Rencontre : Alexandre Jérôme, lauréat du Trophée de la Comédie Musicale de la "Révélation Masculine" 2017

Temps de lecture approx. 12 min.

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Le 18 juin dernier, Alexandre Jérôme a obtenu le Trophée de la Comédie Musicale catégorie « Révélation Masculine ». Il nous en dit plus sur lui.

C’est à la terrasse d’un café en ce début de mois de juillet que nous avons rencontré Alexandre Jérôme. Ouvert et drôle, il nous parle de lui, son parcours, ses projets ainsi que sur son Trophée de « Révélation » reçu à 28 ans.

Le Trophée de la Comédie Musicale Révélation Masculine

Musical Avenue : Où étais-tu quand tu as appris ta nomination aux Trophées de la Comédie Musicale ?
Alexandre Jérôme : J’étais chez moi, en pleine conversation avec Benoit Cauden, Nicolas Soullier et Vincent Portier. C’est eux qui me l’ont appris. Benoît Cauden a envoyé une capture d’écran de Facebook en me disant  » Tu es notre révélation à nous », pour se moquer de moi. Ils m’ont dit que si j’avais le trophée, ce qui pour moi était improbable, lors de mon discours de remerciements, je devais faire un hommage à un artiste qu’on aime beaucoup tous les quatre mais je ne l’ai pas fait parce qu’on a beaucoup trop de respect pour cet artiste. Je n’ai pas été surpris que le spectacle soit nommé pour le meilleur livret et partition, mais qu’on le soit tous les trois, oui (Charlotte Ruby en Révélation Féminine et Edouard Thiébaut en Interprète Masculin, ndlr). Je ne m’attends jamais à une quelconque distinction personnelle, et ce spectacle marchait parce qu’on était en symbiose tous les trois. Il y a évidement un côté performance parce qu’on n’est que trois à jouer tous les personnages, mais je ne m’y attendais pas.

Quelle a été ta première pensée quand tu as gagné ?

A.J. Et bien, je n’ai rien compris ! (rires) Il y avait cette cérémonie de récompenses, pour laquelle j’ai reçu un mail de convocation le mardi d’avant. Je me suis dit que c’était sympa que tous les nommés soient convoqués pour tous se retrouver, ça va être top. Arrive le jour du tournage, une remettante de trophées, qui est convoquée plus tôt dans l’après-midi m’appelle pour me dire que si je suis convoqué c’est parce que j’ai gagné un trophée. Et donc, panique, parce que je n’avais rien préparé et que je devais partir un quart d’heure après. Arrivé sur place on me confirme donc que j’ai gagné le trophée, à égalité avec Nicolas Motet. J’étais persuadé que c’est lui qui l’aurait. J’ai été surpris et j’ai improvisé mon discours, très content. C’est gratifiant de recevoir ce trophée. Et bien sûr, dans la seconde, j’ai envoyé une photo du trophée à mes potes.


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Où as-tu mis ton Trophée ?

A.J. Je l’ai donné à ma maman. Je suis retourné en province le week-end suivant, et je lui ai donné. Mes parents viennent de faire une nouvelle maison et ils ont une très belle cheminée. Je lui ai dit que c’était quand même mieux que son chat de décoration en bois. Je crois qu’elle était heureuse, et on a fait une jolie soirée à la maison. Les récompenses sont importantes pour celui qui les reçoit, mais moins que pour la famille. Il y a toujours un côté de fierté. J’ai eu mon bac sans mention mais j’ai eu un Trophée de la Comédie Musicale (rires) ! J’avais tout de suite décidé de le donner à ma maman, pas pour que tout le monde le voit, mais pour qu’elle, elle le voit.
Ton parcours
Qui es-tu ?
A.J. Je suis Alexandre Jérôme, comédien-chanteur. Dans cet ordre là, parce qu’on est d’abord comédien dans la comédie musicale pour moi, et j’ai été éduqué artistiquement dans ce sens-là. J’ai décidé d’être comédien à l’âge de 17 ans et demi, juste avant de passer mon bac scientifique. Quand je l’ai annoncé à ma mère, elle m’a dit qu’elle le savait. Depuis le collège, mes professeurs de français lui disaient que je devrais essayer de faire du théâtre, mais elle ne m’y a jamais poussé parce que ce qu’à l’époque je voulais faire du basket avec mes amis. Mais en terminale je me suis rendu compte que je faisais rire tout le monde, et que le théâtre était ma porte d’ouverture sociale. J’ai été au cours Florent en premier, je voulais être comédien, je n’ai pas chanté ou fait de comédie musicale quand j’étais petit, je n’ai appris que je chantais qu’en quittant le cours Florent à 21 ans. J’ai donc pris mon premier cours de chant à vingt deux ans à l’ECM, ce qui est assez tard. J’ai été à l’ECM parce que je savais qu’il y avait une formation théâtrale, des professeurs formidables à commencer par Guillaume Bouchède, Olivier Solivérès, Anne Bouvier et Sébastien Azzopardi, des pointures que j’ai eu la chance d’avoir en professeurs de théâtre. Ça te met l’église au milieu du village, déjà. J’ai eu aussi des professeurs de chant excellents. Il y a à l’ECM cette idée qu’une bonne comédie musicale sans bons acteurs, souvent, on n’y croira pas, on ne rentrera pas dans l’histoire qu’ils nous proposent… Sinon, on va voir un autre genre de spectacles où on achète les albums, et on connaît toutes les chansons par cœur avant d’arriver dans la salle. Mais ça, c’est tout sauf du théâtre musical. Je suis d’abord comédien, chanteur…et danseur quand il faut passer des auditions.
Pourquoi la comédie musicale ?
A.J. Parce que c’est une autre façon de vivre de cette passion qu’est le métier d’artiste et d’acteur. Quand on est acteur et qu’on a la possibilité de découvrir d’autres choses comme le chant ou la danse, il ne faut pas s’en priver. Pour moi sur scène, il n’y a aucune différence entre le théâtre et la comédie musicale. La comédie musicale c’est du théâtre chanté et dansé, c’est d’abord une histoire, d’abord du théâtre. En allant à l’ECM en quittant le cours Florent je ne me suis pas dit que j’allais dans un sous-domaine, mais dans quelque chose de plus complet. La comédie musicale m’est venue naturellement parce que j’adore le chant, j’ai adoré apprendre à chanter, savoir que je pouvais chanter. Je chantais tout seul dans ma douche et quand je l’ai fait devant les gens ça a marché donc tant mieux. J’ai toujours trouvé ça complet, et pour le spectateur aussi. J’ai adoré les premiers spectacles musicaux français, j’étais fan de Notre-Dame de Paris, je trouve ça formidable musicalement. A l’ECM, ils nous emmenaient à Londres chaque année, voir au moins une comédie musicale, et je me souviens de l’année où on est allés voir Hairspray. J’étais dingue en sortant, ça a confirmé mon choix, et on l’a joué à la fin de l’année. Ce que j’aime dans la comédie musicale à Londres ou à Broadway c’est qu’on ne laisse pas au public la possibilité de douter. Quand t’es assis dans le public, tu sais que tu vas voyager et qu’il n’y aura pas une turbulence pendant le vol. Alors qu’à Paris, c’est plus compliqué parce que ce n’est pas notre culture. Enfin si, c’est quand même dans notre culture parce qu’on est tous ou presque fans des films de Walt Disney de notre enfance, et les Disney ce sont très clairement des comédies musicales. Ca n’empêche que des fois sur Paris tu prends un « petit avion » et tu passes un des meilleurs voyages de ta vie en allant au Théâtre Déjazet voir Frankenstein Junior et tu tombes amoureux de Vincent Heden. C’est pour moi un, voire peut-être même le meilleur artiste de comédie musicale française. Mon rêve c’est d’aller à Broadway voir Ben Platt dans Dear Evan Hansen, j’espère que si ça vient à Londres ce sera avec Ben Platt.
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Quelles sont tes influences ?
A.J. Ado, j’avais vu à la télévision la pièce de théâtre Art de Yasmina Reza, avec Pierre Arditi, Pierre Vanek et Fabrice Luchini qui m’avait transcendé et je m’étais dit que je voulais être un des hommes dans Art. C’est ce genre de grandes pièces qui m’influence. Le cinéma j’adore ça, mais je n’y ai jamais trop pensé parce qu’une fois que j’ai goûté la scène je voulais rester là. Musicalement, je suis fan de Sting. Je découvre tous les jours des petites comédies musicales Off-Broadway qui m’influencent. J’aime toutes les formes de musiques, dès que ça me touche. C’est pour ça que j’aime autant la musique dans la comédie musicale, elle raconte quelque chose, elle fait avancer l’histoire, quand il y a trop d’émotions pour dire les choses, tu les chantes. Je suis un fan absolu des Misérables, un de mes rêves dans ma vie c’est de jouer Valjean, ou dans The Book of Mormon : c’est tellement drôle et bien écrit. Je suis influencé par des acteurs que j’aime aussi, Leonardo Di Caprio, ce mec peut tout faire, Tom Hanks, Jean Dujardin, Philippe Noiret, Louis de Funès… J’adore les voix, les gens qui font du doublage comme Patrick Poivey (la voix de Bruce Willis entre autres, ndlr), Marc Cassot qui doublait Dumbledore, ou Richard Darbois.

Quels ont été les moments marquants dans ta carrière ?
A.J. L’audition d’entrée à l’ECM, parce qu’avant je n’avais jamais chanté devant des professionnels, j’avais choisi « True Colors » de Cindy Lauper. Quelques heures après, Guillaume Bouchède me téléphone pour me dire que j’intègre l’école. Les trois années de cours ont été marquantes parce qu’on était pris comme des mini professionnels. Mes premiers contrats sur scène, j’ai commencé au théâtre des trois bornes, une salle de 40 places avec une pièce qu’avait écrite un ami. Je n’oublie pas mes premiers spectacles jeune public, Le Bossu de Notre-Dame au Point Virgule, Robin des Bois la légende ou presque, Kid Manoir 2 en Avignon. C’est un peu le passage obligé dans le système parisien, les metteurs en scène et producteurs de spectacles pour enfants donnent leur chance aux jeunes. Et ça donne comme un droit à accéder aux vraies auditions, à part si par chance tu corresponds à un rôle dans un gros spectacle.
Un autre moment très marquant pour moi, c’est à la fin de l’école, en 2012, Sebastien Azzopardi me contacte pour reprendre son rôle, créé par Guillaume Bouchède, dans la pièce Mission Florimont. C’était formidable et c’est un crédit exceptionnel dans mon CV. J’ai eu la chance ensuite de faire The Full Monty, où j’ai rencontré une troupe de gens géniaux. J’ai passé un été avec Disneyland Paris pour la création de Frozen – Sing Along. J’ai été contacté par la production Vantage pour remplacer Dan Ménasche dans Dirty Dancing et ma première date, le 18 septembre était à Genève avec plus de 4000 places. Passer en trois ans des 40 places du théâtre des Trois Bornes à des Zénith et tout ce que j’ai pu faire : merci la chance !

Et le cadeau de l’année dernière c’est La Poupée Sanglante ! Je me lançais dans mon deuxième été à Disneyland Paris et j’ai reçu un coup de téléphone d’Eric Chantelauze, de la part de Samuel Sené. J’ai décliné leur audition parce que le planning de répétitions se superposait avec celles de Disneyland Paris. Finalement j’ai rencontré Didier Bailly et Eric Chantelauze et ils m’ont fait découvrir une chanson et une scène.
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C’était la fameuse scène d’introduction du Marquis et de la Marquise, et j’ai compris que je devais jouer les deux personnages en même temps, ce qui m’a plu parce que j’adore transformer ma voix et mon visage. J’ai trouvé le ton du Marquis, plein de ruptures à faire dans le texte. Je ne pouvais pas passer à côté. Et je dois remercier mon directeur à Disney et son équipe qui m’ont accordé d’arriver une heure plus tard aux répétitions pour me permettre de faire 9h-13h au Théâtre de la Huchette, 14h-20h Disney et de 21h à minuit de retour aux répétitions de La Poupée Sanglante. C’était épuisant mais je ne regrette absolument pas, sur La Poupée Sanglante j’ai rencontré des gens formidable. Eric Chantelauze a une plume d’une élégance rare, qui a réussi à adapter Gaston Leroux très bien, qui a une direction d’acteurs qui me correspond, les musiques de Didier Bailly s’intègrent magnifiquement dessus. Et si on doit promouvoir l’indépendance des spectacles musicaux français, La Poupée Sanglante est l’exemple. C’est le spectacle que je suis le plus fier d’avoir fait. Et c’est un bonheur de pouvoir passer de la comédie musicale au théâtre, de salles de 4000 personnes à 90 et être à 150%. Dans la vie on est à 100%, et le théâtre c’est plus que la vie.
L’avenir
What’s next en 2017 ?
A.J. Je suis jusqu’en août au Théâtre Tristan Bernard dans Oh My God, une pièce de théâtre de Sebastien Azzopardi. Je suis content de revenir au théâtre avec lui, même si c’est pour un rôle complètement fou, à l’opposé de ce que j’ai jamais fait, mais c’est un bonheur parce que ça me permet d’explorer ma palette encore plus loin que tout ce que j’ai fait. Il y a d’autres projets dont je ne peux pas parler encore, mais j’ai du choix pour la rentrée, et c’est la plus belle chose dans la vie. Les choix sont difficiles à faire, car chaque équipe avec qui j’ai travaillé je les ai aimées. Devoir dire non à quelqu’un est un crève-coeur. So wait and see. Il y aura des choses dont un très joli projet vocal avec pas mal de garçons, mais plutôt pour début 2018.
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Et ensuite ? Alexandre Jérôme dans quelques années ?
A.J. S’il pouvait encore vivre de son métier ce serait bien (rires). Je m’en fous d’être une star, d’être reconnu, je veux vivre de mon métier et m’assurer un futur et à ceux que j’aime, m’accomplir comme je le fais jusque là. J’ai l’impression que plus ça va et plus je fais de grandes choses, différentes et inattendues. On va essayer de garder la santé et d’avoir plein de projets. Je rêve que de belles pièces musicales arrivent sur Paris, des créations, des adaptations, Les Producteurs, Les Misérables, je peux vous faire la liste ! Je suis sûr que Les Producteurs ça marcherait, les croix gammées ça cartonne ! (rires) C’est décalé et ça fait rire. Je souhaite qu’il y ait mille pièces de théâtre et mille comédies musicales qui se montent, mille spectacles au Théâtre Mogador. Je rêve de jouer dans ce théâtre où on a l’impression d’être dans le bon avion. Je souhaite qu’il y ait plus de considération pour le métier, parce que les clichés ont la dent dure. J’espère faire partie de plein de beaux projets, pourquoi pas en écrire un jour, j’ai 28 ans, je suis tout jeune, on sait pas ce qui peut se passer.


Interview réalisée le 4 juillet 2017 à Paris par Stephany Kong et Edmée Martin
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