Critique : ''Children of God'' au Théâtre Sylvan Adams de Montréal

Temps de lecture approx. 5 min.

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Un spectacle coup de poing qui ébranle et percute, bien plus qu’un simple divertissement, mais une partie intégrante d’un travail de vérité et de réconciliation. La preuve aussi du pouvoir de la comédie musicale, au-delà des rôles et fonctions auxquels on cantonne ce genre. Children of God, première comédie musicale sur les pensionnats autochtones, traite d’un sujet douloureux, mais au combien essentiel d’aborder pour honorer des histoires trop longtemps bafouées et panser des plaies encore bien ouvertes.

La comédie musicale comme véritable geste de réconciliation
Divertir, évader, raconter des histoires, faire vivre des émotions… Les comédies musicales nous font vibrer pour différentes raisons. Et si elles avaient un autre pouvoir, celui de participer à un travail de vérité et de réconciliation ? Celui d’exprimer des émotions qui dépassent les mots ? Chez les Autochtones, partager une histoire se fait toujours avec de la musique et de la danse. Et quand on ne peut plus parler, on chante. Avec Children of God, la comédie musicale devient un véritable geste de réconciliation, un pas en avant dans la compréhension et la résilience de tout un pan de l’histoire canadienne dissimulé pendant trop longtemps. Une histoire cachée et méconnue qui a eu des répercussions sur des générations entières.
Children of God Montréal
Un pan sombre de l’histoire canadienne et catholique
De 1857 à 1996, plus de 150 000 enfants issus des Premiers Peuples du Canada ont été arrachés à leurs familles dans le but de les scolariser, évangéliser et assimiler. Envoyés dans des écoles résidentielles sous l’égide de différentes communautés religieuses aux quatre coins du pays, ils ont subi les sévices les plus atroces (physiques, mentaux, émotionnels et sexuels), vivant dans d’épouvantables conditions sanitaires.  »Tuer l’Indien dans l’enfant », tel était le but de ce génocide culturel durant lequel on les punissait dès lors qu’ils osaient parler leur langue.
En 2009, la Commission de vérité et réconciliation a enfin mis en lumière ce pan de l’histoire canadienne et catholique peu glorieux, récoltant pendant six ans les témoignages de plus de 7000 victimes à travers le pays. Dans la même lignée, un homme lui-même d’origine oji-cri a souhaité contribuer à ce processus à travers son art. Signant à la fois le livret, la musique, les paroles et la mise en scène de Children of God, Corey Payette a travaillé pendant des années en étroite collaboration avec des survivants, des aînées et leurs enfants afin de préparer son spectacle. Il s’est rendu compte qu’au lieu d’exprimer leur colère, ceux-ci parlaient de pardon et de guérison. Leur souhait le plus cher était que leurs témoignages soient des appels au rapprochement et à la réconciliation.
Children of God Montréal
Une comédie musicale qui guérit
Avec Children of God, Corey Payette lève le voile sur la douleur d’une famille oji-crie à laquelle on a retiré les enfants (Tom et Julia) pour les placer dans un pensionnant autochtone du nord de l’Ontario. Une histoire fictive, inspirée de tant d’autres similaires. Un va-et-vient aussi des années 1950 aux années 1970 pour montrer les séquelles de ces traumatismes sur les victimes. Des blessures bien vives palpables jusque chez les spectateurs, certains faisant partie des Premières Nations, bouleversés aux larmes par la comédie musicale. 
À vrai dire, nul besoin d’appartenir aux peuples autochtones pour être touché par Children of God. Cette histoire ancrée dans une expérience vécue rejoint tout humain qui espère voir le plus beau chez chacun d’entre nous, à l’opposé des dérives auxquelles nos sociétés nous entraînent malheureusement trop souvent. La connexion empathique les uns aux autres dans le respect de l’unicité de chacun, voilà la voie de réconciliation sur laquelle nous mène Children of God, sur la scène comme dans l’audience. Car nous faisons tous partie prenante de ce processus qui soigne. 
Children of God Montréal
Et c’est bien de guérison dont il est question avec Children of God. Malgré le sujet difficile, la vie est le grand vainqueur du spectacle porté par des chansons incroyablement belles et puissantes, empreintes de souffrances, mais aussi d’énormément d’espoir. Des musiques tellement justes et fortes, absolument adaptées au récit. Les artistes, pour la plupart issus des Premières Nations, nous livrent des performances bien senties autant vocalement que dans leur jeu d’un très grand naturel. Si toute la distribution fait un travail remarquable, Dillan Chiblow et Cheyenne Scott sont particulièrement criants de vérité dans les rôles de Tommy/Tom et Julia, le frère et la sœur qui rêvent désespérément de retourner dans leur foyer. Mention spéciale pour la performance bouleversante de Cheyenne Scott lors de la pièce  »Runaway ». Sarah Carlé campe également avec beaucoup de finesse Sister Bernadette, un bon exemple du personnel de l’époque enfermé dans ce système qui pensait faire le bien en obéissant aux ordres.
Honorer, réconcilier et guérir, le tout à travers la comédie musicale. C’est ce que parvient à faire Children of God avec brio. Un spectacle courageux, célébrant la résilience. Un grand moment de théâtre et d’humanité. A ne pas rater jusqu’au 10 février prochain.
Niawen’kó:wa (merci beaucoup)
Crédits photos : Emily & David Cooper 
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Children of God, de Corey Payette
 
Du 20 janvier au 10 février 2019
Au Théâtre Sylvan Adams de Montréal

 
Scénographie : Marshall McMahen ; Direction musicale originale : Allen Cole ; Direction musicale de production: David Terriault ; Orchestration : Elliot Vaughan ; Assistance à la mise en scène : Julie McIsaac ; Éclairages : Jeff Harrison ; Son Kris Boyd.
 
Avec: Michelle Bardach, Sarah Carlé, Dillan Chiblow, David Keeley, Jacob MacInnis, Cheyenne Scott, Michelle St. John, Aaron M. Wells, Kaitlyn Yott.
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Nathalie Katinakis

Nathalie Katinakis

Bercée par les tubes de "Starmania" durant l'enfance, c'est "Cats" qui me donne la piqûre pour de bon quand je me plonge enfin dans son univers en 2010. Dans la foulée, je découvre le West End et rejoins l'équipe de Musical Avenue dès 2011, couvrant les spectacles montréalais depuis le Québec où je réside.FB/IG:@uneportesurdeuxcontinents
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