Critique : « Lennon et McCartney » au Funambule Montmartre de Paris

Temps de lecture approx. 5 min.

Et si, un beau matin de 1980, Paul McCartney était venu sonner chez John Lennon ? C’est le point de départ de Lennon et McCartney, qui se joue actuellement au Funambule Montmartre jusqu’au 9 juin 2024 et nous propose d’entrer dans l’intimité de ces deux légendes des Beatles. 

Disons le tout de suite, Lennon et McCartney n’est pas une comédie musicale à proprement parler. Il s’agit avant tout de théâtre, d’une sorte de « docufiction » scénique à la frontière du fantasme, entrecoupée d’anecdotes et de célèbre morceaux des Fab-Four chantés par les deux interprètes ou diffusés sur une bande-son. De par le thème abordé, la musique est toutefois omniprésente. L’histoire ? Le matin du 27 novembre 1980, Paul McCartney sonne à la porte de l’appartement new-yorkais de John Lennon pour lui proposer de former à nouveau les Beatles aux côtés de George Harrison et Ringo Starr. Il faut dire qu’à ce moment-là, le groupe de rock britannique fondé en 1960 est séparé depuis 10 ans. Ses membres fondateurs, eux, volent de leurs propres ailes en solo après avoir vendu ensemble plus de 600 millions de CD et vinyles à travers le monde.

Une histoire d'amitié... et de rivalité

Un rêve pour tout fan des Beatles qui se respecte, donc, écrit par Germain Récamier et mis en scène par Camille Broquet. Lesquels, avant de s’installer au théâtre Le Funambule Montmartre jusqu’au 9 juin prochain, avaient déjà présenté la pièce à La Folie Théâtre fin 2022 puis au Festival Off d’Avignon 2023. Fan des Beatles depuis 30 ans, Germain Récamier a tenu à raconter l’histoire de ces deux frères ennemis au travers de son regard, celui d’un admirateur des Beatles attaché tout autant aux points de détails qui ont jalonné leur carrière fulgurante qu’à la « grande » histoire cachée derrière leur succès et leurs titres aujourd’hui devenus incontournables.

Crédit : Julien Lamassonne

Pour livrer cette vision intime, le tandem aux manettes de Lennon et McCartney ne s’est pas encombré de fioritures : sur scène, peu de décors hormis 2 guitares, un synthétiseur, une banquette et un téléphone aux couleurs de l’Union Jack posé sur une table. En fond de scène, une vue de New York (celle de l’appartement de John Lennon au Dakota Building) est projetée sur une toile de vidéo-projection. Cette fenêtre sur l’extérieur se transformera souvent en écran au gré des flash-backs et des images d’archives du groupe qui y sont projetées. 

Le fil rouge reste en tout cas la relation entre John Lennon et Paul McCartney, ces deux monstres sacrés à l’origine de la majeure partie des chansons des Beatles. Une relation ambiguë, mêlée d’admiration respective et de jalousie, mais aussi du besoin constant de la reconnaissance de l’autre. Une histoire d’amitié, également, remontant à l’adolescence pour les deux protagonistes qui, tout au long de la pièce, ne cesseront d’échanger des souvenirs sur leurs succès et leur rivalité. De la chanson « Yesterday », écrite par Paul McCartney mais dont le nom de John Lennon apparaissait en premier dans les crédits, à la femme et muse de ce dernier, Yoko Ono, parfois jugée responsable de la séparation du groupe, de nombreux éléments qui ont cristallisé les frictions entre les deux musiciens sont abordés. Quelques souvenirs heureux et parfois cocasses sont également évoqués, à l’instar des interviews au cours desquelles Paul et John ne manquaient jamais une occasion de rire et de se faire rire.

Un hommage avant tout

Sur scène, on retrouve deux binômes en alternance : soit les comédiens Régis Lionti (Paul McCartney) et Zuriel de Pesloüan (John Lennon), soit Julien Lamassonne (Paul McCartney) et Julien Delanoë (John Lennon). Le soir de notre présence, nous avons eu un panachage puisque ce sont Zuriel de Pesloüan et Julien Lamassonne (La Légende du Roi Arthur ; Saturday Night Fever) qui se sont glissés respectivement dans la peau de John Lennon et Paul McCartney. Malgré quelques approximations dans les dialogues et des problèmes techniques, le jeu est incarné et on prend plaisir à réentendre le timbre de voix de Julien Lamassonne, habitué des comédies musicales, sur certains morceaux phares des Beatles. 

En revanche, le fait de n’entendre que des bribes de ces chansons est parfois frustrant, comme lorsque les premiers accords de « Blackbird » sont très vite coupés pour aborder une autre anecdote. D’ailleurs, celles-ci sont plutôt décousues et s’enchaînent rapidement, quitte à souvent passer du coq à l’âne et à nous faire perdre le fil. Finalement, on se rend compte que ces retrouvailles imaginées sont tout simplement un prétexte pour rendre hommage au parcours des deux hommes, comme une sorte d’album souvenir que l’on feuillette rapidement et dans le désordre. Heureusement, le « Jealous Guy » interprété entièrement à la guitare par Julien Lamassonne/Paul McCartney à la fin de la pièce permettra enfin de laisser la place à l’émotion et de suspendre un peu le temps.

Crédit photo : Julien Lamassonne

Finalement, tout se termine par là où l’aventure a commencé : la rencontre de John Lennon et Paul McCartney en 1957, et la formation des Quarrymen qui deviendront les Beatles quelques années plus tard. Ce « et si » dont beaucoup auraient rêvé ne permet en tout cas pas de changer l’inéluctable, y compris dans la fiction : l’assassinat de John Lennon le 8 décembre 1980 au pied de son immeuble. Mais si les Beatles ne se sont finalement jamais reformés, la légende qui les entoure, elle, subsiste. Cette pièce en est la preuve, et ravira à coup sûr les fans des Fab-Four.

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"Lennon et McCartney"
Image de Chloe Enkaoua

Chloe Enkaoua

J'ai trois passions dans la vie : les voyages, les romans de Stephen King et les comédies musicales. En grandissant au milieu de quatre grandes sœurs, j'ai été biberonnée aux films musicaux, de "Hair" à "The Chorus Line" en passant par "West Side Story", "Grease" et "Fame". Depuis 2008 et mon arrivée à Paris pour exercer le métier de journaliste, j'écume les salles de spectacles pour y découvrir les nouvelles comédies musicales à l'affiche. Et lorsque je le peux, celles de Broadway et du West End également !
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