Critique : « Spamalot » au Théâtre de Paris, une nouvelle adaptation signée Stage Entertainment

Temps de lecture approx. 5 min.

Spamalot est de retour ! Dix ans après la dernière représentation du spectacle à Paris avec déjà Pierre François Martin-Laval à l’affiche, la comédie musicale d’Eric Idle des Monty Python revient dans une forme olympique au Théâtre de Paris jusqu’en janvier 2024. 

Chez Musical Avenue, on guette toujours avec impatience les annonces de Stage Entertainment France sur leurs futures productions. Avec la 3ème saison du Roi Lion qui démarre au Théâtre Mogador à Paris, on pouvait s’attendre à ce qu’ils se reposent tranquillement sur leurs lauriers lors de la saison 2023-2024. Le pari qu’ils ont pris ces dernières années avec l’adaptation des Producteurs, couronnée de succès et pourtant moins connue, moins familiale qu’une production Disney, était osé. Celui de reprendre Spamalot, comédie musicale née en 2005 à Broadway et adaptée d’un film de 1975, l’était aussi, d’autant plus qu’une version française s’est déjà jouée avec succès au Théâtre Comédia en 2010 puis au Bobino Théâtre en 2013 (nous y étions, nous avions adoré, grâce notamment aux performances mémorables d’Andy Cocq et Gaëlle Pinheiro !).

Un nouveau livret, une production irréprochable !

Crédit Photo : Jean-Baptiste QUENTIN

Pour ce retour de Spamalot, Stage Entertainment France a fait les choses en grand : s’assurer de l’implication de Pierre François Martin-Laval (PEF) pour une nouvelle adaptation, modernisée et améliorée ; recruter Omar Sy pour la voix de Dieu ; proposer des décors, costumes, lumières et son avec un orchestre live de qualité irréprochable au Théâtre de Paris ; sans oublier le recrutement d’une troupe de 18 artistes qui se donnent à fond pour embarquer le public dans leur univers potache, irrévérencieux et musical. L’expérience pour le spectateur est remarquable de A à Z, et cela même dès l’entrée avec la distribution d’un programme-flyer offert qu’on se régale à lire à l’entracte pour en savoir plus sur les talents qui œuvrent sur scène ou en coulisses.

UN HUMOUR ABSURDE QUI PEUT DIVISER

D’emblée, il nous semble important de souligner que l’humour du spectacle Spamalot vire totalement vers l’absurde, ce qui peut laisser des spectateurs derrière la touche. Pour autant, ceux qui adhèrent pourront rire aux éclats à de maintes reprises, y compris si vous avez déjà vu les précédentes productions du spectacle. C’était il y a plus d’une décennie, il était évident que les blagues de l’époque pouvaient ne pas fonctionner : Pierre François Martin-Laval a fait un énorme travail de ré-adaptation et de modernisation du livret, avec un numéro sur les influenceurs, des références politiques & sociales (gilets jaunes, COVID, certaines phrases chocs de notre Président actuel…), des termes employés de la génération actuelle… sans oublier des références à des comédies musicales du moment (Starmania ; Le Roi Lion ; Mamma Mia! …) alors qu’à l’époque c’était plutôt Zorro, le musical qui était cité, signe d’une toute autre époque. 

Il faut admettre qu’il s’agit ici d’un savant mélange entre respect des Monty Python, de la comédie musicale d’origine, avec toute la patte de PEF qui y a ajouté des références et expressions très connues des fans de Robin des Bois, la célèbre troupe de comédiens dont il a fait partie dans les années 90-2000. Cela ne fait pas mouche à tous les coups, certaines blagues ou références marchent plus que d’autres, mais on se surprend à rire ou sourire plus d’une fois au cours de la soirée, jusqu’à s’attacher pleinement à l’ensemble de la troupe de Camelot et ses improbables chevaliers de la table ronde dans leur quête du Graal.

Basile ALAÏMALAÏS, le coup de coeur de la soirée

La distribution de cette nouvelle version de Spamalot est de qualité, déjà très bien rôdée lors de la première à laquelle nous avons assisté. Nul doute que leur alchimie et timing comique vont s’améliorer avec l’expérience et le cumul des représentations. Dans le rôle du Roi Arthur, Pierre-François Martin Laval porte le spectacle, cela se ressent, et il a clairement progressé dans le chant par rapport à nos souvenirs. Celui qui nous a grandement marqué, c’est Basile Alaïmalaïs, interprète du chevalier Galahad. Quel interprète, quel registre ! On espère être amenés à le revoir très bientôt dans d’autres comédies musicales, lui qui vient plutôt du théâtre et qui a démarré les cours de chant il y a quelques années à peine d’après nos informations.

Lauren Van Kampen (la Dame du Lac) avait la lourde tâche de succéder à Gaëlle Pinheiro, phénoménale dans la production française originale. Son « Qu’est-il arrivé à mon rôle ? » était réussi, tout en puissance vocale, basculant du lyrique au comique en un clin d’œil. Son charmant accent américain se ressentait parfois, surtout dans le premier acte, ne rendant pas toujours compréhensible tous ses dires mais on se doute que cela va aller en s’améliorant.

Parmi l’ensemble et les autres rôles, on retrouve des visages connus et talentueux qu’on se régale toujours autant à revoir sur scène, comme Véronique Hatat (Grease ; Les Producteurs), Vincent Escure (Tom Sawyer), Tristan Garnier (Jonasz au Grenier) et Emmanuelle Guélin (Chicago ; Cats). Les applaudissements chaleureux qu’ils ont reçu en fin de représentation, standing ovation incluse, sont le témoignage de la qualité des performances qu’ils ont délivrées ce soir-là. 

Saluons aussi les équipes techniques, les musiciens conduits par Karim Medjebeur (qui participe pleinement au spectacle avec des moments joués) et toutes les équipes de production, saluées par PEF dans son discours de fin et remerciant particulièrement les producteurs Laurent Bentata et Eric Loustau Carrère qui sont venus le chercher à Marseille pour le convaincre, lui et sa famille (présente dans la salle lors de notre représentation), de venir à Paris du mardi au dimanche pour qu’il puisse « réaliser son rêve » de jouer dans Spamalot sur scène jusqu’en janvier prochain. Un spectacle à ne pas manquer cette saison, on vous le recommande !

Spamalot
Stephany Kong

Stephany Kong

Parisienne de naissance et de cœur (ici c'est Paris !), fan de Disneyland et de cinéma américain, j'ai grandi au Japon et à Singapour puis découvert la comédie musicale au cours de mes études en Angleterre avec "Wicked". Devenue une fervente supportrice du genre, j'ai rejoint MusicalAvenue à mon retour en France, en parallèle de mon activité professionnelle de chef de projet chez EDF.
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