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Le livret de Terrence McNally (dont c’est la troisième collaboration avec le compositeur Stephen Flaherty et sa parolière Lynn Ahrens après Ragtime et A Man of No Importance) est loin d’être destiné aux enfants même s’il garde un aspect « conte de fée », tout en étant bien enraciné dans le contexte politique de la Révolution d’Octobre. En complément des deux grands tubes ultra connus du dessin animé (« Journey to the Past » et « Once Upon a December »), de nouvelles chansons ont été ajoutées à la fois pour faire avancer l’intrigue mais aussi pour proposer du pur spectacle comme « The Land of Yesterday », le grand numéro du deuxième acte mélangeant la musique russe au jazz des années folles, qui met en évidence par la même occasion l’énorme talent en danse de Caroline O’Connor, que le public parisien a pu découvrir au Théâtre du Châtelet dans On the Town en 2008 et dans le rôle de Mrs Lovett dans Sweeney Todd en 2011.
Le reste de la distribution est au même niveau d’excellence avec en tout premier lieu la jeune Christy Altomare, vue à Broadway dans le rôle de Sophie dans Mamma Mia et off Broadway dans Carrie, parfaite dans le rôle principal. Derek Klena, également vu à Broadway dans Bridges of Madison County et Wicked, campe un Dimitri très séduisant face à Ramin Karimloo, nommé aux Tony Awards pour son interprétation de Valjean dans Les Misérables. Il joue parfaitement Gleb, le jeune membre des autorités dont l’amour sauve la vie d’Anastasia. John Bolton, nommé aux Astaire Awards l’an dernier pour Dames at Sea est une présence rassurante dans le rôle de Vlad et un partenaire de choix pour Caroline O’Connor dans le rôle de la comtesse Lily. Enfin, dans le rôle de l’impératrice, Mary Beth Peil, récemment nommée pour The King and I, apporte une noblesse authentique et beaucoup de chaleur humaine à son rôle.
La mise en scène de Darko Tresnjak et la chorégraphie de Peggy Hickey – incluant un clin d’œil au Lac des Cygnes et un brillant numéro de Charleston – sont d’une efficacité irréprochable, mais les décors d’Alexander Dodge et les gigantesques projections Aaron Rhyne sont simplement à couper le souffle et nous transportent dans un Saint Petersbourg et un Paris absolument magique. Parmi les nouveaux numéros, on appréciera les clins d’œil à My Fair Lady avec « Learn to do it » où Dimitri et Vlad apprennent à la jeune Anya l’art de vivre des Romanoff à la manière de Higgins et Pickering éduquant Eliza sur la pluie en Espagne. La séquence « My Petersburg », chantée par un groupe de Russes partants en exil, n’est elle pas sans rappeler « Anatevka » dans Le Violon sur le toit.
Anastasia néanmoins utilise tous ses inspirations de manière inspirée, constituant un musical de facture classique comme on n’en fait malheureusement plus beaucoup, tout en attirant de par son histoire la nouvelle génération, au point que des hordes d’adolescents se ruent à la porte des coulisses à la fin de chaque représentation pour rencontrer les artistes comme s’il s’agissait de rock stars ! Produit par Stage Entertainment, Anastasia aura quel que soit son destin à Broadway une vie assurée en Europe, à coup sûr en Angleterre, Allemagne et aux Pays-Bas, et on espère très fort en France. Ce spectacle constitue un exemple rare d’un musical assez populaire pour survivre à des critiques mitigées et le peu de nominations aux Tonys Awards (seulement deux), tout en étant une œuvre de très haute qualité ne tombant jamais dans la facilité commerciale dans laquelle elle aurait pu tomber en adaptant un dessin animé à succès.
Credit photos : Matthew Murphy
Anastasia, the musical
Au Broadhurst Theatre à New York City
À l’affiche depuis le 23 mars 2017
Livret : Terrence McNally ; Musiques ; Stephen Flaherty ; Paroles : Lynn Ahrens
Avec : Christy Altomare, Derek Klena, Ramin Karimloo, Caroline O’Connor, Mary Beth Peil, John Bolton
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