Critique : "Guys and Dolls" au Théâtre Marigny de Paris

Temps de lecture approx. 6 min.

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Depuis le 13 mars dernier, Guys and Dolls a investi le Théâtre Marigny en version originale sous-titrée. Malgré un argument assez léger, il serait dommage de passer à côté de cette production haute en couleur. Scénographie au cordeau, chorégraphies enlevées, artistes épatants… En un mot : culte !
Cela fait déjà quelques jours que Nathan Detroit a choisi d’organiser sa partie de « craps » clandestine dans l’enceinte du Théâtre Marigny à Paris, sous l’impulsion de Jean-Luc Choplin. Lequel a en effet repris les rênes de la salle récemment rénovée, qui avait fêté sa réouverture en novembre dernier avec Peau d’Âne. A l’époque où il officiait au Châtelet, le directeur du théâtre avait déjà habitué le public parisien aux grands classiques de Broadway, en programmant des musicals tels que 42nd Street, West Side Story ou encore Singin’ in the rain. Le tout en version originale sous-titrée, comme c’est le cas aujourd’hui avec Guys and Dolls sur lequel s’est porté son choix. Créée à Broadway en 1950 d’après la nouvelle et des personnages de Damon Runyon, notamment The Idyll of Miss Sarah Brown, Guys and Dolls est une comédie musicale signée Frank Loesser (musique et paroles), Abe Burrow et Jo Swerling (livret). Couronné de cinq Tony Awards en 1951, le spectacle a été joué plus de 1200 fois et a été adapté au cinéma en 1955 par le réalisateur Joseph L. Mankiewicz, avec notamment Marlon Brando, Vivian Blaine et Frank Sinatra à l’affiche. En France, le film était sorti sur les écrans en 1957 sous le titre Blanches colombes et vilains messieurs.
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L’histoire, toute en dualité, confronte à la fois deux parieurs invétérés – Sky Masterson et le patron de tripot Nathan Detroit – , deux histoires d’amour – celle de Nathan et Miss Adelaide, les éternels fiancés qui n’auront de cesse de s’entraîner mutuellement dans les situations les plus cocasses à force de malentendus, et celle de Sky Masterson et de la prude Sarah Brown, sœur au sein de la Mission locale de l’Armée du salut ayant fait l’objet d’un pari stupide de la part du joueur –, et enfin celle des truands new-yorkais et des missionnaires de Save-a-Soul. Nous sommes plongés au cœur du New York des années 1930, en pleine prohibition. Une Grosse Pomme dans laquelle, pour une poignée d’amateurs de jeux de hasard rompus à la fraude et aux faux-semblants, les hommes mènent la barque et les femmes ne sont que des « poupées » à la merci de leurs manigances et de leurs mensonges.
En lumière
C’est la toute première fois que Guys and Dolls est présenté en France depuis sa création. Et pour l’occasion, les quelques remaniements opérés sur le livret depuis la version initiale ont été conservés ; le blason de la femme est ici quelque peu redoré, et les personnages féminins ont gagné en force de caractère et en épaisseur. En tout, c’est une vingtaine d’artistes britanniques qui porte le spectacle sur la scène du Théâtre Marigny, avec dans les quatre rôles phares Ria Jones (Miss Adelaide), Clare Halse (Sarah Brown), Matthew Goodgame (Sky Masterson) et Christopher Howell (Nathan Detroit). Si tous ces personnages hauts en couleurs, à l’image de leurs costumes, sont brillamment interprétés par l’ensemble de la troupe, on retiendra surtout le truculent duo formé par Ria Jones et Christopher Howell, irréprochables tant par leur chant que par leur jeu. La salle semble se délecter de leurs quiproquos et autres situations improbables. Assurément, l’alchimie fonctionne. Ria Jones est tout particulièrement exceptionnelle dans son rôle ; en témoignent les cris et les applaudissements nourris qu’elle récolte lors des saluts.
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Les artistes évoluent sur scène de manière fluide et sans temps mort, grâce aux chorégraphies aériennes et enlevées et à la mise en scène au cordeau de Stephen Mear. Tout est précis et millimétré, jusqu’aux bruitages tombant à la perfection sur les gestes et les paroles des artistes. Mention spéciale également aux décors… pourtant quasi inexistants. En effet, pour pallier aux limites de l’agencement du Théâtre Marigny, la scène a avant tout été habillée de lumière grâce à l’ingéniosité de Peter McKintosh et de Tim Mitchell. Les nombreux cadres lumineux dessinant les contours de l’architecture new-yorkaise, multicolores lorsqu’il s’agit de plonger le public dans les rues d’un Broadway stylisé, ou encore dans des tons de rose et de violet pour nous emmener dans les sous-sols du Hot Box où Miss Adelaide officie en tant que meneuse de revue, sont un réel plaisir pour les yeux. Pour le reste, quelques accessoires à l’instar d’un kiosque à journaux, de quelques bancs ou d’un comptoir de bar achèvent de donner le change en toute sobriété. Et force est de constater que l’on passe aussi bien d’un endroit à l’autre – les rues de Broadway, le Save a Soul Mission Hall, le Hot Box, un bar de la Havane, les égouts de New York,…- sans que jamais cela ne perde en crédibilité.
Quand Paris prend des airs de Broadway
C’est également un plaisir de réentendre la partition de Frank Loesser, avec des morceaux devenus des standards de Broadway au fil du temps à l’instar de « Luck, be a Lady Tonight », « Sit Down, You’re Rockin’ the Boat » ou encore « I’ve Never Been in Love Before ». Surtout lorsqu’ils sont portés par une distribution aussi talentueuse et par un brillant orchestre de 25 musiciens. Ces titres compensent largement le livret plutôt léger servant une intrigue qui est affaire de goûts… De manière générale, hormis cet aspect et une fin un peu abrupte, il est difficile de trouver des défauts à une telle production. Une claque un peu molle ? Une lumière pas vraiment raccord sur une scène ? On est obligé de pinailler tant ce qui nous est donné à voir au Théâtre Marigny frôle la perfection. Assurément, c’est du grand spectacle.
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En bref, oui, c’est possible d’avoir à Paris un peu de Broadway, un musical de qualité où la mise en scène ne souffre d’aucun temps mort ni de ratés, et des artistes maniant aussi bien le chant que la danse et la comédie. Il suffit de courir voir Guys and Dolls au Théâtre Marigny avant le 27 juillet prochain. Chose rare à Paris : le public rit, réagit, et n’économise pas ses applaudissements à la fin de chaque morceau. Preuve, s’il en fallait encore, de la qualité de ce « feel-good » musical.



Guys and Dolls, de Frank Loesser
Au Théâtre Marigny,
Carré Marigny, 75008 Paris
Jusqu’au 27 juillet 2019.
Livret : Jo Swerling, Abe Burrow ; Musique et paroles : Frank Loesser ; Mise en scène et chorégraphies : Stephen Mear ; Décors et costumes : Peter McKintosh ; Lumières : Tim Mitchell ; Direction musicale : James McKeon ; Chef d’orchestre assistant : Bastien Stil ; Orchestre et Chœur du Théâtre Marigny.
Avec : Ria Jones, Clare Halse, Matthew Goodgame, Christopher Howell, Barry James, Rachel Izen, Joel Montague, Matthew Whennell-Clark, Jack North, Brendan Cull, Ross McLaren, Gavin Wilkinson, Ian Gareth Jones, Thomas-Lee Kidd, Jo Morris, Alexandra Waite-Roberts, Emily Goodenough, Delycia Belgrave, Bobbie Little, Joanna Goodwin, Robbie Mc Millan, Adam Denma, Louis Mackrodt.
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Image de Chloe Enkaoua

Chloe Enkaoua

J'ai trois passions dans la vie : les voyages, les romans de Stephen King et les comédies musicales. En grandissant au milieu de quatre grandes sœurs, j'ai été biberonnée aux films musicaux, de "Hair" à "The Chorus Line" en passant par "West Side Story", "Grease" et "Fame". Depuis 2008 et mon arrivée à Paris pour exercer le métier de journaliste, j'écume les salles de spectacles pour y découvrir les nouvelles comédies musicales à l'affiche. Et lorsque je le peux, celles de Broadway et du West End également !
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