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On pourrait se trouver dans les coulisses de n’importe quel musical de Broadway, tant la scène regorge d’affiches de shows savamment disposées autour du miroir de cette loge improvisée, mais aussi de costumes débordant des portants et de divers accessoires comme autant de clins d’œils à toutes ces comédies musicales qui ont bercé la vie d’Antoine Guillaume. En l’occurrence, lorsque Vous avez dit Broadway ? commence, nous comprenons dès les premières notes que nous sommes plongés à l’arrière-scène de Cabaret, un spectacle auquel cet interprète formé au Conservatoire royal de Bruxelles a eu l’occasion de participer en Belgique dans le rôle de Bobby et en tant que doublure d’Emcee. Des projections vidéos en toile de fond nous font rapidement comprendre que là-bas, sur l’avant-scène, devant un autre public imaginaire dont on entend les rumeurs, le show a déjà commencé…
Dès lors, on comprend pourquoi Antoine Guillaume, tout au long du spectacle, s’adresse au public d’une voix presque chuchotée ; pas question de déranger les artistes qui, derrière le rideau, donnent une représentation dans laquelle ils mettent toute leur âme. L’histoire qu’il a à nous raconter est de toute façon une véritable histoire de coulisses, qui n’a pas besoin d’emphase mais juste d’émotion et de justesse. Celles de l’Histoire des musicals de Broadway avec un grand « H », de son âge d’or à « la maturité des années 1970 » et jusqu’à l’aube des années 2000, mais aussi son histoire à lui. Celle d’un gamin émerveillé qui a découvert Broadway lors d’une sortie scolaire, et qui depuis lors en connaît tous les rouages et les arcanes qu’il nous livre pendant 1h30 au travers d’anecdotes et de chansons. Sa voix ne se révèle vraiment que lors des moments chantés, dans lesquels Antoine Guillaume met toute sa puissance et son émotion.
La passion comme moteur
Vous avez dit Broadway ? nous offre ainsi un voyage musical au travers de pas moins de 45 comédies musicales, de Show Boat à West Side Story en passant par Sunset Boulevard, Le Fantôme de l’Opéra, La Mélodie du Bonheur, My Fair Lady, Hair, Chicago ou encore Le Roi Lion. Qu’elles fassent l’objet d’une anecdote, qu’elles soient simplement évoquées ou qu’Antoine Guillaume se glisse dans le costume de l’un des personnages pour nous en offrir l’un des succès, toutes occupent à leur manière une place particulière dans la vie de l’interprète. Lorsqu’il parle de Broadway, dont il semble connaître toutes les ficelles, ses yeux pétillent littéralement. Accompagné par Julie Delbart au piano – qui offre d’ailleurs un mini entracte virevoltant et jouissif sur les notes de La La Land –, il prend visiblement un malin plaisir à prendre le passionné comme le novice par la main pour nous amener de spectacle en spectacle, sans élitisme aucun mais en ne manquant pas d’écorcher subtilement les spectacles français au passage…
Les lumières et projections vidéos viennent habilement souligner son propos, permettant de changer d’ambiance, d’époque, de teintes et d’humeur selon les musicals abordés, et mettant ici en lumière une affiche, là un accessoire ou un costume en suivant le fil du récit d’Antoine Guillaume. Le tout est élégant et finement intégré à ce spectacle décidément bien particulier. On est bien loin du seul-en-scène qui ne cherche à mettre en valeur que l’interprète sous une lumière crue. Vous avez dit Broadway ? est poétique et élégant. Drôle souvent, émouvant parfois. Digne de ces musicals auxquels l’interprète voue une passion sans bornes, presque charnelle lorsqu’il évoque son plaisir à renifler l’odeur des programmes et de ces théâtres de Broadway dans lesquels il aime passer tant de temps.
« Je pourrais vous parler de Broadway pendant des heures », glisse-t-il d’ailleurs à la fin de son spectacle. Et c’est bien là sa plus grande prouesse : avoir fait en sorte que le public, adepte de comédies musicales ou non, semble en redemander. Car après tout, comme Antoine Guillaume aime à le rappeler tout au long du spectacle, « la vie réelle n’est pas assez musicale ».
Vous avez dit Broadway ? d’Antoine Guillaume
Du 22 août 2018 au 28 Octobre 2018
Du mardi au samedi à 21h et le dimanche à 18h
Au Lucernaire
53 Rue Notre Dame des Champs 75006 Paris
Mise en scène : Michel Kacenelenbogen, assisté de Lou Kacen ; Scénographie : Noémie Vanheste ; Lumière : Laurent Kaye ; Ingénieur du son : Jérémy Saive ; Costumes : Delphine Coërs et Héloise Mathieu
Avec : Antoine Guillaume et Julie Delbart au piano
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