ne doit pas diriger le spectacle, mais se mettre à son service.

Frédéric Baptiste, metteur en scène résident, traduit les déclarations de B.T. McNicholl
Frédéric Baptiste, metteur en scène résident, traduit les déclarations de B.T. McNicholl lors de la première de Cabaret

Parlez-nous un peu d’Emmanuel Moire. Le connaissiez-vous avant de le rencontrer sur Cabaret ? Son intronisation a suscité quelques commentaires pessimistes quant à sa capacité à tenir le rôle, étant donné son peu d’expérience en théâtre. Comment en avez-vous fait un acteur ?

Je ne le connaissais pas avant de travailler avec lui. Ce qu’Emmanuel doit mesurer, c’est que le maître de cérémonie sert entre autres de liaison entre le spectateur et le spectacle. La raison pour laquelle nous avons choisi Emmanuel est qu’il savait déjà faire cela. Il est même brillant dans cet exercice : il sait faire rire, réagir ou aguicher les spectateurs. C’est quelque chose que ni moi, ni Sam Mendes ou qui que ce soit ne peut enseigner. Vous devez avoir ça en vous. Nous pouvons néanmoins lui montrer les choses qu’il doit apprendre. C’est une personne sensible, intelligente.

Nous l’avons eu avec nous une semaine à Los Angeles au début, pour lui faire découvrir le spectacle. Nous avons travaillé spécialement chaque scène, chaque personnage, chaque chanson avec lui. Il est très à l’écoute, il travaille énormément, il est tenace, très perfectionniste — ce que bien entendu, nous apprécions. Il a été très excitant de le voir chaque jour explorer davantage, accumuler de la confiance dans le rôle. Ça a été un sacré défi pour nous, mais aussi une aventure magnifique.

Les comédiens principaux sont — à l’exception d’Emmanuel Moire — les mêmes que lors de la création en 2006, et connaissent donc déjà bien leurs rôles. Comment avez-vous procédé afin qu’ils restent mobilisés pendant les répétitions ?

Lorsque nous avons commencé, j’ai observé deux choses : ils connaissaient leur texte, et ils savaient où marcher. Ce qui a été agréable, c’est de les mettre en danger en leur demandant "Pourquoi dis-tu cela ? Que veux-tu réellement ?". Comment en faire quelque chose de plus propre, de plus profond, de plus émouvant, de plus intéressant. C’est sur cette base de travail que nous avons mis l’accent. Cabaret, c’est un texte magnifique. Ce n’est pas juste un musical, c’est aussi une grande pièce de théâtre. À cause de cela, vous pouvez aller toujours plus loin à l’intérieur et trouver de nouvelles voies. Les dernières semaines de répétitions ont été les plus passionnantes. Qui aurait cru que l’on pourrait aller aussi loin ? Nous avons juste travaillé sur des scènes que l’on a déjà travaillées pendant des années… C’est vraiment fantastique.

Un dernier mot à propos de vous. En tant que metteur en scène, vous avez notamment travaillé sur Billy Elliot à Broadway, entre autre choses. Avez-vous des projets à court ou moyen terme ?

Nous avons quelques pistes. La première, c’est une adaptation de The Blue Angel en Allemagne. C’est d’ailleurs assez drôle d’aller en Allemagne juste après Cabaret. Je vais également collaborer à la création d’un musical aux États-Unis, sur ce qui arrive à un couple lorsqu’il vient à avoir un enfant, comme ça peut changer un mariage. Ensuite, je vais travailler sur l’adaptation d’une pièce française, La Méthode Grönholm, dont j’ai acquis l
es droits. Je vais la produire et la mettre en scène l’an prochain. J’ai encore d’autres projets, et peut-être également une nouvelle masterclass à Paris, pourquoi pas !


Cabaret, de Joe Masteroff, John Kander et Fred Ebb

Depuis le 6 octobre 2011 au Théâtre Marigny
Du mardi au vendredi à 20h30
Le samedi à 16h30 et 21h
Le dimanche à 16h30

Théâtre Marigny, Carré Marigny, 75008 Paris

Adaptation française : Jacques Collard et Éric Taraud ; costumes : Emmylou Latour ; mise en scène : Sam Mendes ; chorégraphie : Rob Marshall.

Avec Emmanuel Moire (Emcee), Claire Pérot (Sally Bowles), Geoffroy Guerrier (Cliff Bradshaw), Patrick Mazet (Ernst Ludwig), Catherine Arditi (Fraulein Schneider), Pierre Reggiani (Herr Schultz), Delphine Grandsart (Fraulein Kost). Doublures : Patrice Bouret (Herr Schultz) et Jocelyne Sand (Fraulein Schneider).

Ensemble : Catherine Arondel, Joseph Emmanuel Biscardi, Vanessa Cailhol, Pia Lustenberger, Franck Mignat, Amélie Munier, Tristan Robin, Audrey Senesse.

Swings : Camille Artichaut, Adrien Biry, Julie Galopin, Pierre Lamiraud, Lionel Losada, Marie Laure Ravau.

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