Un homme ça chante grave et une femme ça chante aigu. Est-ce vrai ? Finalement, c’est un peu plus complexe que ça. Venez découvrir la réponse en chansons et avec humour avec le nouveau spectacle J’ai toujours rêvé d’être un ténor qui casse les codes, à la Comédie des 3 Bornes.
L’OPéRA POUR « tou.te.s »
Sous un angle léger et gai, Lucile, chanteuse en manque de reconnaissance, et Camille, pianiste sémillante voire un peu frivole, revisitent des airs d’opéra à la sauce féministe. C’est l’histoire d’amitié entre deux femmes et artistes qui essaient de trouver leur voie/x dans notre monde actuel.
L’idée du spectacle provient d’une interrogation initiale simple : pourquoi les voix d’homme aigües sont-elles valorisées mais les voix de femme graves le sont moins ? « Les Trois Ténors » ont dépassé le cercle relativement restreint du monde de l’opéra pour atteindre la célébrité internationale. On imagine mal un tel émoi pour trois chanteuses contraltos. Comment expliquer cela ? Outre que ces voix féminines sont encore aujourd’hui relativement rares sur les scènes, c’est tout un univers de construction genrée des tessitures vocales que nous entendons interroger au travers de J’ai toujours rêvé d’être un ténor. Au-delà d’une binarité simplificatrice, l’histoire de l’opéra illustre comment la typologie des voix a évolué en fonction des perceptions du genre propres à chaque époque. Dépasser des clivages, explorer les ambiguïtés délicieuses d’une tradition musicale, qui depuis ses débuts se joue du genre pour magnifier la voix et atteindre au sublime, c’est l’objectif de ce spectacle porté par une chanteuse et une pianiste passionnées de musique classique et sensibles aux questions de genre dans la société actuelle.

un duo complice et complémentaire
On y découvre Camille De Santis, pianiste active ainsi que professeure et directrice d’une école de musique qui accompagne la talentueuse Lucile Graziella qui nous avait déjà épatés dans Séraphin et The Wild Party. Leur duo fait des étincelles et nous pouvons les découvrir à l’œuvre dès notre entrée en salle avant le début du spectacle. En effet le personnage de Lucile doit passer une audition et Camille va l’aider à se préparer du mieux qu’elle peut avant de l’accompagner dans une abbaye cistercienne au fin fond de l’Oise afin de créer ce spectacle. Ensemble, elles offrent une sorte de « pré-show » qui captive le public et lui permet de se mettre dans l’ambiance avant même que les lumières s’éteignent. Une façon de se familiariser avec les vocalises opératiques qui vont rythmer ce duo débordant de surprises et de dynamisme. Les soixante prochaines minutes vont nous plonger dans la préparation de ce spectacle qui nous permettra d’en savoir beaucoup plus sur l’opéra, grâce à des informations étonnantes que l’on n’aurait pas forcément soupçonnées. L’intégralité de ces faits se trouve dans l’ouvrage de Louis Bilodeau « Genre et Opéra : l’incertitude des sexes » qui est le fil rouge de ce spectacle musical original. Au delà de son propos, J’ai toujours rêvé d’être un ténor convainc aussi par son duo principal aussi talentueux qu’attachant.
Lucile Graziella va nous bluffer par ses capacités à enchainer les airs d’opéra aussi complexes les uns que les autres et nous envouter par son charisme naturel. Sa complicité évidente avec la malicieuse Camille qui l’accompagne magnifiquement au piano donne l’impression de faire partie de ce tandem qui n’hésitera pas à briser (littéralement) le quatrième mur avec le public grâce à la mise en scène dynamique et efficace de Thibaut Marion (Kid Manoir). Vous sortirez avec une envie de chanter tout en ayant l’impression d’en savoir un peu plus sur le monde mystérieux de l’opéra.

Spectacle musical éducatif aussi drôle que divertissant, J’ai toujours rêvé d’être un ténor mérite qu’on s’y attarde car on sent qu’il a été crée avec le cœur et que le tandem principal prends un immense plaisir à être sur scène avec son public. Allez le découvrir jusqu’au 16 juin dans le petit écrin de la Comédie des 3 Bornes, tous les dimanches à 15 heures avant qu’il ne déménage dans les belles caves de l’Essaïon du jeudi au samedi à 19 heures à partir du 20 juin.
Crédit Photos : Jean Claude KAGAN

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