Dossier : tour d'horizon de Broadway avant les Tony Awards 2017

Temps de lecture approx. 14 min.

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A l’aube de la cérémonie des Tony Awards qui se tiendra au Radio City Musical Hall le 11 juin prochain, voici le compte-rendu d’un récent voyage à New York d’une partie de notre équipe. Une occasion pour nous de découvrir certaines nouveautés de cette saison, dont des spectacles ayant reçu des nominations pour les Tony Awards, mais aussi l’opportunité de revoir quelques classiques de Broadway. Embarquez avec nous direction New York City ! 


  1. NOUVEAUTÉS NON NOMINÉES AUX TONY AWARDS
  2. NOUVEAUTÉS NOMINÉES AUX TONY AWARDS
  3. REPRISES NOMINÉES AUX TONY AWARDS
  4. TOUJOURS À L’AFFICHE

 

Amélie, au Walter Kerr Theatre : nouveauté non nominée aux Tony Awards

Les critiques américaines n’ont pas été tendres avec Amélie, la comédie musicale inspirée du film de Jean-Pierre Jeunet avec Audrey Tautou et Matthieu Kassovitz. Le spectacle a d’ailleurs dû s’arrêter prématurément fin mai et n’a bénéficié d’aucune nomination aux Tony Awards dont les résultats seront dévoilés le 11 juin prochain

Phillipa Soo (Amélie)

Nous avons eu l’opportunité d’assister à l’avant-dernière représentation d’Amélie et le moins qu’on puisse dire c’est que les réactions du public ont été divisées entre la perplexité des uns et l’émerveillement des autres (lire notre critique ici pour en savoir plus). Notez que le musical, constitué d’un seul acte d’une heure et quarante minutes (un format peu courant dans les théâtres de Broadway), est librement inspiré du film, avec des nouvelles compositions sans rapport avec les musiques de Yann Tiersen composées pour le film.

Anastasia, au Broadhurst Theatre : nouveauté nominée aux Tony Awards

Nous vous en parlions récemment : adapté du dessin animé produit par la Fox Company, Anastasia, le musical est à l’affiche depuis fin mars 2017 à New York City. Au Broadhurst Theatre à Broadway, le spectacle remporte un franc succès public grâce à la popularité du dessin animé et de ses chansons qui ont marquées toute une génération. Doté d’une distribution de haut vol jusque dans les seconds rôles (Mary Beth Peil est d’ailleurs nommée aux Tony Awards pour son interprétation de la grand-mère d’Anastasia), Anastasia touche en plein coeur les férus de contes de fée malgré des changements notables par rapport au dessin animé.  

L’ordre des chansons a évolué (« Journey to the Past » clôture par exemple le premier acte), les personnages de Raspoutine et de Bartok ont été remplacés par un révolutionnaire russe incarné par Ramin Karimloo (Love Never Dies, Les Misérables) et de nombreuses chansons ont été ajoutées, tout aussi belles que les originales (« In my dreams », « A crowd of thousands », « Land of Yesterday » ou encore « We’ll go from there » valent toutes le détour !). On souhaite à ce spectacle qui nous a beaucoup touché, de rester longtemps à l’affiche à Broadway, bien que le succès critique n’ait pas totalement été au rendez-vous.

Bandstand, au Bernard B. Jacobs Theatre : nouveauté nominée aux Tony Awards

Sans être le meilleur spectacle de Broadway à l’affiche actuellement, Bandstand est un musical jazzy à la chorégraphie remarquable, aux orchestrations puissantes et avec un message fort sur les vétérans d’Amérique. Comme nous vous l’indiquions dans notre critique du spectacle, cela vaut le coup d’aller le voir rien que pour la performance éblouissante de Laura Osnes (notamment sur son solo « Welcome home ») et de Corey Cott, son partenaire de scène.

Come from away, au Gerald Schoenfeld Theatre : nouveauté nominée aux Tony Awards

Que dire de Come from away ? Ce nouveau musical est un vrai bijou et mérite largement ses nombreuses nominations aux Tony Awards dans toutes les catégories majeures. Come from away raconte la semaine qui suit les événements terroristes du 11 septembre 2001 dans la petite ville de Gander, à Terre-Neuve au Canada, où 38 avions ont été re-routés de manière inattendue alors que l’espace aérien américain était fermé.


Nommée aux Tony Awards pour le rôle d’une pilote d’avion, Jenn Colella a toutes ses chances de remporter un trophée malgré la rude concurrence de cette année. Au delà de sa prestation individuelle au service d’un propos cher aux New-Yorkais, c’est la performance d’acteurs des 12 membres de la troupe de Come from Away qui vaut à elle seule le détour, tant leur coordination et complicité sont exemplaires. Notons que, tout comme Amélie, ce spectacle est du format peu courant d’un unique acte d’environ une heure quarante. 

Dear Evan Hansen, au Music Box Theatre : nouveauté nominée aux Tony Awards

Créé en 2015 à Washington, le musical Dear Evan Hansen a fait ses débuts Off-Broadway à guichets fermés début 2016 pour ouvrir officiellement en novembre 2016 sous des critiques dithyrambiques. L’histoire est à la fois moderne, incroyablement touchante et drôle en même temps : une vraie perle (lire notre critique ici) !

Dear Evan Hansen
Ben Platt incarne son personnage à la perfection. Son grain de voix exceptionnel et son émotion à fleur de peau en font notre favori pour les Tony Awards 2017. Outre sa distribution et sa musique exceptionnelle, Dear Evan Hansen propose une mise en scène originale de par son plateau presque vide mais parfois entièrement remplie de projections de réseaux sociaux, de vidéos ou de photos.

Groundhog Day, à l’Auguste Wilson Theatre : nouveauté nominée aux Tony Awards

Arrivant à Broadway déjà couronné par les Olivier Awards, le musical Groundhog Day se trouve aussi bien placé au niveau des Tony Awards avec sept nominations. C’est la deuxième comédie musicale écrite par Tim Minchin, l’auteur d’un des plus grands succès de ces dernières années, Matilda.

Sujet assez non orthodoxe pour un musical avec des décors et costumes traités en mode « cartoon », Groundhog Day ne déçoit pas même si le propos est un peu long, le deuxième acte notamment mériterait d’être un peu raccourci. Sans être un chef d’œuvre (lire notre critique ici), Groundhog Day est un musical à gros budget, intelligent et centré autour d’une performance « tour de force » d’Andy Karl qui vaut à elle seule le détour.  

Natasha, Pierre & The Great Comet of 1812, à l’Imperial Theatre : nouveauté nominée aux Tony Awards

Natasha, Pierre & The Great Comet of 1812 fait partie de ces musicals inclassables qui ne convaincront pas tout le monde. Dès les premières notes, vous embarquerez quoiqu’il en soit pour un voyage extraordinaire en Russie dans un cabaret excentrique, interactif et dynamique. Aucun dialogue ne sera parlé car l’intégralité du spectacle est en musique et basée sur la cinquième partie du second volume de « Guerre et Paix » de Tolstoï,
Josh Groban (Pierre) fait ses débuts à Broadway dans un rôle aussi touchant qu’éclectique tout comme Denée Benton qui offre une prestation tout en émotion dans le rôle de Natasha. Ils sont d’ailleurs tous les deux nommés aux Tony Awards pour des prix d’interprétation. La scène de l’Opéra et du Bal sont autant de moments radicalement différents à la mise en scène incroyable qui font passer cette comète dans plusieurs styles musicaux et visuels (pour en savoir plus, lire notre critique ici).

War Paint, au Nederlander Theatre : nouveauté nominée aux Tony Awards

Au milieu d’une saison particulièrement riche à Broadway, War Paint tire son épingle du jeu avec son affiche prestigieuse. Deux des plus grandes divas de notre époque, Patti LuPone et Christine Ebersole, se sont réunies pour un spectacle haut en couleurs qui raconte la rivalité entre deux des pionnières de l’industrie cosmétique, Elizabeth Arden et Helena Rubinstein. Ces deux femmes ont révolutionné le monde du maquillage, que ce soit dans la composition ou le marketing.

Visuellement, on assiste à un spectacle somptueux. On comprend facilement les nominations aux Tony Awards des décors et des costumes. C’est coloré, brillant, sans que ça ne vire à l’écœurement. À cet égard, le numéro d’ouverture  »Behind the Red Door » est une réussite. Cependant, même si l’on passe un agréable moment, on doute que ce spectacle survive au départ de Christine Ebersole et de Patti Lupone. Un  »revival » dans quelques années semble également peu probable, tant le spectacle semble écrit autour des capacités des deux stars. Mais on peut toujours s’amuser à imaginer ce que pourrait donner une version avec Audra McDonald et Sutton Foster dans vingt ans !

Sunset Boulevard, au Palace Theatre : reprise nominée aux Tony Awards

Créée à Londres en 1993 avec Patti LuPone dans le rôle de Norma Desmond, Sunset Boulevard est inspiré du film éponyme de Billy Wilder sorti en 1950. L’œuvre dont la musique est signée Andrew Lloyd Webber (The Phantom of the Opera ; Cats), avec un livret de Don Black et Christopher Hampton, avait alors remporté les Tony Awards pour la meilleure comédie musicale, meilleure partition et meilleur livret.  L’histoire est celle d’une ancienne vedette du cinéma délaissée par son public, qui vit dans une villa décrépie sur Sunset Boulevard et qui ne vit que dans l’espoir de réapparaître un jour sur les grands écrans. L’arrivée fortuite un jour dans sa maison d’un jeune scénariste désargenté va faire renaître cet espoir.

Plusieurs aspects de cette production de Sunset Boulevard à Broadway marquent les esprits : bien sûr, la prestation remarquable de Glenn Close est avant tout à mentionner, mais il ne faut pas non plus oublier l’impressionnant orchestre qui occupe presque toute la scène du Palace Theatre et donne au spectacle une puissance dramatique bienvenue. Rappelons que le spectacle sera adapté pour la première fois en français à Bruxelles, à l’occasion des 25 ans de Sunset Boulevard en 2018.

Chicago, à l’Ambassador Theatre : toujours à l’affiche

La palme de la déception revient à Chicago qui ne mérite peut-être plus de rester à l’affiche à Broadway dans l’état où il nous a été présenté. Le spectacle en lui-même reste efficace grâce à l’omniprésence de l’orchestre sur scène et aux indémodables musiques de Kander & Ebb mais subit cruellement le manque de charisme et d’enthousiasme du duo phare Velma Kelly – Roxy Hart. 

La distribution est « vieillissante » et mériterait un grain de fraîcheur et de nouveauté pour surprendre. Chicago souffre en tout cas clairement de la comparaison avec ce qui se joue actuellement à New York. Cela reste néanmoins le musical américain le plus joué à Broadway qui attire une horde de touristes tous les soirs.

Hamilton, au Richard Rodgers Theatre : le phénomène

Enfin ! Presque deux ans après son arrivée à Broadway, nous avons pu découvrir Hamilton, ce phénomène de société qui fascine toujours autant avec une salle comble chaque soir. La première force d’Hamilton est que le spectacle en lui-même est d’une telle puissance que la distribution importe peu tant la qualité des musiques et du livret est excellente. 
Il faudra néanmoins être patient si vous voulez avoir la chance d’applaudir Hamilton sur scène car les réservations sont complètes pour le moment à New-York jusqu’à début mars 2018 (sauf si vous êtes prêts à débourser 849$ pour une place premium, voire encore plus sur le marché parallèle).

Kinky Boots, à l’Al Hirschfeld Theatre : le succès des bottes et des paillettes se prolonge

Récompensé du Tony Award du meilleur musical en 2013, Kinky Boots est avant tout une histoire d’amitié entre deux hommes que tout semble opposer. Le spectacle met en scène le destin de Charlie Price qui se voit obligé de reprendre l’entreprise familiale de chaussures de luxe à la suite de la mort de son père. Alors qu’il tente de trouver ne nouvelle stratégie pour sauver l’entreprise, il rencontre Lola, Drag Queen, qui ne jure que par les talons aiguilles et les cuissardes sexy. Le nouveau concept est alors tout trouvé, la fabrique de chaussures réalisera désormais des bottes aux talons vertigineux pour hommes ! 

Quand nous avons découvert le spectacle à Londres début 2016, le rôle principal était interprété par Killian Donnelly que nous avons retrouvé à l’affiche à Broadway. Fatigué vocalement, il ne nous a pas transcendé par son interprétation qui n’est certes pas aidée par la faiblesse du livret de Kinky Boots. Reste que le spectacle est très divertissant dans son ensemble et devrait subir un « lifting » bienvenu avec l’arrivée de Brendon Urie en tête d’affiche, qui a déjà permis à Kinky Boots d’enregistrer une hausse de la vente de ses billets de 40%.

Mary Poppins, au Paper Mill Playhouse Theatre dans le New Jersey

Bien que très attendu en France par les passionnés de Disney et de comédie musicale, l’arrivée de Mary Poppins à Paris n’est toujours pas d’actualité. C’est donc avec beaucoup d’impatience et d’attentes que nous avons pris le train pour le New Jersey, à moins d’une heure de train de la ville de New York, pour découvrir une toute nouvelle production de Mary Poppins au Papermill Playhouse Theatre. C’est là qu’on avait déjà pu découvrir une exceptionnelle version du Bossu de Notre-Dame (avec Michael Arden dans le rôle de Quasimodo) qui ne verra malheureusement pas le jour à Broadway, en raison de coûts de production trop élevés.


Par comparaison à la version originale de Broadway et à celle plus récente de Montréal, cette production Off-Broadway s’appuie sur une distribution de qualité (Elena Shaddow, Mark Evans et Jill Paice sortent du lot !) et sur une mise en scène formidable sur certains numéros, en particulier « Supercalifragilisticexpialidocious! » qui voit les artistes manipuler des pancartes de lettres avec une virtuosité et une rapidité bluffantes. Le décor de la maison et les « tours de magie » de Mary Poppins ne sont pas aussi impressionnants qu’à Montréal et à Broadway et la séquence somptueuse où la nounou vole au dessus du public est littéralement absente du spectacle. Il n’en reste pas moins que la production de Mary Poppins au Papermill Playhouse est d’excellente facture et mérite largement le voyage si vous êtes de passage à New York.

Pacific Overtures, au Classic Stage Company Theatre : reprise off-Broadway

Sur un livret écrit par John Weidman (Assassins ; Road Show), des musiques et des paroles de Stephen Sondheim, Pacific Overtures est une fresque historique relatant les changements géopolitiques de l’Empire Nippon entre les années 1850 et 1880. Cette version Off-Broadway réduite à un acte unique est proposée dans le petit théâtre du Classic Stage Company, avec 10 acteurs sans ensemble (lire notre critique ici). 

Les comédiens réalisent un vrai coup de maître en interprétant tous de nombreux personnages avec cohésion, alors qu’ils ne s’aident pas de costumes différents ou de changements d’accessoires.  George Takei (Star Trek), qui nous avait convaincu l’année dernière dans Allegiance, une autre fresque historique d’un autre conflit nippo-américain, impose sa présence sur scène par sa sérénité. Notons aussi la performance d’Ann Harada, déjà vue dans la distribution originale d’Avenue Q.

Waitress, au Brooks Atkinson Theatre : prolongations, avec Sara Bareilles à l’affiche et bientôt Betsy Wolfe

Inspiré d’un film d’Adrienne Shelly de 2007, Waitress raconte l’histoire de Jenna, une serveuse pas vraiment heureuse dans son couple,  qui soudainement tombe enceinte de son mari mais également sous le charme de son gynécologue. Quand elle découvre l’existence d’une compétition de tartes qui lui permettrait de gagner suffisamment d’argent pour changer de vie, Jenna décide de mettre la main à la pâte.


Le livret et la musique sont signés Sara Bareilles, chanteuse pop ayant de nombreux singles à succès (surtout outre-Atlantique). Ses chansons parfois légères et funs, tantôt dramatiques et touchantes, sont de petites pépites magnifiquement interprétées par une distribution aux petits oignons (lire notre critique ici).  Sara Bareilles elle-même brille dans le rôle principal de Jenna, initialement incarnée par Jessie Mueller. Elle nous a agréablement surpris par son excellent niveau d’interprétation et au vu de sa popularité auprès des spectateurs, on espère la revoir prochainement à Broadway si son agenda surchargé le permet.

Wicked, au Gershwin Theatre : toujours triomphant 

A l’aube de ses 15 ans à Broadway, Wicked n’a pas pris une ride grâce à une distribution qui reste au top malgré la présence à l’affiche de quelques « vétérans » du spectacle. Dans les rôles principaux d’Elphaba et Glinda, on retrouve en effet les irréprochables Jennifer DiNoia (We Will Rock You) et Kara Lindsay (Newsies) qui ont eu l’occasion de jouer dans d’autres productions du spectacle depuis 2003 (!). Les personnages secondaires de Nessarose, Fiyero, du Magicien et de Madame Morrible palissent en revanche de la comparaison avec les distributions que nous avons pu voir auparavant à Londres ou à Broadway (Aaron Tveit, Katie Rowley Jones ou encore Jayne Houdyshell, d’ailleurs nommée cette année aux Tony Awards dans la catégorie meilleure interprète de théâtre).


Nul besoin de connaître en détail l’histoire du film « Le Magicien d’Oz » pour apprécier le spectacle, bien que de nombreuses références y soit faites. Pour ceux qui découvrent Broadway, Wicked est en tout cas une très bonne première immersion dans le monde de la comédie musicale grâce à ses chansons attractives et à sa magnifique scénographie qui plonge le spectateur dans le monde magique et merveilleux d’Oz. 
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