Retour au Cours Florent où, le 10 juin dernier, les élèves de troisième année de comédie musicale ont fini de présenter le fruit de leur travail et de leurs années d’apprentissage. Après Rent, nous avons poussé les portes d’un Cabaret pas comme les autres, qui restera gravé dans nos mémoires de passionnés de comédie musicale.
Bienvenue au Cabaret, façon Cours Florent
Si vous nous lisez régulièrement, vous savez que le Cours Florent ne recule devant rien et semble repousser chaque fois les limites de la création. L’attente était donc grande autour de ce spectacle de fin d’année. Le pari est osé, car Cabaret a quelque chose d’iconique, presque sacré : comédie musicale multi récompensée (huit Tony Awards), adaptation cinématographique oscarisée ayant gravé dans nos inconscients la sensualité et le glamour d’une Liza Minnelli dans un de ses plus grands rôles, on imagine sans mal les craintes des élèves lorsqu’on leur a annoncé le choix du spectacle de fin de cycle. Seront-ils à la hauteur ?

Le numéro d’ouverture permet à lui seul de convaincre les plus dubitatifs. Dès que les premières notes retentissent, les élèves envahissent le plateau de toutes parts dans une énergie étourdissante. Comme pour Rent, les spectateurs placés des deux côtés de la scène sont complètement immergés dans l’action. Contrairement à la version présentée par le Lido 2 Paris l’hiver dernier, qui créait une certaine distance avec le spectateur, le Cours Florent a misé sur la proximité et l’interaction quasi permanente avec le public, tirant ainsi le meilleur parti de la configuration des lieux. Malgré le nombre impressionnant d’élèves réuni dès le premier tableau, chacun trouve sa place et l’ensemble enchaîne les chorégraphies et les premiers portés. Pas de doute, nous assistons à du grand spectacle.


L’adaptation est fidèle dans son ensemble à l’œuvre originale ; on y retrouve avec plaisir les chansons incontournables, avec de grands moments comme pour “Money Money”, et bien sûr la chanson éponyme au cours de laquelle nous retenons notre souffle avec l’artiste. Le spectacle est homogène, même si quelques transitions auraient pu être apportées ; il faut dire que les espaces restreints de la salle ne permettent pas vraiment de prévoir des changements de décors, et les passages de la chambre de Clifford Bradshaw au Kit Kat Club peuvent parfois être abrupts. Heureusement, la mise en scène d’Alexandre Faitrouni permet, comme toujours, de garder un fil conducteur dans l’histoire et de se laisser porter par les entrées et sorties de l’estrade d’un côté ou de l’autre, renforçant l’impression de séparation des lieux.
Les artistes à l’honneur
Un public bifrontal ne laisse aucune marge d’erreur aux jeunes artistes, qui doivent en permanence être dans l’effort et incarner leur personnage tant pour les spectateurs auxquels ils font face que pour ceux de derrière. Avec force et assurance, ils se démènent donc et se déhanchent dans une série de chorégraphies langoureuses et sensuelles. Sans complexes (ou sachant bien les masquer) et sans faillir, ils fixent le public droit dans les yeux. Le tout, à l’instar de l’oeuvre originale, est tantôt drôle, tantôt provoquant. L’impression d’être entré au Kit Kat Club des années 1930 est totale ; les lumières tamisées renforcent l’atmosphère et la magie du spectacle vivant opère malgré le peu de décor et les quelques accessoires. Mais disons-le clairement, tout repose sur les épaules des élèves et leur énergie. Malgré les deux heures de spectacle et la chaleur dans la salle, cette ferveur ne faiblit pas, surtout lors des numéros d’ensemble pendant lesquels tous redoublent d’efforts pour jouer avec le public.
Autre trouvaille plaisante : le rôle du maître de cérémonie est partagé entre trois protagonistes. Ils se complètent à merveille et de façon très habile, et alternent les moments où ils agissent et chantent comme un seul homme avec des passages où chacun exprime son individualité et une personnalité propre.


A coté de cela, des moments plus intimes et des numéros solos donnent l’occasion de mieux apprécier les performances individuelles de comédie et de chant. Une nouvelle fois, on ne voit pas le temps passer. En nous plongeant dans la vie nocturne berlinoise et les déboires sentimentaux des personnages principaux, on est une nouvelle fois associé à l’intimité de ces histoires d’amour tumultueuses. La deuxième partie du spectacle, qui voit se renforcer les aspects politiques de l’histoire et la prédominance du nazisme, donne aux élèves le privilège d’explorer les aspects les plus intimes de leur art, entre larmes et fragilité. La relation touchante entre Herr Schultz et Fraulein Schneider ne résiste pas aux divisions sociales, pas plus que la passion qui lie Sally Bowles et Clifford Bradshaw. Chacun doit alors faire face à son destin, et c’est dans un final glaçant, sous forme de sombre prémonition aux tragédies de la Seconde Guerre Mondiale, que la lumière s’éteint sur les élèves réunis de part et d’autre de la scène. Cette conclusion dramatique a étreint toute la salle.

Encore une fois, cette nouvelle génération d’artistes nous a fait voyager dans l’âme humaine ; l’émotion du public et des élèves à la fin du spectacle était intense (d’autant qu’il s’agissait pour eux de leur dernière représentation de Cabaret). Le Cours Florent continue indéniablement d’assurer une formation qualitative complète. Preuve en est, nous avons pu retrouver certains des élèves deux jours plus tard, sur la scène du Casino de Paris lors de la 5e cérémonie des Trophées de la Comédie Musicale. D’autres ont d’ores et déjà été choisis pour intégrer la prochaine promotion de la Classe Libre du Cours Florent.




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